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Dieu et nous seuls pouvons

Dieu et nous seuls pouvons

Titel: Dieu et nous seuls pouvons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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des chenapans et de la
rapière impressionna beaucoup Calzins qui ravala sa rancœur et désigna six
hommes pour l’accompagner.
    — N’oubliez pas le mât, la roue
et l’échelle. Prévoyez également une vaste bâche pour protéger l’échafaud en
cas de pluie.
    Sans répondre, Maître Calzins
rejoignit ses compagnons qui avaient attelé la plus grande des charrettes.
    Justinien ricana en les voyant
scrupuleusement tourner autour du dolmen avant de prendre le chemin de
Bellerocaille. Lui aussi, quelque temps auparavant, avait tourné et on ne
pouvait guère prétendre que cela lui eut porté bonheur.
    Il engloba d’un regard critique le
carrefour. C’était donc ici que l’on voulait le tenir à l’écart, parmi cette
lande de cailloux, de ronces et de chardons, sous l’œil permanent du bourg qui
surgissait du paysage à une demi-lieue seulement.
    Ne sachant que faire de Galine, il
le laissa dans la charrette et se borna à déharnacher le mulet qui alla paître
en compagnie de ses frères de race. L’exempt vint s’enquérir de la suite.
Justinien haussa les épaules avec philosophie.
    — Il faut attendre que ce
gâte-bois revienne avec le mât et la roue, le corps doit être replacé dessus.
Nous ne pourrons retourner au bourg avant.
    L’exempt s’installa avec ses hommes
sous la large pierre plate du dolmen, la seule ombre du périmètre, et prit son
mal en patience.
    L’attente promettant d’être longue,
Justinien s’assit sur l’un des tas de planches et commença à tripoter ses
pistolets. N’y tenant plus, il effraya tout le monde en les déchargeant sur les
corbeaux qui étaient revenus. Il les rata. L’exempt marcha vers lui pour le
réprimander d’une voix excédée.
    — Qu’est-ce qui vous
prend ? Vous ne savez donc pas qu’il est interdit de les tuer ?
    Il faisait allusion à l’ordonnance
baronniale protégeant les corbeaux, les corneilles et autres charognards qui
étaient considérés comme d’utiles équarrisseurs municipaux.
    — J’ai visé à côté. Vous pensez
bien que je les aurais trucidés sinon…, mentit-il en portant les canons à ses
narines en tilleul pour respirer la piquante odeur de poudre.
    — Il est également interdit de
les importuner en aucune façon. Monsieur le Baron ne veut pas qu’ils émigrent
en d’autres régions.
    Penaud, Justinien rangea ses armes.
L’exempt retourna sous le dolmen où ses hommes avaient commencé une partie de
lansquenet.
    Justinien tira son épée qu’il
examina du pas-d’âne au faible de la lame. Le nom de son auteur, Sebastián
Hernández, était damasquiné en petits filets d’argent sur le haut de celle-ci.
Faisant quelques pas, il fouetta l’air devant lui, séduit par le feulement de
l’acier. Les quelques leçons d’escrime reçues lui avaient été données par papa
Martin qui avait utilisé un gourdin pour l’initier à la technique du sabre
d’abordage, la seule qu’il connût.
    Il décapita quelques coquelicots,
puis s’en prit aux chardons. Bien que l’arme fût légère, son bras peu habitué
se lassa vite. Il essuya la lame contre sa manche et la rengaina avec prudence
dans son fourreau.
    Les voyageurs qui empruntaient le
carrefour venaient invariablement s’informer auprès des artisans des raisons de
ce remue-ménage. Certains alors filaient sans demander leur reste, d’autres au
contraire s’attardaient, allant jusqu’à déranger les corbeaux pour voir ce qui
les attirait dans cette charrette. L’un d’eux, un mercier de campagne, se
pencha par-dessus la ridelle et déchira un morceau de la chemise du mort.
    L’exempt l’admonesta de son dolmen.
    — Lâche ça, mauraud, et passe
ton chemin !
    Puis, se tournant vers Justinien qui
rêvassait sur son tas de planches, il lui lança :
    — Ce mort est le vôtre. C’est à
vous de le surveiller.
    Justinien s’approcha du colporteur
qui portait sa malle-boutique harnachée sur le dos.
    — Pourquoi faire une beuserie
pareille ? lui demanda-t-il en montrant le bout de tissu maculé de sang
qu’il tenait entre ses doigts.
    — Je connais des faiseurs de
talismans qui paient bien ce genre d’articles.
    — Dans ce cas, tu peux le
garder mais tu dois me payer un droit. Disons, euh, je ne sais pas, moi… disons
un droit de dix sols, et ce n’est pas cher.
    — Vérole de moine ! Dix
sols, mon fondement ! Pourquoi j’paierais-y donc pour un droit à un
méchant jean-foutre comme toi ?
    — Parce que je suis le

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