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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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cet hôtel ?… Quand était-ce ?… Hier ?… Sur ma foi, j’ai perdu le sens de la mesure du temps…
    – Hier ? Vous n’y êtes pas, monsieur ! C’est aujourd’hui le quatrième jour !
    – Quatre jours ! murmura Clother. Comment peut-on si longtemps souffrir sans en mourir ?
    Clother de Ponthus jeta un regard sur cet hôtel de Loraydan qui avait failli devenir son tombeau. Il se demanda ce qu’il avait bien pu faire à cet homme qui, d’abord, payait des truands pour le tuer, et qui, ensuite, l’enfermait pour lui infliger un aussi terrible supplice.
    Longtemps, il demeura rêveur, cherchant à résoudre l’insoluble problème qui, sous l’incommensurable fatras des mensonges et des morales vainement accumulés par des siècles, forme l’inattaquable, l’inébranlable roc de l’histoire de l’humanité.
    Pourquoi y a-t-il des méchants ?
    Pourquoi des êtres humains, pour la satisfaction d’un appétit, d’une pauvre ambition, d’un misérable désir, d’un n’importe quoi, décrètent-ils la misère et le malheur au bout desquels ils ne trouveront même pas la félicité ou la simple satisfaction qu’ils espèrent ?
    Et pourquoi ceux-là, précisément, aux yeux de l’humanité, sont-ils des forts ?
    D’où vient leur imbécile cruauté ?
    Et d’où vient, plus imbécile encore, l’admiration qu’ils inspirent ?
    Le sire de Ponthus finit par hausser les épaules et sourire de la vanité même des questions qu’il se posait. Ce qui valait beaucoup mieux que de philosopher, il résolut de se défendre, de se mettre en garde contre la bête féroce, et tout doucement arriva à la seule conclusion raisonnable que lui imposait la plus simple sagesse :
    – Il est évident, se dit-il, qu’il n’y a pour moi ni repos, ni bonheur, ni existence même, tant que Loraydan sera vivant. Donc, si je veux vivre, je dois tuer Loraydan…
    Il frissonna… comme frissonne l’homme de cœur et de raison la première fois que clairement il distingue l’atroce réalité : que la vie est une bataille contre d’autres vies…
    – Allons ! dit-il brusquement, – et lui-même, il sentit que son cœur venait de se cuirasser et que les lignes de son visage venaient de prendre plus de dureté.
    – Oh ! fit à demi-voix Bel-Argent qui le considérait, j’aime mieux me trouver dans ma peau que dans celle du sire Amauri de Loraydan !…
    Comme ils allaient franchir le portail de l’hôtel, Bel-Argent s’arrêta, saisi au bras par quelqu’un qui lui disait :
    – Eh bien, et moi ?…
    S’étant retourné, il vit le piteux Brisard qui, tout pâle, tout effaré, continuait :
    – Si mon seigneur comte me demande ce qu’est devenu l’homme mort, que lui dirai-je ?
    – Eh bien, tu lui diras qu’il était encore vivant et qu’il a voulu s’en aller, c’est bien simple.
    – Oui, fit Brisard maussade, mais je connais le seigneur de Loraydan ; jamais il ne voudra se contenter de cette simplicité-là…
    – Viens avec moi, dit Clother, je te prends à mon service.
    – Ah ! ah ! s’écria Bel-Argent qui se voyait déjà promu au rang de majordome. Viens avec nous, va, puisque nous te prenons à notre service !
    Brisard secoua mélancoliquement la tête :
    – Il me chercherait et me trouverait. Je le connais : il n’oublie pas ! Et je me connais aussi : je passerais ma vie à trembler. J’aime mieux qu’il me tue une bonne fois, tout de suite.
    – Il ne te tuera pas, imbécile ! Tu n’as qu’à lui dire que des francs-bourgeois se sont introduits dans l’hôtel pendant que tu étais à boire au Bel-Argent !…
    – Tiens, fit Brisard tout joyeux. C’est juste. Je dirai que c’est toi !
    Bel-Argent haussa les épaules et suivit Clother de Ponthus qui, déjà, dans le chemin de la Corderie, jetait un long regard vers l’hôtel d’Arronces. Des pensées plus douces se levèrent en lui. Son cœur se dilata. Il respira largement. Là était ce secret que bientôt il pourrait déchiffrer. Là était l’histoire de sa mère. Là se trouvait aussi celle qui vivait dans son âme… Là, tout ce qu’il aimait au monde ! Il se promit de venir à l’hôtel d’Arronces dès qu’il aurait remis un peu d’ordre à ses habits, car dans les transports de sa fureur et dans ses premiers efforts pour sa délivrance, il s’était mis en assez piteux état.
    Mais lorsqu’il fut arrivé à son logis de la rue Saint-Denis, il comprit combien ces quatre journées

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