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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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sa barbe mal taillée sur la natte en jonc tressé.
    « Oui, monsieur.
    — Ce renseignement m’aurait été plus utile que vos
ragots à propos de conciliabules au chapitre. Que s’est-il passé ? »
    Il me fixa, l’air effrayé.
    « Je n’ai pas cru que c’était important, monsieur. J’étais
venu travailler et j’ai trouvé le commissaire Singleton en train de consulter
un registre, en haut, dans le cabinet de travail du frère Edwig. Je l’ai
supplié de ne pas l’emporter ou, en tout cas, de me laisser noter la référence,
car autrement je savais que le frère Edwig serait mécontent contre moi. Quand
je l’ai informé à son retour, il m’a dit que j’aurais dû surveiller le
commissaire Singleton.
    — Donc, il était en colère.
    — Furieux, monsieur.
    — Connaissez-vous le contenu du registre ?
    — Non, monsieur. Je ne m’occupe que des registres du
bureau d’en bas. Je ne sais pas quels livres le frère Edwig détient au premier.
    — Pourquoi ne m’aviez-vous pas parlé de ça ? »
    Il se balança d’un pied sur l’autre.
    « J’avais peur, monsieur. J’avais peur que si vous
interrogiez le frère Edwig à ce sujet il comprenne que c’était moi qui vous l’avais
dit. Il est très sévère, monsieur.
    — Et vous, vous êtes un imbécile. Permettez-moi de vous
donner un conseil, mon frère. Un bon informateur doit être prêt à fournir des renseignements
même si cela le met en danger. Autrement, on ne lui fera pas confiance. Maintenant,
ôtez-vous de ma vue ! »
    Il s’enfuit en courant dans le corridor. Mark et moi nous
emmitouflâmes dans nos manteaux et sortîmes dans la tempête de neige. Je
parcourus du regard le cloître tout blanc.
    « Corbleu, quel temps épouvantable ! Je voulais qu’on
aille à cet étang à poissons, mais c’est impossible. Allez, rentrons à l’infirmerie ! »
    Tandis que nous regagnions cahin-caha notre chambre, je
remarquai que Mark avait l’air sombre et pensif. Nous trouvâmes Alice dans la
cuisine de l’infirmerie en train de préparer une décoction d’herbes aromatiques.
    « Vous avez l’air d’avoir froid, messieurs. Puis-je vous
apporter du vin chaud ?
    — Avec plaisir, Alice, répondis-je. Le plus chaud
possible. »
    De retour dans notre chambre, Mark prit un coussin et s’assit
devant l’âtre. Je m’installai sur le lit.
    « Jérôme sait quelque chose, dis-je à voix basse. Il n’est
pas impliqué dans le crime, car autrement il n’aurait pas juré devant Dieu, mais
il sait quelque chose. Son sourire énigmatique le laissait entendre.
    — La torture lui a tellement brouillé l’esprit que je ne
crois pas qu’il sache ce qu’il dit.
    — Si. Il est furieux et bourrelé de remords, mais il a
toute sa tête. »
    Mark fixa le feu.
    « Par conséquent, ce qu’il a dit sur Mark Smeaton est
vrai ? Lord Cromwell l’a torturé pour lui arracher de faux aveux ?
    — Non. » Je me mordis la lèvre. « Je n’en
crois pas un mot.
    — Vous refusez de le croire, murmura Mark.
    — Non ! Je ne crois pas non plus que lord Cromwell
ait été présent quand Jérôme a été torturé. C’est un mensonge. Je l’ai vu
durant les jours précédant l’exécution d’Anne Boleyn. Il se trouvait
constamment auprès du roi. Il n’aurait pas eu le temps de se rendre à la Tour. Et
il ne se serait pas comporté de la sorte. Cela ne lui ressemble pas. Jérôme a
inventé toute cette histoire. » Je m’aperçus que je serrais les poings
très fort.
    Mark ne me quittait pas des yeux.
    « Monsieur, cela ne vous a-t-il pas paru évident, d’après
le ton de sa voix, que Jérôme disait la vérité ? »
    J’hésitai. Il y avait eu un terrible accent de sincérité dans
le ton du chartreux. Il avait été torturé, bien sûr, cela sautait aux yeux. Mais
contraint de faire un faux serment par lord Cromwell lui-même ? Je ne
pouvais croire mon maître capable de cela, pas plus que je ne pouvais ajouter
foi au récit l’impliquant dans la torture de Mark Smeaton, la prétendue torture,
me disais-je. Je me passai les mains dans les cheveux.
    « Certains hommes sont passés maîtres dans l’art de
donner un accent de vérité à leurs affirmations mensongères. Je me rappelle un
homme que j’avais jadis fait juger. Il se disait orfèvre patenté et avait même
réussi à tromper la guilde…
    — Ce n’est guère la même chose, monsieur…
    — Je ne puis croire lord Cromwell capable d’élaborer

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