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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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aux gens d’être sûrs de certaines choses alors qu’ils ne pourront jamais avoir la certitude de leur existence. Et c’est une idée importante à faire passer, même si la Bible la fait mousser.
    — Une idée importante ?
    — Pour les masses et pour les politiciens. Pour n’importe qui ayant peur de la connaissance, d’eux-mêmes ou des autres. Pour quiconque voit le bonheur comme l’alpha et l’oméga de l’existence.
    La vision que Max avait de la foi était celle d’un bonheur illusoire, d’une vie passée dans une joyeuse ignorance par crainte de découvrir la vérité. Cela pouvait fonctionner pour certains, mais je méprisais le concept tout autant que lui.
    — Mais cette histoire ne vise-t-elle pas juste à raconter les événements qui ont eu lieu ? avais-je demandé davantage pour l’aiguillonner que pour véritablement me renseigner.
    Max avait eu une exclamation désapprobatrice.
    — Pourquoi donc les gens croient-ils que la Bible est le seul livre dans l’histoire de l’humanité à ne pas manier l’allégorie ? Gulliver est-il réellement allé à Brobdingnag ? Candide a-t-il vraiment visité El Dorado ? C’est comme tous ces contes populaires que nous racontent nos grands-mères. Aucun d’entre eux n’a jamais eu lieu. D’abord tu décides de l’idée que tu essaies de faire passer, puis tu inventes une histoire qui la transmet. Tu dois voir plus loin que les fantômes, les vampires et les miracles pour comprendre le message moral.
    Il s’était arrêté, se rappelant qu’il devait respirer. Son enthousiasme frisait la colère, mais le plaisir que je prenais à l’écouter n’était surpassé que par le plaisir qu’il prenait à parler. Il sourit d’un air piteux, constatant qu’il s’était contredit lui-même d’une manière que je n’aurais pas repérée.
    — Enfin, simplement parce que certains contes populaires sont inventés ne signifie pas qu’ils le sont tous. Des arbres dans la forêt, n’est-ce pas ?
    Maintenant, tandis que je marchais aux côtés de Vadim en direction des lignes françaises, me remémorant cette conversation, je me demandai si, quelque part dans cette campagne russe obscure, Max était en train de distraire les trois Opritchniki sous ses ordres avec des polémiques similaires. Ils ne semblaient pas vraiment du type à s’engager dans des discussions théologiques, ce qui était d’autant mieux pour Max : il ne risquait pas d’être interrompu.

    — Je viens juste de penser à quelque chose, murmura Vadim, coupant court à mes souvenirs.
    Nous étions revenus sur la route où nous avions, un peu plus tôt, observé comment les Opritchniki massacraient le peloton français. Nous étions tout au plus une verste au-delà de la ferme.
    — Quoi ? demandai-je.
    — Nous pourrions être pris pour des ennemis par notre propre camp.
    — Ou par les Opritchniki, du moins, ajoutai-je.
    Il s’arrêta et se tourna vers moi.
    —Ils sont vraiment de notre côté, Alexeï. Ce qu’ils font n’a aucune importance, ils le font pour la meilleure des raisons – pour la Russie.
    Une fois de plus, le vieil argument cliché me rassura mais, tandis que nous poursuivions, je fus frappé par le fait que, si leurs intérêts pouvaient coïncider avec ceux de la Russie, cela ne signifiait pas pour autant qu’ils combattaient pour la Russie de la même manière que nous. On aurait alors aussi bien pu dire que nous – Vadim et moi – combattions pour l’Angleterre. À l’heure actuelle, nous combattions du même côté, mais la simple signature d’un traité pouvait tout changer en un instant. Et je doutai que les Opritchniki aient besoin du moindre traité écrit pour changer d’allégeance.
    L’ennemi semblait négliger la sécurité et il s’avéra très facile pour deux officiers Russes, pourvus d’uniformes français et d’un accent passable, d’entrer dans un camp comptant peut-être deux cents hommes, à la veille de ce qui pourrait bien se révéler être la bataille décisive de la campagne. D’expérience, nous nous tînmes à distance des tentes où les officiers de rangs supérieurs étaient cantonnés, sachant pertinemment qu’ils auraient des lèvres mieux scellées et des oreilles plus vigilantes que les grades inférieurs. Nous finîmes par nous asseoir autour d’un feu en compagnie de quatre jeunes officiers d’artillerie qui se présentèrent comme Stéphane, Guillaume, Pierre et Louis. Pour la soirée, je devins André et

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