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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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devenu un vampire. C’était stupide de votre part de me faire savoir que seules les victimes consentantes deviennent des vampires. Cela a effacé la dernière trace de pitié que je pouvais avoir eu pour le moindre d’entre vous. (Derrière lui, sur la route par laquelle il était venu, je crus déceler un léger mouvement à travers les bourrasques de neige.) Je présume que vous voulez en venir à quelque chose. Une sorte d’arrangement entre nous ? demandai-je, essayant de faire avancer les choses.
    — Un homme direct, je vois, sourit Iouda.
    Il commença à marcher tandis qu’il parlait, presque comme s’il essayait de déjouer mes manœuvres, et je me rendis compte qu’il détournait mon attention de la route par laquelle il était venu. Je m’avançai un peu plus vers le centre du carrefour, m’assurant que j’avais toujours une bonne visibilité dans toutes les directions.
    — Mais vous avez raison, poursuivit-il. Nous devons arriver à une certaine forme de compromis. Lorsque l’on est confronté à un ennemi fort et puissant, il y a deux manières d’y faire face. La première consiste à tenter de le détruire, l’effacer de la surface de la terre de sorte qu’il ne puisse plus jamais déranger quiconque avec ses agressions persistantes. Nous avons tous les deux essayé cette voie ; nous avons tous les deux échoué.
    — Je n’ai pas l’impression d’échouer de façon si spectaculaire. Il y a déjà sept morts dans vos rangs.
    Iouda sourit, un peu comme un père se réjouissant de la sagesse précoce de son enfant.
    — Tant de camaraderie, Liocha. Vous avez raison, personnellement vous vous en sortez bien : vous êtes vivant. Mais, pris en tant que groupe, je trouve que les choses ne se sont guère mieux passées pour vous quatre que pour nous autres.
    Le tourbillon de neige s’était apaisé et le mouvement, quel qu’il soit, que j’avais perçu au loin derrière Iouda avait disparu. Aussi loin que je pouvais voir dans la brume argentée de la lumière de la lune reflétée par la neige scintillante, tout était calme. Je regardai de nouveau les autres routes. Elles aussi étaient désertes. Derrière moi, le capitaine français pendu continuait à se balancer doucement avec l’élan causé un peu plus tôt par la brise.
    — Mais il existe aussi une seconde voie, poursuivit Iouda. C’est le compromis. Une créature n’a pas besoin d’être un ennemi simplement parce qu’elle est puissante. Les loups n’attaquent pas les ours et les ours n’attaquent pas les loups. Ce n’est pas parce que le loup aime l’ours, c’est parce qu’il sait qu’il a peu de chances de gagner. Alors quel serait votre choix, Liocha ? Allons-nous continuer à nous battre et voir lequel de nous deux survit, ensanglanté et mutilé ? ou allons-nous nous laisser en paix l’un l’autre et poursuivre les vies confortables dont nous jouissons ?
    Je restai silencieux. J’avais formulé ma réponse lorsque j’avais parlé avec Dimitri juste avant que nous nous séparions. Un tel arrangement était voué à l’échec parce que je ne faisais pas confiance aux Opritchniki. Et même s’ils devaient tenir leur part du marché, je n’aurais pas tenu la mienne. Iouda lisait dans mes pensées.
    — Mais je nous suis injuste en faisant des comparaisons avec des animaux sauvages. Si le loup et l’ours semblent se faire confiance, ce ne peut être parce qu’ils sont sages, ce doit donc être parce qu’ils sont naïfs. La voie vers la sécurité personnelle ne se trouve pas en espérant que nos ennemis ne nous attaqueront pas. Elle se trouve en s’en assurant, en détruisant ces ennemis. Nous savons tous les deux, Liocha, combien chacun de nous aspire à tuer l’autre, combien nous rêvons du plaisir que nous allons y prendre. Aucun de nous ne pourra vraiment se sentir en sécurité tant que l’autre n’aura pas été éliminé. La seule sécurité réside dans le fait de savoir que l’autre est vraiment mort, dans le fait de s’assurer qu’il ne pourra jamais se relever pour nous nuire.
    Il élevait à présent la voix. La patine de civilité tomba et chacune de ses expressions révélait colère et haine.
    — Un peu comme nous pouvons être certain qu’un capitaine français pendu, dont nous avons inspecté le corps dans l’après-midi, ne peut pas revenir à la vie et nous attaquer. (Il me fixa juste assez longtemps pour constater que j’avais compris ce dont il voulait parler.) À moins,

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