Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
sergents de ville en robe de livrée, portant sur le bras, le symbolique navire d’argent. Défilaient alors en bon ordre, les crieurs, les vendeurs, courtiers, déchargeurs, mesureurs, briseurs, porteurs de sel, mouleurs de bois, mesureurs de charbon et de blé, tous en robe mi-partie bleu et rouge, et à pied.
    Voici alors les cent arquebusiers de la Ville, précédés de leurs trompettes, clairons et tambours, et enseignes déployées. Ils étaient suivis de l’éblouissante apparition des soixante arbalétriers en satin blanc, sur des chevaux bardés de rouge, et des quatre-vingt-quatre nobles en casaques de velours brodées et passementées d’or, le pourpoint orné d’une profusion de pierreries.
    Et puis les huit sergents précédant le prévôt des marchands et les échevins en robe cramoisie, et le receveur en satin, et les conseillers en soie jaune, et les seize quarteniers en satin tanné, et les audienciers, nu-tête, escortant la haquenée blanche caparaçonnée d’or qui portait le coffre où se trouvaient enfermés les sceaux de l’État.
    Deux cents gentilshommes passèrent, chargés de diamants et rubis à leurs toques et à leurs pourpoints, troupe somptueuse qui précédait le grand écuyer de l’empereur et le grand chambellan du roi (le duc de Guise). Autre troupe non moins somptueuse, mais plus grave, flamboyante et presque sinistre : douze cardinaux ouvrant la marche au seigneur de Montmorency, connétable et grand-maître de France, tout seul, l’épée nue, dans un large espace.
    Et enfin, l’empereur !…
    Il était à cheval sous un immense dais de velours porté par vingt-quatre élus des corps de métiers : draperie, mercerie, pelleterie, épicerie, boutonnerie, orfèvrerie…
    Charles-Quint, vêtu de noir, sombre tache dans l’éblouissement de l’ambiance, tout raide, tout pâle, ne semblait rien entendre des acclamations de ce Paris hospitalier, ne rien voir des splendides tapisseries appendues à toutes les maisons, qui semblaient, elles aussi, s’être vêtues de magnificence pour le saluer au passage.
    Sur ces foules hérissées de gestes accueillants, il jetait son glacial et perçant regard de vautour habitué à juger la proie, et il était la formidable et vaine figuration de l’Orgueil… il était l’Empereur.
    À sa droite, il avait le dauphin de France, à sa gauche, le duc d’Orléans.
    Derrière le dais, venaient Nevers, Vendôme, Lorraine, Albe, Egmont, puis le Commandeur don Sanche d’Ulloa, puis une foule de seigneurs français entourant et fêtant de leur mieux les seigneurs espagnols de l’escorte.
    À droite du Commandeur Ulloa, chevauchait Amauri, comte de Loraydan…
    Nous l’avons vu, ce personnage, nous l’avons vu sortir de Paris pour se rendre à Poitiers, et suivre pas à pas Clother de Ponthus jusqu’au castel situé aux abords de Brantôme…
    Nous avons assisté au marché conclu avec les deux sacripants de grande route : Jean Poterne et Bel-Argent…
    Qu’avait fait Amauri de Loraydan depuis la minute où il paya douze cents livres ces deux braves qui s’étaient chargés d’occire en douceur et sans trop le faire crier, le sire Clother de Ponthus ?
    Loraydan avait de la bravoure. Pauvre, il se fût battu avec Clother jusqu’à ce qu’il le tuât ou en fût tué… Mais Loraydan était devenu riche ! Loraydan avait reçu cent mille livres de Turquand ! Loraydan avait reçu de François I er formelle promesse d’une haute charge à la cour… peut-être celle de Montmorency lui-même… la charge de grand-maître ! Loraydan voyait s’ouvrir devant lui une vie de luxe, de puissance et de splendeur !…
    Il résultait de tout cela que Loraydan voulait vivre !
    Vivre pour être admiré !
    Vivre pour dominer !
    Vivre pour posséder Bérengère !…
    Richesse, gloire, amour… les pôles magnétiques vers quoi se tendent les espoirs de l’homme !
    Ayant payé douze cents livres le meurtre de Clother, Loraydan voulut s’assurer que les deux malandrins étaient d’honnêtes gens capables de gagner scrupuleusement leur argent. Il s’éloigna, revint, repartit pour revenir encore, – bref, pendant deux jours, il rôda autour de la seigneurie des Ponthus.
    Le soir du deuxième jour, sur la route, devant l’auberge même où avait eu lieu l’attaque, il rencontra Jean Poterne. D’un sombre regard, il interrogea le truand. Simplement, Jean Poterne répondit :
    – C’est fait, monseigneur !
    Loraydan tressaillit et

Weitere Kostenlose Bücher