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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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voir l’étoile polaire, il m’était difficile de savoir si j’étais dans la bonne direction. J’avais tourné à gauche pour revenir vers la route mais, au bout de quelques pas seulement, j’avais pu m’éloigner grandement du chemin que j’avais choisi. Les vampires sont des créatures nocturnes et, bien que je n’en sois pas certain, je ne pouvais que supposer qu’ils étaient capables de voir bien plus clairement que moi dans cette obscurité. Je pouvais marcher tout droit dans les bras de l’un de ces quatre monstres et ne pas le savoir avant de voir l’éclat de ses crocs.
    Au moins, il y avait en cela un fragment de réconfort. Il n’y en avait maintenant plus que quatre : un de moins que lorsque la nuit avait commencé. Une partie de moi insistait sur le fait que c’était une réussite suffisante pour la soirée, que je devrais rentrer me reposer, en sécurité, et laisser les autres pour un jour ultérieur. C’était un argument incontestable. Que je parvienne à sortir de ces bois était moins sûr. Les vampires n’étaient pas mes ennemis les plus immédiats. Les loups, ou même le froid glacial lui-même, constituaient un danger beaucoup plus réel.
    Je poursuivis dans la direction qui, je l’espérais, me ramènerait vers la route. Lorsque j’avais pénétré dans le taillis, je n’avais été qu’à une demi-verste de la route, et pourtant cela faisait maintenant plus d’un quart d’heure que je marchais à travers les bois sans la retrouver. Il était évident que je n’avais pas suivi une ligne droite. Enfin, un peu plus loin devant moi, je vis une lumière entre les troncs d’arbres serrés. À mesure que je m’approchais, je vis que j’arrivais dans une clairière ouverte sur la route mais cachée par les arbres, de sorte que je ne l’avais pas vue depuis le carrefour. Dans la clairière, il y avait une petite ferme et, à côté d’elle, une grange. La clarté que j’avais vue venait de la grange. Il n’y avait aucune lumière aux fenêtres de la ferme. La vue de ces bâtiments isolés, recouverts de neige, surgissant de ces bois sombres, me donna l’impression d’être un enfant dans un effroyable conte de fées.
    Je rampai à proximité de la grange et écoutai. J’entendis à l’intérieur les voix gutturales et joviales des Opritchniki. Ils semblaient avoir retrouvé leur bonne humeur. Quelque chose leur avait remonté le moral après leur défaite au carrefour. Je me frayai silencieusement un chemin vers la porte, à la recherche de quelque fissure dans le bois à travers laquelle je pourrais les observer.
    Je plaçai mon œil devant la fente étroite au niveau de la charnière de la porte mais, avant que j’aie pu regarder à l’intérieur, la porte fut violemment ouverte vers l’extérieur, à une grande vitesse. J’aurais été écrasé lorsqu’elle claqua contre le mur de la grange si je n’avais pas roulé pour m’en écarter. Dos au mur, je me ramassai pour combattre, ne sachant pas si la porte avait été ouverte à cause de mon arrivée ou pour une autre raison fortuite.
    Depuis le seuil, quelque chose fut jeté dans la neige vers l’extérieur, presque jusqu’aux arbres. C’était grand et massif, et cela s’enfonça dans la neige en atterrissant. J’entrevis les deux Opritchniki qui l’avaient lancé, mais ils ne s’aventurèrent pas à l’extérieur et ne me virent pas. Ayant accompli leur tâche, ils s’en retournèrent à l’intérieur. J’entendis davantage de rires et de bavardages dans leur langue, ainsi que ce que j’identifiai comme un cri en russe disant « Niet ! » , d’une voix qui n’appartenait certainement pas à l’un des Opritchniki. Puis la voix de Iouda aboya une instruction quelconque, et la porte de la grange fut refermée.
    Plutôt que d’aller directement vers l’objet qu’ils avaient éjecté, ce qui m’aurait fait passer droit devant la porte et, par conséquent, potentiellement dans le champ de vision des vampires, je retournai dans les taillis et contournai la bordure de la clairière jusqu’à ce que je sois aussi proche que possible du paquet. Je rampai pour examiner ce que les Opritchniki avaient si négligemment rejeté.
    C’était, conformément aux prévisions que j’avais désespérément tenté de nier, un corps. J’écartai la neige qui couvrait le visage et le choc me fit reculer, levant ma main pour couvrir ma bouche. C’était une femme d’âge moyen, assurément morte, mais

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