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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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Vadim, Claude.
    Comme la plupart des soldats au front, ils ne savaient pas grand-chose de la stratégie de leurs supérieurs. Ils la comprenaient globalement
    – le plan consistait à prendre Moscou – et, plus généralement encore, que tout cela était dû au fait que les perfides Russes commerçaient avec les Anglais. Ils la comprenaient aussi au plus bas niveau : le lendemain matin, ils étaient censés attaquer les emplacements russes situés juste en face d’eux. Nous découvrîmes que les lacunes de leurs informations se situaient quelque part entre les deux, dans la manière dont allait être conduite la bataille du lendemain et de la façon dont les Français prévoyaient de rejoindre Moscou depuis Borodino. Ces lacunes étaient facilement comblées de ragots et de rumeurs.
    Certains des commérages étaient très nationaux et très français. Le sujet le plus en vogue concernait le fait que l’empereur avait reçu ce jour-là un paquet contenant un portrait de son jeune fils – que l’on nommait le « roi de Rome ». C’était une conversation à laquelle je trouvai agréable de prendre part, car elle me rappelait mon propre fils à Pétersbourg et ma « Marie-Louise » à Moscou.
    Pierre avait la même simplicité idéaliste que j’aimais chez Max, bien qu’il soit plus jeune que lui, simplicité qui n’avait pas encore été amoindrie par la moindre idée de réalité politique.
    — Napoléon aime peut-être son fils, et c’est très bien, mais je doute qu’il le voie réellement comme un héritier. (Il jeta un coup d’œil circulaire sur nous en quête d’acquiescement.) Il ne s’est couronné empereur que temporairement, pour garder la République sur la bonne voie en des temps difficiles, mais il sait que le prochain empereur, ou quoi que ce soit qu’il choisisse comme terme pour se désigner, doit s’élever au mérite, comme lui, et non pas en vertu d’une naissance chanceuse.
    De façon inhabituelle, Vadim releva l’allusion politique, bien que ce soit d’un point de vue typiquement domestique.
    — Mais, si tu crois cela, tu impliques que Napoléon a épousé Marie-Louise par amour. Tout le monde s’accorde à dire qu’il aimait vraiment Joséphine et qu’il l’aime toujours.
    — Je suis d’accord avec Claude, dit Guillaume, parlant pour la première fois. Napoléon a fait un grand sacrifice en quittant la femme qu’il aime afin de donner au pays un héritier pour le remplacer.
    — En quittant la femme qu’il aime pour une fille qui a la moitié de son âge, ajouta Louis avec cynisme.
    Je pris un risque.
    — Le même sacrifice que tout Français patriote fait lorsqu’il laisse sa femme pour rendre visite à sa maîtresse.
    Mon coup paya. Tous quatre rirent à l’unisson.
    Vadim, qui n’était jamais le meilleur pour exprimer son indiscutable patriotisme russe, trouva soudain les mots pour faire mine d’être le plus authentique des patriotes français.
    — Et pourtant, Napoléon est heureux de les laisser toutes les deux afin de nous guider ici dans l’intérêt de la France.
    Il avait trouvé exactement le ton qu’il fallait, et l’approbation générale s’exprima dans une profusion de hochements de tête gaulois tout autour du feu.
    — Vous pensez qu’il savait ce que l’ennemi nous préparait ? demanda Louis après un silence pensif.
    — Ils ne semblent pas s’être franchement défendus jusqu’à présent, dis-je.
    — Pas les combats, expliqua Stéphane. Cette nouvelle arme.
    — Vous n’en avez pas entendu parler ? ajouta Guillaume. C’est une sorte de maladie. Ils essaient de la répandre parmi nous.
    — Non, ce n’est pas une maladie, dit Stéphane. Ce sont des animaux – des meutes de loups entraînés qu’ils lâchent sur nous.
    — Si c’étaient des loups, nous les aurions vus, déclara Pierre.
    — Peut-être, ou peut-être pas, répliqua Guillaume. Les loups chassent la nuit, et l’on ne voit pas grand-chose alentour ici lorsque la nuit tombe.
    — Et comment pourraient-ils propager une maladie, de toute façon ? demanda Stéphane.
    — Il suffit d’un ou deux cadavres infectés, expliqua Louis. Ils n’ont pas besoin d’être catapultés au-dessus des murailles d’un château assiégé : il suffit de les glisser parmi les corps de nos propres morts et blessés.
    — J’ai entendu raconter ce matin que trois d’entre eux – des saboteurs russes – sont entrés dans un camp avec leurs poches et leurs sacs à dos remplis de

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