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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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courrier
d’affaires et lettres personnelles écrites par les moines. Vous avez demandé à
voir toute correspondance avant qu’elle soit expédiée.
    — Merci. Posez la sacoche sur la table. »
    Il hésita, se frottant nerveusement les mains.
    « Puis-je vous demander comment les choses se sont
passées en ville aujourd’hui ? Avez-vous fait des progrès ? Les
contrebandiers…
    — Quelques progrès. Les pistes semblent se multiplier, messire
l’abbé. J’ai aussi vu Jérôme cet après-midi.
    — J’espère qu’il n’a pas… pas été…
    — Oh ! il m’a de nouveau insulté, bien sûr. Je
crois qu’il faut qu’il reste dans sa cellule pour le moment. »
    L’abbé toussota.
    « J’ai reçu moi-même une lettre, dit-il d’un ton
hésitant. Je l’ai mise avec les autres. Elle émane d’un vieil ami, un moine de
Bisham. Il a des amis au prieuré de Lewes. Ils disent qu’ils négocient avec le
vicaire général les termes de la soumission. »
    Je fis un sourire ironique.
    « Les moines d’Angleterre possèdent leur propre réseau
de communication, il en a toujours été ainsi. Eh bien ! Votre Seigneurie, je
pense pouvoir affirmer que Scarnsea n’est pas la seule maison ignominieuse que
lord Cromwell trouve plus opportun de fermer.
    — Cette maison n’est pas ignominieuse, monsieur. »
Un léger tremblement était perceptible dans sa voix profonde.
    « Les choses se passaient très bien et dans le calme
jusqu’à l’arrivée du commissaire Singleton ! » Je plantai sur lui un
regard outragé. Il se mordit la lèvre, sa gorge se noua. Je m’aperçus alors que
j’avais affaire à un homme effrayé, frôlant la déraison. Je compris son
humiliation, son désarroi devant le violent ébranlement de tout son univers.
    Il leva la main.
    « Je suis désolé, messire Shardlake. Pardonnez-moi. Nous
traversons des moments difficiles.
    — Vous devriez cependant, Votre Seigneurie, surveiller
votre langage.
    — Je vous présente une nouvelle fois mes excuses.
    — Très bien. »
    Il reprit son calme.
    « Messire Goodhaps s’apprête à partir demain matin, monsieur,
après l’enterrement du commissaire Singleton. L’office nocturne va commencer
dans une heure, suivi de la veillée. Allez-vous y assister ?
    — Y aura-t-il une veillée commune pour les deux morts ?
Pour Simon Whelplay et le commissaire ?
    — Non. L’un était dans les ordres et l’autre laïque, les
offices seront distincts. Les frères se partageront entre les deux veillées.
    — Et vont veiller debout les deux corps, des bougies bénites
allumées, afin d’écarter les esprits malins ? »
    Il ne répondit pas tout de suite puis déclara :
    « C’est la tradition.
    — Une tradition désapprouvée par les « Dix articles
de la religion » du roi. Les bougies sont autorisées pour les morts
seulement en souvenir de la grâce de Dieu. Le commissaire Singleton n’aurait
pas voulu qu’on impute des pouvoirs surnaturels à ses bougies funéraires.
    — Je vais rappeler aux frères cette stipulation.
    — Quant aux rumeurs de Lewes… N’en parlez à personne. »
D’un signe de tête j’indiquai que l’entretien était terminé et il repartit. Je
le suivis du regard, perdu dans mes pensées.
    « Je pense que dorénavant c’est moi qui mène la barque »,
dis-je à Mark. Je fus secoué de frissons. « Mordieu ! que je suis
fatigué…
    — Il est presque à plaindre.
    — Tu penses que j’ai été trop dur ? Tu te rappelles
ses manières pompeuses le jour de notre arrivée ? Je dois affirmer mon
autorité. Ce n’est peut-être pas joli, mais c’est nécessaire.
    — Quand lui direz-vous comment est mort le novice ?
    — Je veux sonder la pièce d’eau demain, puis je
réfléchirai à ce que j’ai à faire ensuite. On peut aussi explorer les chapelles
latérales. Bon, maintenant il nous faut étudier ces lettres et les actes de
vente. Ensuite il faudrait faire une apparition à la veillée pour ce pauvre
Singleton.
    — Je n’ai jamais assisté à un office de nuit. »
    J’ouvris la sacoche et déversai sur la table un amas de
lettres et de parchemins.
    « On doit témoigner notre respect, mais je ne vais pas
participer à toute une nuit de momeries à propos du purgatoire. Tu verras, c’est
un spectacle bizarre. »
    **
    Il n’y avait rien de répréhensible dans le courrier. Les
lettres d’affaires étaient banales et concernaient l’achat de houblon pour

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