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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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ces souvenirs. Je pouvais entendre le bavardage léger des filles et les murmures calmes et inutilement séducteurs de leurs prétendants, qui avaient autrefois empli la pièce. J’y entrerais pour la dernière fois. Dans son état sombre et silencieux, je m’en rappellerais toujours, je le craignais, comme l’antichambre d’une occasion fort différente. En m’y retenant, je tentais non seulement de revivre des temps plus heureux, mais aussi de retarder ma montée à l’étage pour accomplir ce que j’avais à faire.
    Bien qu’il fasse jour à l’extérieur, les lourds rideaux qui recouvraient toutes les fenêtres maintenaient l’intérieur dans une obscurité feutrée. Sur une table se trouvait une bougie, que j’allumai. Les ombres menaçantes projetées par la flamme dansante ne contribuèrent guère à raviver dans la salle la vitalité à laquelle je l’avais toujours associée. Je commençai mon ascension de l’escalier. La troisième et la cinquième marche grincèrent toutes les deux bruyamment lorsque je posai le pied dessus. Il était huit heures et demie passées, mais je savais que personne dans le bâtiment ne se préparait encore à se lever. Les heures d’ouverture s’avançaient tard dans la nuit et, par conséquent, la presque totalité de la matinée était consacrée à un sommeil réparateur. Le bruit de mon approche n’éveilla personne.
    Je traversai le palier et posai la main sur la poignée de la porte de Domnikiia. J’écoutai avant de la tourner. À l’intérieur, je ne percevais rien. Je ne savais pas à quoi je m’étais attendu. Quelque part en moi, j’avais ressenti le besoin de frapper. Cette légère pause de politesse apparente s’y substitua en quelque sorte. Je tournai la poignée et entrai.
    À l’intérieur, tout était familier. En face de la porte, la coiffeuse de Domnikiia était recouverte de son attirail cosmétique. D’un côté se trouvait sa fenêtre ; la lumière vive du jour luisait à peine à travers les persiennes et les rideaux épais. À l’opposé se trouvait son lit. Je pouvais entendre son souffle léger et je voyais la literie s’élever et redescendre en rythme. C’était une nuit froide, et Domnikiia était abondamment enveloppée de couvertures. Seul son beau visage en émergeait. Ses longs cheveux bruns, tressés en une queue-de-cheval, ornaient l’oreiller à côté d’elle.
    Il aurait été facile d’ouvrir simplement les rideaux et les volets et de laisser le jour entrer en cascade par la fenêtre et sur son lit, détruisant ses restes corporels comme je l’avais vu détruire Iakov Zevedaïinitch ainsi que Piotr, mais je me rappelai l’expression de terreur dans les yeux de Piotr lorsque le soleil l’avait touché pour la première fois et le cri effrayé que Iakov Zevedaïinitch avait émis lorsqu’il s’était retrouvé projeté dans la lumière. Cela, me semblait-il, était la mort qu’ils trouvaient la plus terrible et la plus douloureuse. Ce n’était pas ce que je souhaitais infliger à Domnikiia. Dans le cas de ces deux-là, ainsi que pour tous les Opritchniki, j’avais voulu qu’ils soient conscients de leur propre mort, et je voulais qu’ils comprennent que j’en étais la cause. C’était pour cela que j’avais pénétré dans la grange avant l’aube, pour être certain qu’ils soient encore éveillés. Avec Domnikiia, c’était exactement le contraire. Il n’y avait aucune nécessité pour elle d’être consciente de la brièveté de son existence en tant que vampire, ou du fait que j’y avais mis fin. Sa vraie vie, Iouda l’avait interrompue la veille au soir. Je ne faisais que remettre de l’ordre derrière lui.
    Je plaçai la bougie sur la table de chevet et je m’assis doucement à côté d’elle. La lumière de la chandelle illumina une pomme posée sur la table, dont deux ou peut-être trois bouchées avaient été croquées. La chair avait déjà commencé à brunir depuis que Domnikiia avait mangé. C’était certainement le dernier repas qu’elle avait pris, la dernière chair savoureuse qu’elle dégusterait jamais. Je tentai de la regarder, mais n’y parvins pas. Je me détournai d’elle et berçai ma tête entre mes mains, sanglotant en silence. Une fois encore, je tentai de mobiliser ma haine. Ce n’était pas une haine dirigée contre elle, même si c’était elle qui était volontairement devenue ce monstre. C’était une haine dirigée contre les vampires et, en

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