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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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mouvements ennemis, sans pour autant que nos forces engagent les Français de front. L’Angleterre – grâce à Nelson – combattait mieux en mer que sur terre et donc, tout au long de cet automne, l’Autriche fut livrée à elle-même pour faire face à l’avancée française, avec peu de succès. La capture grotesque de dizaines de milliers de soldats autrichiens à Ulm fut l’apogée de leur incompétence. Nous autres Russes devions entrer en action cet hiver à Austerlitz, une bataille de plus de 150 000 hommes.
    Mais Austerlitz en soi ne devait pas être notre première bataille. La nuit précédente, Vadim nous réunit tous. C’était notre plus dangereuse mission à ce jour. Vadim nous conduisit loin derrière les lignes françaises, pour que nous puissions faire une reconnaissance de dernière minute de leurs positions. Nous fûmes repérés et attaqués par quinze Français environ et, nous n’étions que quatre seulement.
    Nous aurions dû prendre une raclée, mais nous étions tous de solides combattants à l’épée. Nous nous tînmes tous quatre côte à côte, tailladant et repoussant violemment nos assaillants français, rendus tellement indolents par la supériorité de leurs fusils qu’ils avaient oubliés comment l’on devait se servir d’un sabre. J’en avais déjà abattu deux lorsqu’un coup porté par la poignée d’une troisième épée me fit tomber à terre. Je vis un sabre français levé au-dessus de moi, immobile, prêt à porter un coup final et fatal, lorsque Dimitri se jeta en travers de sa trajectoire. La lame ricocha sur son bras levé et lui trancha la joue droite. Je sentis son sang m’éclabousser le visage, mais la blessure ne sembla pas le ralentir. Il taillada le ventre du soldat français, puis lui porta une estocade mortelle au cou. Entre-temps, je m’étais remis sur mes pieds.
    Je sais que d’autres fois, dans d’autres batailles, mes camarades m’avaient sauvé la vie et je suis sûr d’avoir sauvé la leur ; dans le feu de l’action, on n’a pas le temps de s’interrompre. Mais, en cette occasion, ce fut mon cas et l’action courageuse de Dimitri a toujours revêtu une importance particulière à mes yeux.
    Avec Vadim, Dimitri – toujours féroce malgré ses blessures – et moi pour leur tenir tête, les Français survivants battirent bientôt en retraite. Ce n’est qu’alors que nous comprîmes qu’ils avaient fait prisonnier Maxime et l’avaient emmené avec eux. Nous espérions qu’il était prisonnier : on ne voyait absolument aucun cadavre. La capture de Maxime pesa lourdement sur la conscience de Vadim en particulier. Maxime n’avait alors que dix-huit ans et Vadim se sentait responsable d’avoir embarqué un garçon inexpérimenté dans une telle mission. Mais nous n’avions pas le temps de nous offrir le luxe du regret.
    Le jour suivant eut lieu la bataille d’Austerlitz elle-même – une humiliation pour l’Autriche et la Russie, et peut-être le plus grand triomphe de Bonaparte. Dimitri, Vadim et moi étions tous les trois sous le commandement ultime du général Booksgevden. Nous faisions partie des forces qui devaient prendre le village de Telnitz et, à partir de là, virer à droite pour encercler le flanc de Bonaparte. La capture du village fut relativement simple, mais il devint vite clair que nous risquions d’être nous-mêmes encerclés. Nous ne pouvions que tenir notre position et attendre d’autres ordres. Ailleurs sur le champ de bataille, les combats faisaient tout autant rage. Le givre et la neige légers – desquels nous, Russes, sinon nos alliés autrichiens, aurions dû être familiers – donnaient un avantage supplémentaire à Bonaparte. Peut-être le givre n’était-il pas aussi sévère et la neige pas aussi profonde que ce à quoi les Russes sont habitués.
    L’après-midi était déjà bien engagé lorsque nous reçûmes enfin l’ordre de battre en retraite. Le terrain derrière nous était une masse de tourbières et de lacs, mais au moins le froid les avait fait geler. J’étais depuis longtemps séparé de Vadim et Dimitri et j’avais abandonné mon cheval ; avec des centaines d’autres, j’étais à mi-chemin sur la surface gelée du lac Satschan lorsque atterrit le premier des « boulets rouges » français, ces boulets de canon chauffés avant d’être tirés afin de faire fondre la glace à l’impact. Tout autour de moi, des hommes chutaient dans l’eau glaciale. Sous mes pieds, à

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