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Des souris et des hommes

Des souris et des hommes

Titel: Des souris et des hommes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: John Steinbeck
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Il m'a dit qu'il me ferait faire du cinéma.
Il m'a dit que j'étais née actrice. Dès son retour à Hollywood, il devait
m'écrire.
    Elle
regarda Lennie de tout près, pour voir si elle l'impressionnait.
    — J'ai
jamais reçu la lettre, dit-elle. J'ai toujours eu dans l'idée que ma mère
l'avait chipée. Bref, j'allais pas rester dans un trou où j'arriverais à rien,
où j’pourrais pas m' faire un nom, et où on me volait mes lettres. J’lui
ai demandé si c'était elle qui me l'avait volée, et elle m'a dit que non.
Alors, j'ai épousé Curley. J’l'avais rencontré, ce même soir, au Riverside
Dance Palace.
    Elle
demanda :
    — Tu
m'écoutes ?
    — Moi !
Bien sûr.
    — J'ai
encore jamais raconté ça à personne. J’devrais peut-être pas. Je n'aime pas
Curley. C'est un mauvais garçon.
    Et parce
qu'elle s'était confiée à lui, elle se rapprocha de Lennie et s'assit près de
lui.
    — J'aurais
pu faire du cinéma, et avoir de belles toilettes... toutes ces jolies toilettes
qu'elles portent. Et j'aurais pu m'asseoir dans ces grands hôtels, et on aurait
tiré mon portrait. Le premier soir qu'on aurait passé les films, j'aurais pu y
aller, et j'aurais parlé à la sans-fil, et ça n' m'aurait pas coûté un
sou, parce que j'aurais joué dans le film. Et toutes ces belles toilettes
qu'elles portent. Parce que le type m'a dit que j'étais née actrice.
    Elle leva
les yeux vers Lennie et elle esquissa un grand geste du bras et de la main pour
montrer qu'elle pouvait jouer. Ses doigts suivaient son poignet conducteur, le
petit doigt noblement séparé des autres.
    Lennie
poussa un profond soupir. Au-dehors, un fer tinta sur le métal et des
acclamations s'élevèrent.
    — Y
en a un qu’a encerclé la fiche, dit la femme à Curley.
    La lumière
changeait maintenant que le soleil baissait, et les rais de soleil escaladaient
le mur, tombaient sur les râteliers et au-dessus de la tête des chevaux.
    Lennie dit :
    — Peut-être
bien que si j'allais jeter ce petit chien dehors, George ne s'en apercevrait
pas. Et alors, j’n'aurais plus de difficultés pour soigner les lapins.
    La femme
de Curley s'écria, en colère :
    — Tu
n' peux donc pas penser à autre chose qu'à ces lapins ?
    — On
aura une petite ferme, expliqua Lennie patiemment. On aura une maison et un
jardin, et un carré de luzerne, et cette luzerne sera pour les lapins, et je
prendrai un sac, et je le remplirai de luzerne, et puis je l'apporterai aux
lapins. Elle demanda :
    — Pourquoi
donc que t’aimes tant les lapins ?
    Lennie dut
réfléchir longuement avant d'arriver à une conclusion. Prudemment, il
s'approcha d'elle, jusqu'à la toucher.
    — J'aime
caresser les jolies choses. Un jour, à la foire, j'ai vu de ces lapins à longs
poils. Et ils étaient jolis, pour sûr. Des fois même, j’caresse des souris,
mais c'est quand j’peux rien trouver de mieux.
    La femme
de Curley se recula un peu.
    — J’crois
que t’es piqué, dit-elle.
    — Non,
j’suis pas piqué, expliqua Lennie consciencieusement. George dit que j’le suis
pas. J'aime caresser les jolies choses avec mes doigts, les choses douces.
    Elle était
un peu rassurée.
    — Tout
le monde est comme ça, dit-elle. Tout le monde aime ça. Moi, j'aime toucher la
soie et le velours. Est-ce que t’aimes toucher le velours ?
    Lennie
gloussa de plaisir :
    — Vous
parlez, bon Dieu ! s'écria-t-il avec joie. Et même que j'en ai eu un
morceau. C'est une dame qui me l'avait donné, et cette dame, c'était ma tante
Clara. Elle me l'a donné, à moi, un morceau grand comme ça, à peu près. J’voudrais
bien l'avoir, ce velours, en ce moment même.
    Sa figure
se rembrunit.
    — J’l'ai
perdu, dit-il. Y a bien longtemps que j’l'ai pas vu.
    La femme
de Curley se moqua de lui :
    — T’es
piqué, dit-elle. Mais t’es gentil tout de même. On dirait un grand bébé. Mais,
on peut bien voir ce que tu veux dire. Quand je me coiffe, des fois, je me
caresse les cheveux, parce qu'ils sont si soyeux.
    Pour
montrer comment elle le faisait, elle passa ses doigts sur le haut de sa tête.
    — Y a
des gens qui ont des gros cheveux raides, continua-t-elle avec complaisance,
Curley, par exemple. Ses cheveux sont comme des fils de fer. Mais les miens
sont fins et soyeux. C'est parce que je les brosse souvent. C'est ça qui les
rend fins. Ici... touche, juste ici.
    Elle prit
la main de Lennie et la plaça sur sa tête.
    — Touche
là, autour, tu verras comme

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