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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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dit-il. Archanges protecteurs ! Invisibles et souveraines forces de la nature qui avez décrété que l’amour va à l’amour ! Astres radieux qui répandez vos sourires de mystère sur le monde ! Fleurs embaumées qui exhalez vos soupirs de tendresse ! Forêts profondes créatrices des ombres propices à l’amour ! Montagnes neigeuses que la terre dresse vers le ciel comme des seins de vierge gonflés par les afflux de sève ! Mers immenses qui depuis les premières aubes de l’éternité ne cessez de chanter l’amour et ses douceurs et ses fureurs ! Nature ! Ô nature ! Je te prends tout entière à témoin de l’infini délice d’orgueil et de joie et de reconnaissance qui étreint ma pensée et fait que mon être accepterait la mort en cet instant sublime ! Léonor, tu m’as entendu enfin ! Léonor, tu crois me haïr encore ! Léonor, tu vas m’aimer ! Léonor, tu as entr’ouvert les portes de diamant par où tu vas pénétrer dans le palais de l’enchantement ! Aujourd’hui encore, Léonor, tu me repousses… Demain, tu m’aimeras !…
    Un flot de larmes s’échappa des yeux de don Juan, et enfin, s’affaissant sur le parquet, il perdit connaissance.
    Don Juan s’était évanoui.
    Évanoui de bonheur.
    L’interprétation qu’il venait de donner de l’attitude de Léonor était fausse. Cette adorable fille en sauvant réellement un homme qui évoluait à des milliers de lieues morales d’elle-même n’avait obéi qu’à l’impérieux besoin de justice et de vérité strictes qui palpite dans tous les cœurs purs. Elle n’avait même pas su, en fait si ses paroles pouvaient sauver ou perdre don Juan. Elle avait dit la vérité. C’est tout.
    Don Juan avait jugé que, volontairement, Léonor l’avait sauvé. Et qu’elle n’avait pas voulu qu’il fût condamné.
    Il avait conclu à la possibilité d’un commencement d’amour, ignoré encore de Léonor elle-même.
    Et si on lui avait prouvé qu’il se trompait, qu’eût répondu don Juan ?
    – C’était une erreur, eût-il dit. Mais cette erreur vient de me procurer une inoubliable minute d’extase et de félicité. Erreur ? Hélas ! Hélas ! De combien d’erreurs est fait l’amour d’un homme ! Et quelle joie de pouvoir prolonger l’erreur ! Où est l’amoureux sincère qui, par la plus douloureuse des opérations, ne s’est pas un jour volontairement arraché du cœur le dard de la vérité ? Où est-il, celui qui, ayant aimé vraiment, n’a pas avec ardeur recherché encore et encore l’erreur qui le faisait vivre ? Où est-il, celui qui, vaincu par un amour véritable, n’a pas eu, une fois dans sa vie, à sangloter : « Illusion ! Illusion ! Je te bénis !… Et toi, ô toi qui m’as apporté l’illusion, je t’adore pour ton mensonge qui me sauve ! »
    Quoi qu’il en soit, don Juan revint promptement au sentiment des choses parce que Loraydan lui rafraîchit les tempes avec un peu de vin. Il s’écria tout aussitôt :
    – Eh quoi, comte, mesurer ainsi d’un aussi illustre nectar ! Buvons, cher ami, buvons, car il est écrit dans je ne sais quel saint livre : « Tu ne répandras pas en vain la liqueur que le Seigneur et le soleil mettent au sein des grappes dorées ! »
    Il se releva, se secoua, radieux, étincelant, leva sa coupe d’un geste passionné, puis la vida lentement…
    –  Maintenant, dit-il, je puis braver tous les rois de la terre !
    –  Maintenant, dit Loraydan, nous pouvons chercher par quels moyens nous mettrons en votre pouvoir la fille du Commandeur Ulloa.
     
    L’entretien de ces deux hommes se prolongea pendant plusieurs heures, et le jour, à traits incertains, commençait à dessiner une fois encore la figure tourmentée du vieux Paris, lorsqu’ils sortirent de la salle d’honneur.
    Dans la cour de l’hôtel, don Juan et Loraydan trouvèrent Brisard qui, sa lanterne à la main, immobile, transi de froid, hébété de sommeil, essayait de dormir tout debout.
    – Que fais-tu là ? gronda Loraydan étonné.
    – Vous m’avez commandé de ne pas bouger, dit Brisard. Je n’ai pas bougé.
    – C’est bon. Tu peux t’aller coucher.
    – Attends ! dit don Juan. Ce jour qui se lève est un jour béni. Tu auras ta part de bonheur. Prends ceci, cher ami !
    Le monde entier, ce matin-là, était l’ami de don Juan. Il fouilla l’escarcelle attachée à sa ceinture et tendit à Brisard, soudain réveillé, quatre belles pièces

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