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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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n’en seront jamais capables. Croyez-vous
que je pourrais m’attacher à une église après tout ce que j’ai vu ? Tuer
ce coq m’a causé plus de chagrin que la profanation de l’autel.
    — Et que va-t-il se passer maintenant ? demandai-je.
L’heure de ma mort a-t-elle sonné ? »
    La gorge de Mark se serra.
    « Je ne ferai jamais une telle chose. Sauf si vous m’y
forcez. » Il se tourna vers Alice. « On peut l’attacher, lui mettre
un bâillon et l’enfermer dans ton placard. Les moines vont le chercher, mais
ils ne songeront pas à fouiller ici. Quand le frère Guy va-t-il s’apercevoir de
ton absence ?
    — Je lui ai dit que j’allais me coucher tôt. C’est
seulement quand il constatera que je ne suis pas au dispensaire à sept heures
du matin qu’il s’apercevra de mon départ. À ce moment-là nous serons en pleine
mer. »
    Je tâchai de réfléchir posément.
    « Mark, je t’en prie, écoute-moi. Tu oublies le frère
Gabriel, Simon Whelplay, Orpheline Stonegarden.
    — Je n’ai rien à voir avec leur mort ! s’écria
Alice avec force.
    — Je le sais. J’avais bien pensé qu’il pouvait y avoir
deux meurtriers agissant de concert, mais je n’avais pas du tout songé à deux
assassins différents. Mark, réfléchis à ce que tu as vu. Orpheline Stonegarden
repêchée dans l’étang, Gabriel écrasé comme un insecte, Simon rendu fou par le
poison. Tu m’as aidé, tu as été à mes côtés. Veux-tu permettre à l’assassin de
rester en liberté ?
    — Nous allions vous laisser un mot pour vous dire qu’Alice
avait tué Singleton.
    — Écoute-moi, s’il te plaît. Le frère Edwig, l’a-t-on
arrêté ?
    — Non. Je vous ai suivi jusqu’à la porte du réfectoire
et ai entendu Bugge vous dire qu’il y avait un message. Puis je vous ai emboîté
le pas jusqu’au corps de garde et vous ai vu revenir à l’infirmerie. Mais le
prieur Mortimus m’a abordé pour m’informer que le frère Edwig ne se trouvait
pas à la comptabilité, ni dans sa chambre. Il semblait s’être enfui. Voilà
pourquoi j’ai mis tant de temps, Alice.
    — Il ne faut pas qu’il s’échappe, dis-je d’un ton
pressant. Il a vendu des terres, à l’insu de l’abbé, me semble-t-il. Il a caché
mille livres quelque part. Ce navire, c’est pour lui permettre de fuir. Bien
sûr, il a gagné du temps jusqu’à son arrivée. C’est pourquoi il a tué le novice
Whelplay. Il craignait qu’il ne me parle d’Orpheline Stonegarden et que je le
fasse arrêter. »
    Mark baissa son poignard, l’air stupéfait. J’avais réussi à
capter son attention.
    « C’est le frère Edwig qui l’a tuée ?
    — Oui ! Ensuite il a tenté de me tuer à l’église. À
cause de la neige, il faudrait des jours, voire des semaines avant que quelqu’un
vienne de Londres pour me remplacer, et alors il serait déjà loin. Sur le
bateau, vous aurez un assassin comme compagnon de voyage.
    — Vous êtes sûr de ce que vous avancez ? demanda
Mark.
    — Oui. J’ai échafaudé de fausses hypothèses à propos du
frère Gabriel, mais ça c’est la vérité. Ce que vous me dites sur le navire
apporte la touche finale. Edwig est un voleur et un meurtrier sanguinaire. En
conscience, vous ne pouvez le laisser s’échapper. »
    Je le vis hésiter l’espace d’un instant.
    « Vous êtes certain que le frère Edwig a tué la
malheureuse ? demanda Alice.
    — Absolument certain. Ce ne pouvait être que l’un des
obédienciers qui ont rendu visite à Simon Whelplay. Le prieur Mortimus et Edwig
avaient déjà importuné des femmes. Mortimus vous a ennuyée, mais pas le frère
Edwig, parce qu’il craignait de perdre la maîtrise de soi comme cela s’était
passé avec Orpheline. »
    Mark se mordit la lèvre.
    « Alice, on ne peut pas le laisser s’échapper. »
    Elle me jeta un regard désespéré.
    « On me pendra. Ou plutôt, on me brûlera. On m’accusera
de sorcellerie parce que j’ai tué ce coq.
    — Écoute, dit Mark. Quand nous arriverons sur le navire
on peut leur demander de ne pas attendre, de partir ce soir même. Comme ça il
ne s’enfuira pas avec son or maudit. Ils ne voudront pas aider un assassin.
    — Oui ! s’écria-t-elle. On peut faire ça.
    — Il sera toujours en liberté, fis-je.
    — Alors, c’est à vous de l’attraper, monsieur. Désolé, soupira
Mark.
    — On doit partir maintenant ! insista Alice. La
marée va changer.
    — On a le temps. Il n’est que

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