Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Des souris et des hommes

Des souris et des hommes

Titel: Des souris et des hommes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: John Steinbeck
Vom Netzwerk:
hurla-t-il. Il n'est plus dans mon sac.
    Curley le
suivait, et Curley portait un fusil dans sa main valide. Curley avait repris
son calme.
    — On
y est, les gars ? dit-il. Le nègre a un fusil. Prends-le, Carlson. Quand
tu l'apercevras, n' le laisse pas échapper. Fous-lui une balle dans les
tripes. Ça l' fera plier en deux.
    Whit très
agité dit :
    — Moi,
j'ai pas de fusil.
    Curley dit :
    — Toi,
t'iras à Soledad chercher la police. Amène Al Wilts, l'assistant du shérif.
Allons, en route.
    Soupçonneux,
il se tourna vers George :
    — Tu
viens avec nous, mon garçon ?
    — Oui,
dit George. J'irai. Mais écoute, Curley. Le pauvre bougre est cinglé. Faut pas
le tuer. Il n' savait pas ce qu'il faisait.
    — Pas
le tuer ? cria Curley. Il a volé le Luger de Carlson. Tu parles si on va
le tuer.
    George dit
mollement :
    — Carlson
l'a peut-être perdu, son Luger.
    — J’l'ai
vu ce matin, dit Carlson. Non, non, on me l'a volé.
    Slim
regardait la femme de Curley. Il dit :
    — Curley...
tu ferais peut-être mieux de rester avec ta femme.
    La face de
Curley s'empourpra :
    — J’veux
y aller, dit-il. J’veux lui crever les tripes, moi-même, à ce grand enfant de
putain, quand même que j'aie qu'une main. C'est moi qui l'aurai.
    Slim se
tourna vers Candy :
    — Alors,
c'est toi, Candy, qui vas rester avec elle. Nous autres, on ferait mieux de
partir.
    Ils se
mirent en marche. George s'arrêta un instant auprès de Candy, et tous les deux
contemplèrent la fille morte. Mais Curley appela :
    — Hé,
George, reste avec nous, qu'on voie que tu y as pas mis la main.
    George les
suivit lentement, et il traînait les pieds, lourdement.
    Et quand
ils furent partis, Candy s'accroupit dans le foin et regarda le visage de la
femme de Curley.
    — Le
pauvre bougre ! dit-il doucement.
    Le bruit
des hommes s'évanouit. L'écurie s'obscurcissait peu à peu, et, dans leurs
stalles, les chevaux frottaient les pieds et faisaient cliqueter leurs licous.
Le vieux Candy se coucha dans le foin et se couvrit les yeux avec son bras.

 
     
     
     
     
     
     
    VI
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    Dans cette
fin d'après-midi, l'eau de la Salinas dormait, profonde, tranquille et verte.
Déjà le soleil avait quitté la vallée et escaladait les versants des monts
Gabilan, et les sommets étaient tout roses de soleil. Mais, près de l'eau dormante,
parmi les sycomores madrés, tout se trouvait baigné dans une ombre plaisante.
    Un serpent
d'eau remontait mollement la rivière. Sa tête, comme un petit périscope,
tournait de droite et de gauche, et il traversa le bassin d'eau dormante dans
toute sa longueur pour venir se jeter dans les pattes d'un héron qui guettait,
immobile, là où l'eau n'était pas profonde. Une tête et un bec s'élancèrent
sans bruit et saisirent le serpent, et le bec l'avala par la tête tandis que la
queue s'agitait, éperdue.
    Une rafale
se fit entendre au loin et le coup de vent fouetta le haut des arbres comme une
vague. Les feuilles des sycomores montrèrent leur côté argenté. Par terre, les
feuilles mortes coururent sur quelques mètres. Et, coup sur coup, de légères
risées froissèrent la surface de l'eau verte.
    Le vent
tomba aussi vite qu'il s'était levé, et la clairière redevint silencieuse.
Immobile, le héron attendait. Un autre petit serpent remonta la rivière,
tournant de droite et de gauche sa tête en petit périscope.
    Soudain,
Lennie déboucha des fourrés. Il avançait, furtif comme un ours qui rampe. Le
héron battit l'air de ses ailes, puis, d'une secousse, il sortit de l'eau et
s'enfuit, survolant la rivière. Le petit serpent disparut parmi les roseaux de
la rive.
    Lennie s'approcha
tranquillement du bord de l'eau. Il s'agenouilla et se mit à boire, effleurant
à peine l'eau de ses lèvres. Quand, derrière lui, les feuilles sèches
craquèrent au passage d'un petit oiseau, il releva la tête brusquement, et il
resta les yeux fixes et l'oreille tendue jusqu'à ce qu'il eût aperçu l'oiseau.
Alors il laissa retomber sa tête et se remit à boire.
    Quand il
eut fini, il s'assit sur la rive, de biais, afin de pouvoir surveiller l'entrée
du sentier. Il prit ses genoux dans ses deux mains et posa son menton sur ses
genoux.
    La lumière
montait, quittait le fond de la vallée, et, en même temps, le sommet des
montagnes paraissait s'embraser d'une lueur grandissante.
    Lennie dit
doucement :
    — J'ai
pas oublié, tu

Weitere Kostenlose Bücher