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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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crois que Bonaparte a laissé derrière lui certains de ses hommes, cachés, pour nous abattre un par un à mesure que nous revenons, suggéra l’assistant, s’appuyant sur son balai.
    — Eh bien, s’ils s’emparent de toi, Vitia, dit le cordonnier, il faudra longtemps avant que quiconque remarque la moindre différence ici.
    Le balayage reprit rapidement.
    Je remerciai ces hommes et poursuivis mon chemin, sachant à présent que les Opritchniki étaient toujours en ville. Ce qu’ils avaient raconté était vague, mais c’était aussi effroyablement similaire aux histoires qui avaient vu le jour partout où les Opritchniki s’étaient trouvés. Imaginer que ç’avait été le sort de Boris et sa fille était hasardeux, mais je savais alors que, pour eux et pour tout le monde, la ville n’était pas sûre.
    Le rendez-vous de ce soir-là était fixé à l’église Saint-Clément. Tandis que j’attendais dehors, je me remémorai la dernière fois que j’étais venu là, exactement six semaines auparavant, et ma rencontre avec Ioann et Foma. Ioann était bel et bien mort, je le savais – plus mort encore qu’il ne l’avait été lorsque nous nous étions rencontrés –, mais je ressentais toujours la crainte que Foma puisse revenir cette nuit-là pour prendre sa revanche. À l’heure qu’il était, ils devaient être au courant du fait que quatre de leurs camarades étaient morts en l’espace de quelques nuits. Ils n’auraient pas besoin d’être supérieurement doués – et ce n’était pas le cas, surtout maintenant que Iouda n’était plus là pour penser à leur place – pour en déduire que je pouvais être, d’une certaine manière, responsable. Mais quelles qu’aient été leurs déductions, aucun d’eux ne se montra. Pas plus que Vadim.
    Pour aggraver encore les choses, Domnikiia ne me rendit pas visite cette nuit-là. Il est remarquable avec quelle rapidité on peut s’habituer à ne pas dormir seul.

    Dans un sens, ce fut une bonne chose que Domnikiia reste à distance. Le matin suivant, je reçus une lettre de Marfa. Elle était datée de plus de trois semaines plus tôt mais, dans la confusion de l’occupation et de la retraite françaises, c’était déjà un miracle qu’elle me parvienne.
    Lorsque j’étais à Iouriev-Polski, je lui avais envoyé plusieurs lettres, mais avais évidemment croisé celle-ci. Son inquiétude pour ma sécurité se devinait entre chacune des lignes qu’elle avait écrites. Elle rapportait les nouvelles qu’ils entendaient à Pétersbourg et la crainte qui y régnait que Bonaparte soit bientôt en train de marcher vers eux. Marfa se sentait rassurée, croyant que, tant que le Tsar restait à Pétersbourg, ils seraient en sécurité. Elle impliquait ainsi qu’Alexandre I er les protégerait mais, en réalité, elle sous-entendait que, dès qu’il déguerpirait, ils sauraient les ennuis proches. Sa compréhension de la politique était, comme toujours, remarquablement lucide, surtout pour une femme.
    Dimitri Alekseevich avait été un peu malade, mais il allait mieux désormais. Il avait demandé quand j’allais rentrer à la maison. Je fus froissé qu’elle écrive cela. J’eus le sentiment que Marfa utilisait notre fils pour exprimer ses propres désirs. Non pas qu’il ait été faux que Dimitri souhaite me revoir à la maison, ou qu’il soit déraisonnable que Marfa y aspire aussi. Cela me déplaisait simplement qu’elle empiète sur mon désir de tout avoir. Il était étrange que je n’en veuille qu’à Marfa et non à Dimitri, mais je n’avais certes pas de fils rival ici à Moscou.
    Elle n’avait pas écrit beaucoup au sujet de la mort de Maxime, mais le peu qu’elle avait inclus réussissait, à sa propre manière, à exprimer à peu près les mêmes sentiments que j’avais eus. L’approche de Marfa était simplement d’ignorer les raisons qui avaient conduit à l’exécution de Max. Elle parvenait à décrire sa peine sans jamais se confronter au fait désagréable que Max ait été un traître. Elle aurait écrit les mêmes mots s’il avait été passé au fil d’une épée française à Borodino. C’était un réconfort indicible de lire ses mots au sujet de Max, comme s’il était décédé d’une mort décente de soldat. Elle s’épargnait son embarrassante trahison sous-jacente et je me voyais momentanément soulagé de ma culpabilité pour l’avoir abandonné.
    La dernière nouvelle était que la fille de

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