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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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conclut :
    – Non, je ne comprends pas ce qui s’est passé. Jamais je ne le comprendrai. Autant que je puisse voir clair en cette ténébreuse affaire, ce bélître de Jacquemin Corentin a tenté de se faire passer pour son noble maître, sans doute en vue de quelque vol. Et le seigneur Juan Tenorio a cru que j’étais complice de cette imposture. Voyons. Il me semble bien que c’est cela. Heu !… Est-ce bien cela ? Mais que diable faisait en tout ceci dame Jérôme Dimanche ? Et la petite Denise ? Et les furieuses commères qui, je crois, m’ont voulu occire ? Bon. Ne pensons plus à toute cette algarade, ou j’y perdrai le sens. Tâchons de boire pour nous remettre le cœur en place. Oui. Mais qui payera l’écot ?… Hé ! Ce sera ce brave Brisard. C’est bien son tour, il me semble !…
    Quant à don Juan Tenorio, comment il se retrouva ferraillant contre le troupeau des commères qu’il tâchait de tenir en respect, comment il se vit fuyant à toutes jambes dans la rue, vaincu, humilié, mourant de honte à la seule pensée d’être jamais remis en présence de Denise, comment, enfin, il se heurta violemment à quelqu’un qui le traita d’insolent et sur qui, tout écumant de rage, il voulut se jeter l’épée au poing, c’est ce qu’il ne comprit que trop bien, car enfin, il n’avait, lui, aucune raison de ne pas comprendre.
    – Perdue ! se disait-il en versant des larmes de fureur et de vraie douleur. Perdue, cette adorable petite Denise ! Ah ! Je sens que je l’aime pour de bon, maintenant ! Mais quels diables cornus et maléficieux s’acharnent donc après moi depuis que j’ai mis les pieds à Paris !… Oh ! Paris me serait-il moins propice que Séville ? Ce ne sera pas ! Don Juan aura le dernier mot… Qui êtes-vous, monsieur ! Vous portez l’épée ? Dégainez, dégainez et vite !…
    – Pas ici, monsieur ! dit l’inconnu qui l’avait appelé insolent. Ni en ce moment. Tenez-vous, on vous regarde, et on vous prend certainement pour un fou…
    Don Juan jeta un regard autour de lui, et vit en effet que des gens le considéraient avec étonnement. Il reprit son sang-froid, assura son épée à son côté, se découvrit et salua avec toute sa grâce. Mais dans le mouvement qu’il exécuta ainsi, sa main, machinalement se porta à sa ceinture, et il pâlit, et, interrompant soudain ses évolutions, il grinça :
    – Enfer ! J’ai l’enfer à mes trousses !…
    – Que vous arrive-t-il donc ? demanda l’inconnu avec un sourire goguenard, exempt de toute aménité.
    – Il m’arrive par tous les saints ! par tous les diables ! il m’arrive que ma bourse de cuir, tandis que je courais, s’est détachée de ma ceinture !…
    – Eh bien ?… Vous la remplacerez aisément, je pense…
    – Cette bourse contenait tout ce que je possède d’argent, et…
    Don Juan rougit et pâlit coup sur coup.
    – Oh ! murmura-t-il en se redressant. Est-ce toi, don Juan ? Est-ce toi qui avoues ta pauvreté au premier venu ?
    – Tout ce que je possède en cette ville, reprit-il fièrement. Car là où est ma maison, j’ai de quoi remplacer mille et mille fois les deux cents pauvres ducats d’or que je viens de perdre. Ne parlons plus de cette misère, monsieur, et venons au fait : vous avez, en me parlant, employé un terme que je ne saurais répéter sinon pour vous le renvoyer. Retirez-vous le mot ? Faites vite et séparons-nous bons amis. Le maintenez-vous ? J’attends alors que vous me disiez votre nom et me suiviez ensuite sous ces peupliers des bords de la Seine, où nous serons très à l’aise pour nous entr’égorger loin des fâcheux…
    – Monsieur, dit l’inconnu, à votre air, je vois que vous êtes un accompli gentilhomme. C’est donc avec infiniment de regret que je me vois dans la nécessité de ne pas retirer le méchant terme qui m’a échappé et qui vous offense justement. J’en suis marri vraiment, mais jamais le comte Amauri de Loraydan n’a retiré ni une louange, ni une offense… aussi peu justifiées qu’elles pussent être, et je me plais à reconnaître qu’en l’occurrence, l’offense que je suis forcé de maintenir me paraît aussi peu justifiée que possible.
    Tenorio salua, sourit et, gracieux, redevenu don Juan :
    – Par Dieu, monsieur, vous avez une façon d’offenser les gens qui sent d’une lieue son parfait gentilhomme, et je vois que don Juan Tenorio, fils de don Luis Tenorio, grand d’Espagne,

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