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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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de souffrance l’avaient épuisé.
    Ce ne fut guère que cinq ou six jours plus tard que Clother se sentit redevenu à peu près ce qu’il était avant sa rencontre avec Amauri de Loraydan.

XXXI
 
DUEL DE CHARLES-QUINT ET FRANÇOIS I er
    Cette matinée avait donc vu trois événements importants pour le drame que nous contons : le complet échec de l’imposture de don Juan Tenorio et de son audacieuse entreprise sur la fille de dame Jérôme Dimanche, échec dû à l’intervention de Bel-Argent ; la rencontre du même Juan Tenorio avec le comte Amauri de Loraydan ; la délivrance de Clother de Ponthus, due également à Bel-Argent, ce qui achève de démontrer que ce malandrin de grande route avait bien droit à un chapitre et même à deux chapitres pour lui tout seul.
    Nous pouvons ajouter que cette même matinée vit d’autres événements qui ne laissaient pas que d’avoir leur importance au point de vue de cet autre vaste drame qui s’appelle l’histoire de France. Et c’est pourquoi nous prions le lecteur de nous suivre un instant au Louvre, dans le cabinet royal où François I er et Charles-Quint, seul à seul, discutaient une fois de plus la question du Milanais. Discussion pleine d’embûches, curieux duel de paroles que nous voulons essayer d’esquisser, d’abord parce que la scène, en soi, ne manqua pas de pittoresque, ensuite parce que cette scène historique se rattache directement à certains épisodes du récit que nous avons entrepris. Côte à côte, l’empereur et le roi, se donnant familièrement le bras, déambulaient à travers l’immense et opulent cabinet royal, tout décoré de magnifiques tapisseries et de lambris sur lesquels serpentait la fameuse salamandre. Et sur un mot que François I er venait de prononcer :
    – Remettons, disait l’empereur, remettons, mon cher sire et frère ; la mort imprévue du Commandeur Ulloa me prive d’un conseiller que j’avais chargé d’étudier tout spécialement cette question qui tient si fort au cœur de Votre Majesté… Ah ! pauvre Ulloa ! Tu devais, à Paris, me donner ton avis, et je m’y fusse rangé sans discussion, car je savais avec quel soin tu avais préparé la solution de ce problème !…
    – Ainsi, disait François I er , furieux et désespéré, Votre Majesté eût adopté l’avis du Commandeur ?
    – Sans contredit !…
    Et l’empereur jetait au roi un sourire aigu, le sourire de la ruse triomphante.
    Si nous étions respectueux des termes rituels, nous dirions la diplomatie triomphante. Mais les termes rituels nous effrayent, gélatineux qu’ils sont et de sens oblique.
    Charles-Quint, donc, s’étant composé un visage de diplomate ou de fourberie, comme on voudra, poussa un soupir contrit.
    – Sire, s’écria François I er , il y a près de nous quelqu’un qui connaît la pensée du Commandeur Ulloa touchant le duché de Milan, quelqu’un en qui Votre Majesté a pleine confiance, quelqu’un qui possédait toute l’amitié de votre cher conseiller puisqu’il avait jugé digne d’épouser sa fille !
    – Ah ! vous voulez parler de votre cher conseiller à vous, du comte de Loraydan ?
    – Lui-même, sire ; vous plaît-il de l’interroger ? Je suis prêt à m’en rapporter à ses réponses.
    – Vous en rapporter à ses réponses ?… Admirable !… Parfait !… Je n’y songeais pas !…
    Charles-Quint paraissait frappé de la justice de cette préposition et murmurait :
    – En effet… Ulloa lui-même m’avait dit en quelle estime il tenait ce digne gentilhomme… Il est certain que le comte de Loraydan est dépositaire de la pensée du Commandeur… Je serais heureux d’avoir son avis et, sur ma foi, j’écouterai votre Loraydan comme j’eusse écouté mon brave Ulloa… c’est-à-dire avec la même impartialité.
    – Mon cher sire, dit François I er déjà tout radieux, je vais mander le comte…
    – C’est cela, mandez le comte… c’est-à-dire… un instant je vous prie…
    Charles-Quint parut se plonger en ces vastes réflexions qui viennent toujours au secours de ceux-là mêmes dont l’opinion est arrêtée d’avance, et qui n’ont nul besoin de réfléchir.
    François I er se rongeait d’impatience.
    – Un instant… un instant… répétait l’empereur. C’est-à-dire… voici, mon cher frère et sire : le comte de Loraydan est Français, je crois ?
    – Sans doute, fit le roi étonné. Français de l’Ile-de-France.
    – On ne peut

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