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Dieu et nous seuls pouvons

Dieu et nous seuls pouvons

Titel: Dieu et nous seuls pouvons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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bourreau
de Bellerocaille et que ce mort m’appartient.
    Le colporteur laissa tomber le bout
de chemise dans la charrette et s’éclipsa à toute vitesse sur la route de
Millau… pour réapparaître quelques instants plus tard et faire le tour du
dolmen qu’il avait oublié dans sa précipitation.
    Justinien revint à son tas de
planches en fredonnant : « Trois jeunes tambours s’en revenaient de
guerre…»
    — Et ri, et ran, rapataplan, se
gaussèrent en cœur les charpentiers en train d’assembler à quelque distance les
premiers piliers des fourches.
    Le jeune homme piqua d’abord un
fard, puis il vint se placer devant eux pour recharger, l’air de rien, ses
pistolets. Le chœur s’éteignit. Bientôt les corbeaux réapparurent sur les
ridelles de la charrette. Le temps passa.
     
    *
     
    Le corps de Galine ne s’y trouvant
plus, la place du Trou était vide de curieux quand arriva Maître Calzins et son
équipe pour entreprendre le démontage de l’échafaud. Les curieux réapparurent.
    Un pertuisanier sortit de la prévôté
et avisa le charpentier que le prévôt l’attendait dans son office.
    Foulques était d’humeur fracassante.
La visite du maître armurier Favaldou et de son extraordinaire mémoire de frais
l’avait éreinté (« Bien sûr que c’est très cher, votre bourreau ne s’est
pas contenté d’une Sebastián Hernández, il a également emporté une paire
d’arçons anglais à chenapans d’Herman Barne ! »).
    — Où en sont vos travaux,
Maître Calzins ?
    — Ils avancent bon train. Sans
intervention intempestive de la part de votre Monsieur l’Éxécuteur, nous serons
prêts à temps.
    — Brisons là ! Je vous
répète que ce garçon est désormais notre exécuteur, avec tous les droits
afférant à son état. Je vous conseille d’ailleurs de lire attentivement la
charte que nous venons de faire afficher et crier en ville. Étudiez le passage
sur le droit de havage et tenez-en compte lorsque vous rédigerez votre mémoire
de frais.
    — Qu’est-ce à dire ? Je ne
vous entends point, Monsieur le Prévôt.
    — Le baron vient de décider que
les dépenses considérables occasionnées par la création de ce nouvel office
seront en partie assurées par la guilde.
    La guilde était l’association des
artisans et marchands de Bellerocaille. Sa puissance était telle que le baron
Raoul ne pouvait lever un impôt sans la consulter.
    — Jamais la guilde ne votera
son accord.
    — Elle le votera quand lui sera
lu le décompte des bénéfices enregistrés depuis l’arrestation de Pierre Galine.
    L’appariteur entra dans l’office et
annonça la présence de l’aubergiste Sébrazac dans l’antichambre.
    — Que me veut-il encore ?
    — Je crois qu’il vient
présenter un mémoire de frais, Monsieur le Prévôt.
    — Qu’il attende.
    Foulques contourna son bureau et
s’approcha du charpentier qui regardait par la croisée ses compagnons démonter
l’escalier de l’échafaud.
    — Quand pensez-vous en avoir
terminé avec le logement de l’exécuteur ?
    — Demain après-midi, Monsieur
le Prévôt.
    — Combien de temps vous faut-il
pour monter votre échafaud ?
    — Trois heures environ.
    — Fort bien. Remontez-le aux
Quatre-Chemins. Il est suffisamment vaste pour abriter une compagnie de
dragons, il devra suffire de logement provisoire à notre exécuteur.
     
    *
     
    Assoupi contre le tas de planches,
Justinien rêvait qu’il venait d’embrocher Baldo en combat singulier et
s’apprêtait à faire subir un sort identique à Vitou (enchaînée à un arbre,
Mouchette attendait son tour) quand des bruits de roues sur le chemin le
réveillèrent. Il se releva, dessaoulé, la tête lourde. Son chapeau ayant glissé
durant son sommeil, sa joue gauche était cramoisie de soleil. Il vit la charrette
du charpentier pleine à ras bord arriver au carrefour, traînant dans son
sillage un cortège de curieux que la distance jusqu’aux Quatre-Chemins n’avait
pas découragés. Déjà certains s’approchaient de la carriole investie par les
corbeaux et louchaient vers la chemise du mort. Les corbeaux s’envolèrent.
L’exempt quitta son abri, ses hommes cessèrent leur jeu et prirent leurs
piques.
    Justinien s’approcha en massant ses
tempes douloureuses.
    — Arrière, mauvaises
gens ! Laissez ce mort en paix.
    On le reconnut, on s’écarta, mais de
quelques pas seulement, et comme il est dans l’âme de tout honnête homme de
frémir à la

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