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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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faveur avant qu’il ne soit trop tard. Et tant pis ou tant mieux si notre frondeuse doit se méprendre sur l’origine de ces mots.
    Quand nous sommes assez loin du lieu d’échange, je prends un chemin parallèle, j’accélère le pas, de manière à tomber nez à nez sur mademoiselle, comme par un effet de la chance, un clin d’œil du destin.
    — Ah ! dis-je en parlant le premier. Voici ma tricheuse ! Ma voleuse ! Ma fugueuse !
    — Tiens, c’est vous.
    — Allez ! Sans rancune ! dis-je en marchant à ses côtés, car la belle ne s’arrête pas tandis que je poursuis, en sortant de ma poche une bourse obtenue à mon arrivée, une bourse que je lui présente : Je laisse tout s’enfuir, je brûle mes cartouches, et pourtant, j’ai gardé vos cailloux. Ils ont à mes yeux une valeur sentimentale. Savez-vous, moi qui oublie tout, moi qui ne regarde qu’au-devant, que je repense souvent, tous les jours, toutes les nuits, à ce baiser que je n’ai pas pris ? Il me manque délicieusement.
    — Il ne tenait qu’à vous.
    — Quand je les ai approchés, j’ai compris que ce n’étaient pas vos lèvres que je désirais obtenir, mais votre cœur.
    — La belle fable !
    — Qu’est-ce qu’un baiser volé en comparaison d’un amour éternel ?
    — Rien de moins ?
    Je la stoppe, je lui barre la route. Je l’oblige à reculer pour s’adosser contre un mur. Elle porte la main à son pistolet, mais je suis sans crainte et je réponds, avec des mots qui lui empourprent les joues :
    — Il n’y a qu’un seul amour. On ne le cherche pas, on ne l’attend pas, mais on quand on le trouve, il vous marque à jamais. Il brûle vos chairs en y laissant sa signature indélébile, comme une fleur de lys gravée à l’épaule.
    Là encore, je suis si près que je peux respirer son haleine. La main de la frondeuse a quitté la crosse de son arme. Sa résistance est fragile. Elle me nargue, mais elle n’est pas de bois.
    — L’amour… Vous en parlez facilement et vous en riez souvent.
    — J’ai connu un valet qui aimait à se moquer de son maître. À l’heure cruciale, il s’est jeté au feu pour lui, sans l’ombre d’une hésitation, lui ai-je répondu en soulevant son adorable menton.
    Diable, la guerre est ouverte, et je tenais à me rappeler au bon souvenir de cette charmante enfant rebelle avant que mon rival ne me coiffe au poteau.
    Cependant, tout est une question de mesure. En amour comme à la guerre, justement, il faut savoir se retirer au bon moment.
    C’est donc sur ces mots que j’ai adressé une nouvelle fois ma révérence, avec courtoisie :
    — À la joie de vous revoir, mademoiselle.”

Chapitre onze
    Vérités
    La dernière lettre de César Ravier
    « Ainsi, s’exclame d’Artagnan à l’adresse du roi, la belle Margaux, cette jeune protégée du brigand Lanteaume, n’est plus seulement une figure parmi tant d’autres au sein de ce groupe armé, qui va être bientôt réuni pour conclure une alliance avec ces messieurs les Importants .
    Attirée par son prétendant, elle va sans doute servir une conspiration parallèle, menée tambour battant. Il va falloir être sur tous les fronts. Si les menaces se précisent, elles ne cessent de se multiplier. Et ce n’est qu’un début. Quand le vent soufflera, la tempête n’épargnera personne.
    Quelles sont donc ces informations de la plus haute importance que détient ce jeune ambitieux ? Ces sentiments avoués sont-ils sincères ou servent-ils des intérêts précis ? Nous le saurons bientôt.
    Je dois ronger mon frein dans cette chambre qui est comme mon sépulcre : une place dont je ne puis sortir. Ma disparition ne devant pas alerter le cardinal avant quelque temps, mon cadavre ne pouvant être retrouvé puis identifié avant un ou deux jours, personne aux alentours, dans cette auberge, le maître hôtelier en particulier, n’est censé se lamenter prématurément. Il faut donc faire comme si de rien n’était, continuer de vivre comme si personne ne m’avait vu. Cependant, si cette chambre est un sanctuaire, dis-je, un tombeau du secret où les révélations faites à voix basse vont mourir dans les oreilles d’un cercle restreint, si cettechambre est un tombeau, son couvercle ne reste jamais fermé longtemps. Il s’ouvre régulièrement, non pour laisser fuir celui qui doit y rester couché, mais afin de faire entrer les amis du défunt . Cette fois, c’est Edmond de Villefranche qui fait son apparition, après avoir frappé.
    À

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