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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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route. Mais, d’un geste paternel, le Commandeur d’Ulloa saisit la bride de son cheval, l’entraîna hors du flot des gentilshommes et se dirigea vers la plus proche estrade en disant :
    – Vous souffrez, Amauri… Vous ne pouvez aller plus… Arrêtons un instant…
    Loraydan eut un violent sursaut pour reculer… trop tard ! Déjà le Commandeur l’entraînait vers l’estrade… vers Clother de Ponthus !
    Et ce fut ainsi !…
    Oui, ce fut ainsi que Clother vit venir à lui le Commandeur d’Ulloa !
    Ce fut ainsi que s’opéra la conjonction du père et de l’amant de Léonor !
    Ponthus, à l’instant même, reconnut Sanche d’Ulloa. Au même moment, Amauri de Loraydan, par un rude effort, reprenait tout son sang-froid. Il laissa tomber sur son adversaire un regard qui était une insulte et une provocation. Ce regard, Clother ne le vit pas. Clother ne voyait que le père de Léonor… Clother tremblait…
    Il se découvrit, et prononça :
    – Je crois, monsieur, que vous êtes bien le seigneur Sanche d’Ulloa, Commandeur de Séville ?
    – Oui, mon jeune gentilhomme, dit Ulloa surpris. Et vous ?
    – Clother de Ponthus… Ce nom ne vous dit rien, je le vois. J’ajoute donc simplement que je suis ce gentilhomme que, dans une maison isolée, sur la route de Périgueux à Angoulême, le soir du 30 novembre, vous avez sauvé de deux truands de grand chemin…
    – Ha ! fit le seigneur espagnol tout joyeux, je vous remets à présent !…
    – Ô destin, voilà de tes misérables coups ! gronda en lui-même Loraydan. C’est Sanche d’Ulloa qui a sauvé Ponthus !
    – Cher Amauri, continuait Ulloa, voici un jeune gentilhomme qu’en effet j’ai eu le bonheur de pouvoir secourir à temps. Il me plaît, par la Vierge sainte ! Et je serais heureux que vous devinssiez amis…
    Clother demeura impassible. Loraydan eut un sourire méprisant.
    – Seigneur d’Ulloa, dit alors Clother, je crois qu’entre le comte de Loraydan et moi il n’y a pas d’amitié possible… regardez-le plutôt.
    – Dites que nous sommes mortels ennemis, gronda Loraydan.
    – Eh quoi ! s’interposa le Commandeur. Deux jeunes gentilshommes beaux tous deux, loyaux et braves tous deux… Qu’y a-t-il donc entre vous ?
    – Monsieur le sait ! grinça Loraydan ivre de rage, en se faisant plus méprisant encore.
    – Presque rien, dit Clother : un soufflet !
    – Pour lequel j’aurai ton sang jusqu’à la dernière goutte ! Nous nous reverrons !
    – Quand il vous plaira ! Si je vous eusse retrouvé à d’Arronces quand j’y revins avec les deux litières, nous eussions pu régler sur l’heure la question de savoir qui de nous deux fera couler le sang de l’autre. Mais vous n’étiez plus là, comte de Loraydan !…
    – En route ! dit brusquement Sanche d’Ulloa, qui fronça le sourcil. Nous devons rejoindre l’escorte. Monsieur de Ponthus, s’il vous plaît de venir me demander demain au château du Louvre, je vous recevrai avec plaisir. Venez, Loraydan…
    D’un geste, Clother retint le Commandeur, et d’une voix émue :
    – Seigneur d’Ulloa, ce n’est pas demain que je dois vous parler. C’est à l’instant même !
    – S’il s’agit de votre querelle avec mon ami le comte de Loraydan…
    – Monseigneur, il ne s’agit ni de monsieur, ni de moi !…
    – De qui s’agit-il donc ? Parlez vite, je suis pressé de rejoindre Sa Majesté.
    – Monsieur le Commandeur, dit Clother, il s’agit de très haute et très noble dame Léonor d’Ulloa, laquelle a daigné me faire l’honneur de me charger pour vous d’un message qui ne souffre nul retard !
    – Ma fille !
    – Votre fille, monseigneur !
    Le Commandeur devint livide. Instinctivement, il leva les yeux au ciel comme s’il se fût attendu à entendre la voix… la voix morte qu’il avait entendue sur les rives de la Bidassoa. Mais, se remettant aussitôt, d’un rapide mouvement de vieux cavalier rompu à toute la gymnastique équestre, il mit pied à terre, remit la bride de son cheval à Loraydan, et, d’un ton bref :
    – Comte, veuillez conduire mon cheval en main. Si l’empereur me demande, vous lui direz que je le supplie de pardonner à son vieux serviteur d’avoir quitté son rang, car il est question de vie ou de mort. N’est-ce pas, monsieur de Ponthus, continua-t-il d’une voix fébrile, c’est bien de vie ou de mort qu’il est question ?
    – Je l’ignore, monseigneur ! Je crois

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