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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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demi comme ici dedans, affirma Pauline.
     
    — Il y a personne
qui va décider pour moi, déclara la veuve d'une voix qui ne supportait pas la
contradiction. Ça va faire presque quarante ans que je vis ici. J'ai pas
pantoute l'intention d'aller rester ailleurs.
     
    — Mais vous aurez
plus besoin de l'écurie en arrière, dit Armand après avoir jeté un regard de
reproche à sa femme.
     
    — Ça deviendra un
deuxième hangar.
     
    — Nous autres, on
pensait que vous viendriez rester chez nous, reprit Pauline, remplie de bonnes
intentions.
     
    — T'es ben fine,
mais je me vois pas pantoute aller rester chez vous. Vous avez deux enfants et
j'ai mes habitudes.
     
    — Si ça fait
votre affaire, m'man, vous pouvez venir rester chez nous, proposa Bernard. Il y
a de la place en masse.
     
    — Merci, mais
j'aime mieux rester ici dedans. J'ai trop de souvenirs dans la maison. Ici, je
suis à ma place. Je m'ennuierais si j'allais vivre ailleurs.
     
    Laurette ne fit
aucune proposition, sachant pertinemment qu'elle manquait déjà cruellement
d'espace. De toute
     
    manière, elle
connaissait assez sa mère pour savoir que son offre aurait été refusée, comme
celles de ses frères.
     
    — En tout cas,
m'man, on sera toujours là si vous changez d'idée, reprit Armand.
     
    Annette remercia
ses enfants et ses brus et, après une petite collation, on se mit au travail
pour nettoyer l'appartement qui avait accueilli beaucoup de visiteurs durant
les derniers jours.
     
    Trois jours plus
tard, Laurette apprit que Coco et la voiture de son père avaient trouvé un
acquéreur. Cette nouvelle lui arracha de nouvelles larmes. C'était comme si une
autre partie de son père venait de disparaître définitivement.
     
    Le dimanche
suivant, les Morin rendirent visite à Annette, bien décidés à perpétuer une
tradition familiale qui durait depuis de nombreuses années. Armand, Pauline et
leurs deux filles, de même que Bernard et Marie-Ange, s'étaient aussi déplacés.
Le deuil récent avait encore resserré les liens entre les membres de la
famille. Avant toute chose, tous désiraient protéger Annette de la solitude, et
les enfants, avec leurs jeux et leurs questions incessantes, y étaient pour
beaucoup.
     
    Chapitre 29
     
    Un été bien
ordinaire
     
    :
     
    r    V
     
    Rapidement,
Laurette chercha à s'étourdir et à oublier sa peine en se lançant dans son
grand ménage du printemps.
     
    Dès le
surlendemain de l'enterrement, les figures s'allongèrent autour de la table
quand elle apprit aux siens sa décision de commencer à nettoyer l'appartement
de fond en comble le jour même. Les enfants savaient par expérience que leur
mère ne manquerait pas de les mettre largement à contribution dès leur retour
de l'école, ce qui était loin de leur plaire. Le père de famille n'était guère
plus enthousiaste que ses enfants.
     
    — T'aimes pas
mieux attendre une semaine ou deux ? lui demanda Gérard en finissant de
déjeuner. Il me semble que tu serais ben mieux de t'occuper un peu de ta mère.
     
    — Laisse faire ma
mère. Je suis capable de m'en occuper et de faire mon ménage en même temps, le
rembarra Laurette. C'est pas en passant mes journées sur la rue Champagne que
ça va nous décrotter. Ici dedans, les vitres sont tellement sales qu'on voit
quasiment plus dehors.
     
    Elle savait
pertinemment que son mari ne cherchait qu'une excuse pour remettre à plus tard
tout le travail qui l'attendait. Vider les tuyaux du poêle et de la fournaise,
enlever les contre-fenêtres pour les remplacer par les
     
    persiennes,
ranger le hangar et laver les plafonds n'avaient jamais été ses occupations
préférées.
     
    — En tout cas,
moi, je trouve qu'il est encore pas mal de bonne heure pour se lancer
là-dedans, dit-il sans grand espoir de la faire changer d'avis.
     
    — Pour toi, il
est toujours trop de bonne heure pour le grand ménage. Verrat, je te demande
pas de peinturer! On a juste à laver
     
    — Il manquerait
plus que ça., rétorqua Gérard, mis de mauvaise humeur par les projets de sa
femme. Ça fait même pas deux ans qu'on a peinturé partout.
     
    — Je t'avertis,
Gérard. Tu me poigneras pas à laver des murs et des plafonds en pleine chaleur,
le prévint-elle, l'air farouche. On est en avril, c'est le temps d'y voir avant
qu'il fasse trop chaud. On reste peut-être pas dans un bel appartement comme
celui de ta sœur, mais on n'est pas des cochons. On est capables de

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