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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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fut démasquée l’impudente imposture.
    Nous avions donc raison de penser que Bel-Argent méritait son chapitre à lui tout seul…

XXX
 
PUISQU’IL EST QUESTION DE BEL-ARGENT…
    Et, puisque nous parlons de ce sacripant si utilement employé par le destin à sauver la vertu et à démasquer le crime, voyons un peu ce qu’il devenait.
    Après sa halte contemplative devant le cabaret de la rue du Temple, Bel-Argent, affamé et assoiffé, s’était résolument dirigé vers l’hôtel Loraydan dans l’intention de rappeler à Brisard qu’une politesse en vaut une autre, c’est-à-dire dans l’intention de mettre ledit Brisard en demeure de le désaltérer.
    Ayant trouvé le portail de l’hôtel entr’ouvert, il se glissa dans la cour et aperçut Brisard qui, en toute conscience et de toute sa vigueur, s’appliquait à faire reluire un harnachement de cheval.
    Bel-Argent s’approcha et, tranquillement, demanda :
    – Alors, tu l’as vu ? Tu l’as vu sortir ?
    Brisard sursauta et se retourna en criant :
    – Non ! non ! Je ne l’ai… Ah ! fit-il calmé soudain, c’est toi, mon digne Bel-Argent ?
    – Non, dit Bel-Argent, laconique.
    – Ce n’est pas toi ? Ce n’est pas toi ? Qui es-tu alors ?
    – Je suis Sans-Argent. J’ai changé de nom. Cela m’ennuyait de porter toujours le même.
    – Ah ! ah ! fit Brisard qui voyait s’évanouir le rêve d’une seconde visite au cabaret borgne et qui témoigna aussitôt une légitime défiance.
    Bel-Argent constata immédiatement cette défiance, mais il avait plus d’une corde à son arc.
    – Passe-moi ce harnais de bride, fit-il. Je vais te montrer comment on fait reluire un cuir… on voit bien que tu n’as pas fait campagne !
    Et Bel-Argent se mit à cirer, à frotter, à astiquer de façon à donner à Brisard la plus haute idée de son savoir-faire. Cette haute idée, Brisard la traduisit d’ailleurs en abandonnant à Bel-Argent tout le harnachement qu’il avait charge de nettoyer. Il mit ses deux mains dans ses poches, et d’un ton connaisseur :
    – Ma foi, dit-il, tu astiques très bien. Et le pansage, connais-tu cela ?
    – J’y raffine. Je prends un vieux cheval de labour qui n’a vu ni étrille ni brosse depuis six mois, et en moins d’une heure j’en fais une bête de luxe dans le poil de laquelle on peut se mirer.
    Brisard siffla longuement en signe d’admiration.
    – Oui, reprit Bel-Argent. Seulement, ça donne soif…
    – C’est bon, dit Brisard, nous irons tout à l’heure au Bel-Argent… c’est moi qui paye !
    Et Brisard, tandis que Bel-Argent astiquait avec ardeur, retomba dans un mutisme mélancolique. Parfois il tressaillait et jetait un étrange regard sur le rez-de-chaussée de l’hôtel. Par moments, il soupirait lentement, et secouait la tête.
    – Il y a quatre jours que je n’ai vu mon maître le comte Amauri de Loraydan, finit-il par murmurer. Il n’a point quitté Paris, je le sais. Pourquoi ne revient-il pas ?…
    – Pourquoi ? Eh ! pourquoi mon maître, le sire Clother de Ponthus, est-il absent depuis quatre jours ? Pourquoi ne revient-il pas en son logis ? Pourquoi me laisse-t-il mourir de soif ?
    Les deux valets se regardèrent en silence, et ils furent comme effarés du visage qu’ils se firent l’un à l’autre. Chacun d’eux avait dit : Mon maître est absent depuis quatre jours. Et à chacun d’eux, comme un éclair, la même pensée était venue.
    Brisard se mit à siffler un air de chasse, et Bel-Argent reprit la besogne qu’il s’était imposée. Mais soudain :
    – Avoue que tu ne l’as pas vu sortir !…
    – Qui cela ! tressaillit Brisard.
    – Je ne sais pas ; celui qui devait sortir… et qui n’est point sorti !
    – Eh bien non ! Il n’est pas sorti ! Il est entré avec le sire de Loraydan, et depuis, il n’est point sorti ! Voilà !
    Brisard se mit à respirer comme s’il eût été soulagé d’un poids énorme. Il était devenu très pâle et une sueur froide couvrait son visage. Il louchait terriblement vers le portail et se disait : Si Amauri de Loraydan survient à ce moment, je suis un homme mort !
    – Où est-il ?…
    – Qui cela ? répéta Brisard dans un même tressaillement d’épouvante et de remords.
    – Qui cela ? Eh ! celui qui n’est pas sorti !… où est-il ?
    – Je ne sais pas. Mais il est mort !
    – Mort ?…
    – Dame ! S’il n’était point mort, il serait sorti…
    – C’est

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