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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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dernier argument frappa Brisard, et le décida. Il jeta un long regard autour de lui, parut écouter ce grand silence qui pesait sur l’hôtel désert ; puis, à voix basse :
    – C’est que je ne sais pas ce qu’il a fait des clefs, moi !… Je crois bien qu’il les a emportées…
    – Qui ça ? L’homme mort ?…
    – Non. Le comte de Loraydan, trop vivant, celui-là.
    – Pas besoin de clefs, dit Bel-Argent avec l’autorité que lui donnait sa longue expérience des serrures. Les portes, ça me connaît. Tu vas voir ! Où est-ce ?
    D’un signe, Brisard désigna une porte.
    Bel-Argent ayant inspecté la cour en se promenant vivement, ramassa de-ci, de-là, un long clou, une tige de fer, un ciseau. Par surcroît, il tira sa dague, et, tout aussitôt, armé de ces divers outils, commença à travailler en silence. Brisard qui le regardait faire, entendit à peine quelques légers craquements, et, tout à coup, il vit la porte s’ouvrir.
    – Oh ! fit-il avec une admiration non exempte de crainte quant aux suites de cette effraction, tu sais donc tout faire, toi ? Moi, il me faut la clef pour ouvrir une porte.
    Bel-Argent haussait les épaules avec cette méprisante indulgence que tout homme capable et bien au fait de ses capacités témoigne d’ordinaire aux pauvres ignorants.
    Ils entrèrent, Bel-Argent très résolu, Brisard en faisant le signe de la croix. La vaste salle fut inspectée d’un simple coup d’œil. Le cadavre ne s’y trouvait pas.
    – Eh bien ? fit Bel-Argent. Où diable est-il ?
    – Là, peut-être ! dit Brisard en désignant une porte au fond de la salle.
    Toujours grâce à cette science des portes, que Brisard admirait si fort chez Bel-Argent, les deux acolytes purent pénétrer dans une salle plus petite – et de là dans une troisième.
    Là, ils se trouvèrent en présence d’une porte plus épaisse, plus solide, bardée de fer et munie de verrous. Et Bel-Argent ayant constaté aussitôt ces travaux de défense, conclut et proclama :
    – Il est là !… Le mort est là !…
    À l’instant, il tira les verrous, puis agilement il se mit à travailler cette dernière porte comme il avait travaillé les autres… Elle finit par s’ouvrir… Dans le même moment, les deux valets reculèrent, Bel-Argent stupéfait, Brisard ivre d’épouvante… Le mort était là ! L’homme mort, devant eux, se dressait, livide, à peine visible dans l’obscurité, et d’une voix… oh ! d’une voix si faible, si tenue, si lointaine, disait :
    – Est-ce toi, Loraydan ?… Est-ce toi ?… Viens-tu voir comment un Ponthus abrège l’effroyable agonie !… Regarde donc et sois satisfait !…
    Clother de Ponthus leva la dague qu’il tenait à la main… Il allait se frapper…
    – Que faites-vous ? hurla Bel-Argent. Sire de Ponthus, que faites-vous ?…
    Dans le même instant, il s’élança, saisit Clother dans ses bras, le souleva, l’emporta à demi évanoui jusque dans la cour où l’air vif, la lumière et surtout un gobelet de vin épicé ranimèrent le jeune gentilhomme.
    – Monsieur, dit alors Bel-Argent, appuyez-vous sur moi, et fuyons !
    – Restons ! dit Clother.
    – Croyez-moi, seigneur de Ponthus, fuyez ! Oui, je vous entends. Vous voulez attendre ce démon qui vous enferma, vous voulez en découdre ?… Eh bien, essayez de tirer votre épée !… Ah ! vous voyez… votre main tremble… à la première passe, il vous embrocherait comme un poulet… Sire de Ponthus, savez-vous le nom de ce félon qui a voulu ici vous faire souffrir par la faim et, chose terrible, monsieur, mourir de soif ?
    – Amauri de Loraydan !…
    – Fort bien. Maintenant, écoutez. Vous savez que Jean Poterne fut payé douze cents livres pour vous meurtrir en la Grâce de Dieu ? J’en étais, monsieur, j’en étais ! Mais vous m’avez pardonné, moyennant quoi j’ai promis de vous dire le nom de l’homme qui paya pour vous faire mourir !… Le moment me semble venu de tenir ma promesse…
    – Eh bien ? dit Clother. Cet homme ?…
    – C’était le comte Amauri de Loraydan !…
     
    Clother de Ponthus frissonna. Il éprouva cet effroi mêlé de dégoût qu’on ressent devant quelque reptile venimeux.
    – Tu as raison, dit-il. Pour combattre cet homme, il me faut toutes mes forces. Partons d’ici !… Mais, dis-moi, tu m’accompagnais au moment où je rencontrai ce démon dans le chemin de la Corderie et où il m’invita à entrer en

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