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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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séditieux.
    — Ni insultes, je vous le promets, ni propos séditieux. Uniquement
la vérité. »
    J’acquiesçai d’un signe de tête et il s’assit lentement sur
le lit à l’aide de sa béquille. Il se gratta la poitrine en faisant une grimace
à cause d’un élancement provoqué par le cilice.
    « Je constate, monsieur l’avocat, que la description de
la séance de torture vous a ébranlé. Ce que je vais vous raconter maintenant
vous bouleversera encore plus. L’autre garçon appelé Mark était un certain Mark
Smeaton. Ce nom vous dit-il quelque chose ?
    — Bien sûr. Le musicien de la cour qui a avoué avoir
commis l’adultère avec la reine Anne et qui l’a payé de sa vie. »
    Jérôme opina du chef.
    « Oui, il a avoué. Pour la même raison que j’ai prêté
serment.
    — Comment pourriez-vous le savoir ?
    — Je vais vous le dire. Après avoir juré devant Cromwell
dans cette terrible salle, je me suis entendu dire par l’officier que je serais
logé à la Tour pendant quelques jours pour me remettre. On était en train d’organiser
avec mon cousin mon transfert à Scarnsea où je devais être pensionnaire. On
dirait à Jeanne Seymour que j’avais prêté serment. Lord Cromwell se
désintéressait déjà de moi. Il ramassait le document signé avec ses autres
papiers.
    » On m’a conduit à une cellule dans les profondeurs des
caves. Les gardes ont dû me porter. Elle s’ouvrait sur un corridor sombre et
humide. On m’a laissé par terre sur une vieille paillasse. J’avais l’esprit
affreusement agité après ce que j’avais fait et mon corps était horriblement
meurtri. L’odeur d’humidité émanant de la paillasse pourrie me donnait mal au
cœur. J’ai réussi malgré tout à me lever et à me traîner jusqu’à la porte munie
d’une petite fenêtre à barreaux. Priant Dieu qu’il me pardonne ma forfaiture, je
me suis appuyé contre elle, car un vent plus frais soufflait du couloir.
    » Puis j’ai entendu un bruit de pas, des pleurs et des
sanglots. De nouveaux gardes sont apparus, et cette fois-ci ils soutenaient un
jeune homme pas plus âgé que votre assistant, doté lui aussi d’un joli visage, en
plus doux, ruisselant de larmes. Il portait des restes de beaux habits et ses
grands yeux effrayés lançaient des regards éperdus en tout sens. Il m’a imploré
du regard pendant qu’on le traînait dans le couloir, puis j’ai entendu que l’on
ouvrait la porte de la cellule contiguë.
    » “Remettez-vous, maître Smeaton, a dit l’un des gardes.
Vous allez passer la nuit ici. Et demain tout ira très vite et vous ne sentirez
rien.” Son ton était presque compatissant. » Jérôme se remit à rire, montrant
des dents cariées grisâtres. Le son de sa voix me fit frissonner. Ses traits se
contorsionnèrent quelques instants, puis il reprit : « La porte de la
cellule se referma et les pas s’éloignèrent. Puis j’ai entendu un appel : "Mon
père ! Mon père ! Êtes-vous prêtre ?
    » — Je suis un moine de la chartreuse. Êtes-vous le
musicien accusé avec la reine ? "
    » Il s’est mis à sangloter. "Mon frère, je n’ai
rien fait ! On m’accuse d’avoir couché avec elle, mais ce n’est pas vrai.
    » — On dit que vous avez avoué.
    » — Mon frère, on m’a emmené chez lord Cromwell et
on m’a dit que si je n’avouais pas on m’attacherait un cordon autour de la tête
et qu’on serrerait jusqu’à ce que mes yeux éclatent !" Sa voix était
suraiguë, presque un cri. "Lord Cromwell a conseillé de me mettre sur le
chevalet pour qu’il ne reste aucune marque. Mon père, je souffre atrocement, mais
je veux vivre. On doit me tuer demain !" Alors il a éclaté en
sanglots. »
    Jérôme demeurait immobile, les yeux dans le vague.
    « J’avais de plus en plus mal à la jambe et à l’épaule, mais
je n’avais pas la force de bouger. J’ai accroché mon bras valide aux barreaux
et je me suis appuyé contre la porte, à demi inconscient, écoutant les sanglots
de Smeaton. Il s’est calmé peu à peu et m’a interpellé à nouveau, la voix
tremblante.
    » "Mon frère, j’ai signé une fausse confession qui
a permis de faire condamner la reine. Est-ce que je vais aller en enfer ?
    » — Si on vous l’a arrachée sous la torture, Dieu
ne va pas vous condamner. Une fausse confession n’est pas comme un serment
prêté devant Dieu, ai-je ajouté avec amertume.
    » — Mon frère, je crains pour mon âme. J’ai

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