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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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de
fausses preuves contre Anne Boleyn. Tu oublies, Mark, que je le connais depuis
des années. Il a acquis son pouvoir grâce aux sympathies d’Anne Boleyn pour la
Réforme. Il était son protégé. Pourquoi aurait-il aidé à la faire tuer ?
    — Parce que c’était ce que voulait le roi et que lord
Cromwell ferait n’importe quoi pour garder son poste. C’est ce qu’on chuchote
aux Augmentations.
    — Non ! rétorquai-je d’un ton ferme. Il est dur, il
est obligé de l’être, vu les ennemis auxquels il doit faire face, mais aucun
chrétien ne pourrait se comporter ainsi envers un innocent, et, crois-moi, lord
Cromwell est un chrétien. Je le connais depuis des lustres… Sans lui, il n’y
aurait pas eu de Réforme. Ce moine pourri nous a tenu des propos félons. Et tu
as intérêt à ne pas les répéter hors de cette pièce. »
    Il fixa sur moi un œil dur et perçant. Pour la première fois,
son regard me mit mal à l’aise. Alice revint avec deux gobelets de vin fumant. Elle
m’en donna un en souriant puis échangea avec Mark un regard qui semblait
indiquer une plus grande intimité. Je ressentis la morsure de la jalousie.
    « Merci, Alice, dis-je. Voilà un grand réconfort ! Nous
venons de parler avec le frère Jérôme et nous avons bien besoin d’un remontant.
    — Vraiment, monsieur ? » Elle ne semblait
guère intéressée. « Je ne l’ai vu que quelques fois en train d’avancer
de-ci de-là en claudiquant. On dit qu’il est fou. » Elle fit la révérence
et repartit. Je me retournai vers Mark qui restait assis, les yeux fixés sur le
feu.
    « Monsieur, commença-t-il d’une voix hésitante, je
voudrais vous dire quelque chose.
    — Soit. Je t’écoute.
    — Quand nous rentrerons à Londres – si on sort jamais d’ici
– je ne souhaite pas retourner aux Augmentations. Ma décision est prise. Je ne
le supporte plus.
    — Tu ne supportes plus quoi ? Que veux-tu dire ?
    — La corruption, la cupidité. On est constamment harcelés
par des gens qui veulent savoir quels monastères sont sur le point de tomber. Ils
envoient des suppliques, débarquent dans nos bureaux en se prétendant parents
de lord Rich, promettent de servir fidèlement Rich ou Cromwell si on leur
accorde des terres.
    —  Lord Cromwell, Mark…
    — Et les chefs ne parlent que d’une chose : quel
sera le prochain courtisan à être décapité et qui recevra son poste. Ça me fait
horreur, monsieur.
    — Qu’est-ce qui te fait soudain parler ainsi ? Est-ce
ce qu’a raconté Jérôme ? As-tu peur de finir plus ou moins comme Mark
Smeaton ? »
    Il me regarda droit dans les yeux.
    « Non, monsieur. J’avais déjà tenté de vous dire ce que
je pense des Augmentations.
    — Écoute-moi, Mark. Je n’aime pas davantage que toi
certaines des choses qui ont lieu en ce moment. Mais… nous poursuivons un but
précis. Nous cherchons à créer un nouveau royaume, plus pur. » Je me levai
et me dressai au-dessus de lui, écartant les bras tout grands. « Les
terres monastiques, par exemple. Tu as constaté ce qui se passe ici… Ces moines
gros et gras se vautrant dans toutes les hérésies possibles concoctées par le
pape, vivant sur le dos de la ville, faisant des génuflexions et se prosternant
devant leurs idoles alors que, s’ils le pouvaient, ils commettraient des saletés
entre eux, avec la jeune Alice, ou avec toi. Tout ce mode de vie parvient à son
terme, et c’est heureux. C’est une abomination.
    — Certains d’entre eux ne sont pas de mauvaises
personnes. Le frère Guy…
    — L’institution est pourrie. Écoute… Si lord Cromwell
peut remettre ces terres au roi, eh bien ! oui, certaines seront données à
ses hommes liges. Cela fait partie du système de la protection, c’est ainsi que
fonctionne la société, c’est inévitable. Mais les sommes sont énormes et elles
permettront au roi de devenir indépendant du Parlement. Écoute… Tu es sensible
au sort des miséreux, n’est-ce pas ?
    — Oui, monsieur. C’est une honte. Partout des gens comme
Alice sont expulsés de leur terre, des hommes sans aveu mendient dans les rues…
    — Oui. C’est une honte, en effet. Lord Cromwell a essayé
de faire voter une loi par le Parlement l’année dernière pour vraiment secourir
les pauvres, installer des hospices pour ceux qui ne peuvent pas travailler et
mettre en œuvre de grands travaux pour les chômeurs, tels que la construction
de routes et le creusement de canaux.

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