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Des souris et des hommes

Des souris et des hommes

Titel: Des souris et des hommes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: John Steinbeck
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Lennie. T’es pas un type à faire ça.
    George
resta silencieux.
    Lennie dit :
    — George ?
    — Quoi ?
    — J'ai
encore fait quelque chose de mal.
    — Ça
ne fait rien, dit George.
    Et le
silence retomba.
    Il n'y
avait plus que l'extrême crête des montagnes qui fût maintenant au soleil. Dans
la vallée, l'ombre était douce et bleue. Des voix d'hommes qui s'interpellaient
retentirent au loin. George tourna la tête et écouta les cris.
    Lennie dit :
    — George.
    — Quoi ?
    — Tu
n' vas pas m'engueuler ?
    — T'engueuler ?
    — Mais
oui, comme t'as déjà fait. Comme ça, tu sais bien : « Si j’t'avais
pas avec moi, j’prendrais mes cinquante dollars... »
    — Sacré
nom de Dieu, Lennie ! Tu te rappelles rien de ce qui se passe, mais tu te
rappelles chaque mot que je dis.
    — Alors,
tu vas pas le dire ?
    George se
secoua et dit avec raideur :
    — Si
j'étais seul, la vie serait si facile.
    Il parlait
d'une voix blanche, monotone.
    — J’pourrais
me trouver du travail et j'aurais jamais d'embêtements.
    Il
s'arrêta.
    — Continue,
dit Lennie... Et, à la fin du mois...
    — Et
à la fin du mois, j’prendrais mes cinquante dollars et j’m'en irais... au
claque...
    Il
s'arrêta encore.
    Lennie le
regardait avec passion :
    — Continue,
George. Tu n' veux plus m'engueuler ?
    — Non,
dit George.
    — Alors,
j’peux m'en aller, dit Lennie. J’vais m'en aller là-haut, dans la montagne, me
chercher une caverne si tu ne veux plus de moi.
    George se
secoua de nouveau :
    — Non,
dit-il. J’veux que tu restes ici, avec moi.
    Lennie dit
avec astuce :
    — Dis-moi,
comme t'as fait déjà.
    — Qu'est-ce
que tu veux que je te dise ?
    — La
différence entre nous et les autres types.
    George dit :
    — Les
types comme nous, ils n'ont pas de famille. Ils s' font un peu d'argent,
et puis ils le dépensent tout. Y a personne dans le monde pour se faire de la
bile à leur sujet...
    — Mais pas nous, s'écria Lennie tout heureux.
Raconte comment c'est pour nous.
    George
resta un instant tranquille :
    — Mais
pas nous, dit-il.
    — Parce
que...
    — Parce
que moi, j’t'ai et...
    — Et
moi, j’t'ai. On est là tous les deux à se faire de la bile l'un pour l'autre,
voilà ! s'écria Lennie, triomphant.
    La brise
du soir souffla légèrement sur la clairière et une risée courut sur l'eau
verte. Et, de nouveau, les voix des hommes retentirent, beaucoup plus près,
cette fois.
    George
enleva son chapeau. Il dit avec un frémissement dans la voix :
    — Enlève
ton chapeau, Lennie. Il fait bon.
    Lennie,
docile, enleva son chapeau et le posa par terre devant lui. Dans la vallée,
l'ombre se faisait plus bleue, et le soir tombait vite. Le vent leur apporta un
bruit de broussailles foulées.
    Lennie dit :
    — Raconte
comment ça sera.
    George
avait écouté les bruits lointains. Il sembla un instant parler en homme d'affaires.
    — Regarde
par-dessus la rivière, Lennie, et je vais te raconter si bien que tu pourras
presque le voir.
    Lennie
tourna la tête et regarda, par-dessus la rivière, les sombres pentes des monts
Gabilan.
    — On
aura une petite ferme, commença George.
    Il mit la
main dans la poche de son veston et en sortit le Luger de Carlson. Il enleva le
cran d'arrêt, et laissa main et revolver sur le sol, derrière Lennie. Il
regarda la nuque de Lennie, l'endroit où l'épine dorsale rejoignait le crâne.
    En amont,
une voix d'homme appela, et un autre homme lui répondit.
    — Va,
dit Lennie.
    George
leva le revolver, et sa main tremblait, et, de nouveau, il laissa retomber sa
main sur le sol.
    — Allons,
dit Lennie. Comment que ça sera ? On aura une petite ferme.
    — On
aura une vache, dit George. Et on aura peut-être bien un cochon et des
poulets... et, dans le champ... un carré de luzerne...
    — Pour
les lapins, hurla Lennie.
    — Pour
les lapins, répéta George.
    — Et
c'est moi qui soignerai les lapins.
    — Et
c'est toi qui soigneras les lapins.
    Lennie
gloussa de bonheur.
    — Et
on vivra comme des rentiers.
    — Oui.
    Lennie
tourna la tête.
    — Non,
Lennie. Regarde là-bas, par-dessus la rivière, c'est presque comme si on
pouvait la voir, notre ferme.
    Lennie
obéit. George baissa les yeux vers le revolver.
    Maintenant
on entendait des pas dans les fourrés. George se retourna et regarda dans leur
direction.
    — Continue,
George. Quand c'est-il qu'on pourra l'avoir ?
    — Bientôt.
    — Moi
et

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