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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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poitrine… J’étais
assis en face de cet homme, ses yeux brûlant du feu de l’enfer, car c’est le diable
qui regarde par eux… Comment pouvez-vous être face à face avec lui, commissaire,
et ne pas savoir ce qu’il est ?
    — Ne vous occupez pas de ça ! Continuez !
    — Votre maître, le grand et sage conseiller, a indiqué
le chevalet d’un signe de tête. « Nous verrons, a-t-il dit. Dans quelques
semaines Jeanne Seymour sera reine d’Angleterre. Le roi n’acceptera pas que le
cousin de son épouse refuse de prêter serment. Il ne veut pas non plus que
votre nom figure parmi ceux des hommes exécutés pour trahison. Dans les deux
cas, ce serait tout à fait gênant, frère Jérôme. Vous devez donc jurer ou on
vous y contraindra. » Et à nouveau il a désigné du menton le chevalet. Je
lui ai répété que je refusais de prêter serment, même si ma voix tremblait. Il
m’a fixé un instant, puis il a souri. « Je pense que si, a-t-il rétorqué. Messire
Kingston, je suis très pressé. Allongez-le ! »
    » Kingston a fait un signe de tête aux tortionnaires qui
m’ont hissé sur pied. Ils m’ont jeté si brutalement sur le chevalet que j’en ai
eu le souffle coupé. Ils m’ont lié pieds et poings, étirant mes bras au-dessus
de ma tête. » La voix de Jérôme devint un chuchotement. « Tout s’est
passé si vite. Aucun des tortionnaires ne disait mot.
    » J’ai entendu un craquement pendant qu’ils actionnaient
la roue et puis j’ai senti une douleur d’une violence inouïe dans les bras. Un
feu dévastateur. » Il s’interrompit, massant doucement son épaule brisée, les
yeux vides. Le souvenir de son supplice semblait lui avoir fait oublier notre
présence. À côté de moi, Mark s’agita.
    « Je hurlais. Je ne m’en étais pas rendu compte avant d’entendre
les cris. Puis l’étirement s’est arrêté, j’avais toujours mal, mais la marée de
douleur (il bougea de haut en bas une main tremblotante) se retirait. J’ai levé
les yeux et j’ai rencontré le regard fixe de Cromwell debout à côté de moi.
    » "Jurez maintenant, mon frère, a-t-il dit. Vous n’êtes
pas très résistant, à ce que je vois. Et cela continuera jusqu’à ce que vous
juriez. Ces hommes, experts en la matière, ne vous laisseront pas mourir, mais
votre corps est déjà déchiré et il sera bientôt si rompu que la douleur ne
cessera jamais. Il n’y a aucune honte à jurer quand on y a été contraint par ce
procédé. "
    — Vous mentez ! » m’écriai-je. Mais il
continua son récit sans prendre la peine de me répondre.
    « J’ai crié que je supporterais la douleur comme Jésus-Christ
sur la croix. Cromwell a haussé les épaules et a fait un signe de tête en
direction des tortionnaires qui, cette fois-là, ont manœuvré les deux roues à
la fois. Les muscles de mes jambes se sont déchirés et quand j’ai senti se
déboîter mon fémur j’ai hurlé que j’allais prêter serment.
    — Un serment extorqué par la force n’a sûrement pas de
valeur légale, n’est-ce pas ? demanda Mark.
    — Sangdieu, tais-toi donc ! » lui lançai-je. Jérôme
sursauta, reprenant ses esprits, puis sourit.
    « C’était un serment devant Dieu, un parjure, et je suis
perdu. Es-tu bon, mon garçon ? Alors tu ne devrais pas te trouver en
compagnie de ce bossu hérétique. »
    Je le regardai fixement. En vérité, la force de son récit m’avait
puissamment ébranlé. Mais je devais garder l’initiative. Je me levai, croisai
les bras et lui fis face.
    « Frère Jérôme, je suis las de vos insultes et de vos
fables. Je suis venu ici pour discuter du meurtre atroce de Robin Singleton. Vous
l’avez appelé parjure et menteur devant des témoins. J’aimerais savoir pourquoi. »
    Sa bouche se tordit en une sorte de grimace hargneuse.
    « Savez-vous ce qu’est la torture, hérétique ?
    — Savez-vous ce qu’est le meurtre, moine ? Ne te
mêle surtout pas de ça, Mark Poer, ajoutai-je comme il s’apprêtait à intervenir.
    — Mark. » Jérôme eut un sourire sombre. « Ce
nom, encore. Vrai, votre homme lige ressemble assez à l’autre Mark.
    — Quel autre Mark ? De quoi parlez-vous maintenant ?
    — Voulez-vous que je vous parle de lui ? Vous dites
que vous refusez d’entendre de nouvelles fables. Mais voilà une histoire qui va
vous intéresser. Puis-je me rasseoir ? J’ai mal à présent.
    — Je n’accepterai pas de nouvelles insultes ni des
propos

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