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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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directe, quelque part en amont de Moscou. Pour le moment, nous ne savons pas encore où. Votre rôle consiste à vous assurer que, quels que soient l’endroit et la date de cette confrontation, les Français soient déjà affaiblis. Passez derrière leurs lignes. Perturbez leur approvisionnement. Forcez-les à surveiller leurs arrières. Faites paraître cette plage encore plus grande qu’elle ne l’est en réalité.
    Ses paroles étaient sensées et correspondaient parfaitement au genre de travail qui était, nous le savions, notre spécialité. Immédiatement, nous avions tous les quatre chevauché pour revenir à Moscou. Je me rendis compte que Dimitri devait avoir fait appeler ses amis bien longtemps avant cette rencontre avec le général Barclay. Il semblait confiant dans leur arrivée.
    Je pliai la lettre de Marfa et la déposai dans un tiroir. J’étudiai une fois encore l’icône qu’elle m’avait envoyée. Les yeux bienveillants du Sauveur n’exprimaient aucune condamnation des heures passées avec Domnikiia. Avant de partir, je m’observai dans le miroir. Mon propre regard n’était pas aussi bienveillant.

    Durant cette semaine-là, je passai beaucoup de mon temps à discuter avec Max, ainsi qu’avec les autres. Désormais, Max me rappelait Dimitri à l’âge où j’avais fait sa connaissance : plein d’idées, plein d’humour. Dimitri avait toujours de l’humour, mais il était principalement dirigé contre les idées d’autrui. Dimitri était à peine plus âgé que moi, mais il donnait l’impression d’avoir étudié la moindre idée ayant jamais vu le jour et d’avoir conclu qu’elles n’étaient toutes que des bêtises.
    Pour une raison inconnue, le sujet du jeune fils de Bonaparte, le dénommé « roi de Rome », fut mis sur le tapis.
    — Je ne vois pas pourquoi il a besoin d’un fils. Politiquement, je veux dire, exposa Vadim. Il avait une femme qu’il aimait, mais il l’abandonne pour cette Marie-Louise, qu’il n’aime pas, dit-on, juste pour avoir un fils et héritier.
    Je ne pus m’empêcher de voir, dans les mots de Vadim, une sorte de parallèle avec ma propre vie. J’avais un enfant que j’aimais et une femme que je devais aimer, et je m’en avais été voir une prostituée qui, hasard ou coïncidence, ressemblait à Marie-Louise. J’étais sûr que cette idée était fort éloignée des pensées de Vadim mais, comme en toute situation similaire, je pris part à la conversation avec verve avant que quiconque puisse remarquer ma culpabilité.
    — C’est une épée à double tranchant, dis-je. Il a peut-être établi une dynastie, mais ce qui est bon pour la dynastie ne coïncide pas forcément avec ce qui est bon pour le fondateur. L’avenir de la France est désormais assuré, même si Bonaparte meurt, et donc la France a moins besoin de protéger Bonaparte. Regardez ce qui est arrivé au père de notre propre tsar.
    — Mais il était fou, glissa Vadim.
    — Lorsque les Anglais ont un roi détraqué, dit Max, ils nomment un régent. Lorsque nous avons un roi dément, nous le confinons dans sa propre chambre.
    — Max ! le mit en garde Vadim avec un grognement.
    Personne ne savait véritablement ce qui était arrivé au Tsar Pavel, mais il était toujours préférable de ne pas répéter les rumeurs, même les plus répandues.
    — Cela montre juste à quel point le roi d’Angleterre est inutile, dit Dimitri.
    — Mais c’est leur force, poursuivit Max. Qui étaient les grands hommes anglais ayant fait face à Napoléon ? Pitt ? Nelson ? Morts, tous les deux. Et pourtant l’Angleterre continue à se battre. Mais si Napoléon mourait, la France poursuivrait-elle le combat ? C’est pour cela que Napoléon se doit de fonder une dynastie, jusqu’à ce que la France soit assez forte pour que l’empereur devienne aussi insignifiant qu’un roi d’Angleterre.
    — Ou qu’un tsar russe ? demandai-je avant que quiconque puisse prendre la parole.
    De la part de Vadim, cela aurait semblé être une accusation de trahison ; de Dimitri, une incitation à celle-ci.
    — Au fait, avez-vous entendu parler de ces morts au sud ? demanda Max, changeant abruptement de sujet. Toutes le long du Don, et au nord jusqu’à Voronej. On pensait que c’était la peste, mais maintenant les histoires sont en train de changer.
    Il y avait peu de chose dans le récit de Max que je n’avais déjà entendu, mais je me demandai où il avait pu recueillir ces rumeurs. Il ne me

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