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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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Alice glissant,
tombant et gisant désormais quelque part dans ce bourbier recouvert par les
eaux. Le frère Guy m’aida à m’asseoir sur la rive et je respirai profondément
jusqu’à ce que je recouvre mes esprits. Lorsque je levai les yeux, je vis le
frère Guy murmurer une prière en latin, les mains jointes, les yeux fixés sur
la lampe qui dérivait tranquillement sur la surface des eaux.
    **
    Il me reconduisit jusqu’à l’infirmerie. Il insista pour que
je me repose et me restaure, me faisant asseoir dans sa cuisine et me servant
lui-même. La nourriture et la boisson redonnèrent des forces à mon corps mais
mon cœur resta lourd comme une pierre. Je revoyais constamment par la pensée
Mark en train d’échanger des plaisanteries sur la route, me tenant tête dans la
chambre, serrant Alice dans ses bras. En fait, c’était lui que je pleurais le
plus.
    « Il n’y avait que deux séries d’empreintes de l’autre
côté du portail, dit enfin le frère Guy. Il ne semble pas qu’Edwig soit passé
par là.
    — Non, pas lui, renchéris-je amèrement. Il a dû passer
par le portail principal lorsque Bugge avait le dos tourné. » Je serrai
les poings. « Mais je vais le traquer, même si j’y passe le reste de mes
jours. »
    Un coup fut frappé à la porte et le prieur Mortimus apparut, la
mine sinistre.
    « Avez-vous envoyé chercher Copynger ? demandai-je.
    — Oui, il devrait arriver bientôt. Mais, monsieur le
commissaire, nous avons trouvé…
    — Edwig ?
    — Non. Jérôme. Il est dans l’église. Vous devriez venir
voir.
    — Vous n’en avez pas la force », dit le frère Guy, mais
je repoussai sa main et saisis mon bâton. Le prieur me conduisit à l’église, sur
le parvis de laquelle un groupe de personnes s’étaient rassemblées. Le
pitancier montait la garde devant le portail, les empêchant d’entrer. Le prieur
se fraya un chemin à travers la foule et nous pénétrâmes à l’intérieur.
    De l’eau dégouttait quelque part. Le seul autre son était de
légers pleurs, une sorte de mélopée. Nos pas résonnant fortement, je suivis le
prieur Mortimus le long de la vaste nef déserte dont les niches étaient
éclairées par des cierges, jusqu’à celle qui avait contenu la main du bon
larron. Les béquilles et les appareils orthopédiques, naguère amoncelées au
pied de la plinthe, jonchaient désormais le sol. Je me rendis compte que le
socle était creux et l’espace assez grand pour abriter un homme. À l’intérieur,
accroupi et recroquevillé, se trouvait Jérôme tenant un objet. Son froc blanc
était sale et déchiré et il pleurait tristement, dégageant une forte puanteur.
    « Je l’ai trouvé il y a une demi-heure, dit le prieur. Il
s’était glissé dans ce creux et avait ramené les béquilles devant lui pour se
cacher. J’explorais l’église et me suis rappelé l’espace là-dessous.
    — Que tient-il ? Est-ce… ?
    — La relique, dit le prieur en hochant la tête. La main
du bon larron. »
    Je m’agenouillai devant Jérôme, une forte douleur dans mes
articulations me fit grimacer. Il tenait un gros coffret carré, serti de joyaux
qui scintillaient dans la lumière des cierges. On distinguait une vague forme à
l’intérieur.
    « Mon frère, lui demandai-je d’une voix douce, est-ce
vous qui avez pris la relique ? »
    Pour la première fois depuis notre première rencontre, Jérôme
parlait d’une voix sereine.
    « Oui. Elle compte beaucoup pour nous. Pour l’Église. Elle
a guéri tant de gens.
    — Donc, vous l’avez dérobée dans la confusion créée par
la mort de Singleton.
    — Je l’ai cachée là-dessous pour la sauver, pour la
sauver… » Il la serra davantage dans ses bras. « Je sais ce que
Cromwell va faire. Il va détruire cette sainte relique que Dieu nous a donnée
en signe de pardon. Quand ils m’ont enfermé, je savais que vous pourriez la
trouver et je devais la protéger. Maintenant elle est perdue, perdue… Je ne
puis résister davantage. Je suis si las », conclut-il d’une voix triste et
calme. Il secoua la tête et regarda dans le vague.
    Le prieur Mortimus passa la main dans le creux et lui
empoigna l’épaule.
    « Venez, Jérôme, tout est fini. Laissez-la et venez avec
moi. » À ma grande surprise, le chartreux ne regimba pas. Il s’extirpa
avec difficulté de la niche, tirant sa béquille derrière lui, puis baisa le
coffret avant de le déposer par terre avec soin.
    « Je vais le

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