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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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était tard lorsque nous parvînmes au lieu de rendez-vous, une petite étable adossée à une auberge. Celle-ci, comme tant de bâtiments sur la route de Moscou, avait été désertée aussi bien par les propriétaires que par les hôtes, en prévision de l’avance de Bonaparte. Nous décidâmes de renoncer au confort de la paille pour dormir dans les chambres de l’hôtellerie elle-même. Aucun de nous deux n’avait pu réellement dormir depuis plus de vingt-quatre heures, nous profitâmes donc pleinement de l’occasion.
    Le matin suivant, nous n’entendions plus le grondement des tirs de canon. La grande bataille était terminée, bien que nous n’ayons aucune idée de son issue. Nous nous rendîmes à l’étable pour voir s’il y avait le moindre signe indiquant que Max ou Dimitri étaient passés là avant nous. Il ne nous fallut pas longtemps pour trouver un message bref mais précis de Max, tracé à la craie sur le mur :
    9 – 26 – 8 – M
    Nous l’avions manqué de douze heures seulement lorsque nous étions arrivés la veille au soir. Je notai également le tremblement de sa main quand il avait écrit. Il avait été fatigué ou effrayé – ou les deux. Il n’y avait aucune trace de Dimitri.
    Nous décidâmes d’attendre, à la fois pour voir si Dimitri allait se montrer et pour connaître les nouvelles en provenance de Borodino. Nous trouvâmes un peu de nourriture abandonnée dans l’auberge et nous confectionnâmes un petit déjeuner acceptable. Dans le courant de la matinée, les premiers éléments de nos troupes en retraite traversèrent le village.
    Les nouvelles étaient confuses. Il y avait eu de lourdes pertes des deux côtés, bien que personne ne puisse les chiffrer, même approximativement ; ce n’est que beaucoup plus tard que j’appris l’ampleur réelle de l’horreur. Quelque temps avant l’aube, après quasiment une journée entière de combat, Koutouzov avait donné l’ordre de la retraite russe. Pourtant, certains des cavaliers qui traversaient le village désignaient encore la bataille comme une victoire pour la Russie – disant que, même si nous avions été contraints de nous retirer, nous avions infligé suffisamment de dommages pour mettre fin à l’avancée de Bonaparte et qu’il ne serait désormais jamais en mesure de se rendre maître de Moscou. D’autres étaient moins optimistes mais gardaient néanmoins encore un peu d’espoir ; Bonaparte allait prendre Moscou mais ne pourrait pas garder la ville. D’autres encore pensaient qu’on ne pouvait désormais plus rien faire pour empêcher les Français de franchir les portes de Pétersbourg.
    Quelle que soit l’analyse de l’avenir, il était clair que notre séjour à Chalikovo n’avait que peu d’intérêt. Nous nous mîmes en selle et nous dirigeâmes vers l’est, suivant la route de Moscou, dépassant rapidement les survivants de notre glorieuse armée, débraillés, las de la guerre mais pas encore totalement démoralisés. Pour nous autant que pour eux, Moscou était l’endroit évident où se rendre. Mais quel que soit le camp qui pouvait en toute honnêteté revendiquer la victoire de Borodino, Bonaparte avait toujours cent mille hommes valides sous son commandement et ces forces prodigieuses allaient bientôt – comme nous – fondre sur notre ville bien-aimée.

    Cette nuit-là, nous dormîmes à la dure. Nous arrivâmes à Moscou aux alentours de midi le jour suivant. De retour à l’auberge de Tverskaïa, nous prîmes quelques renseignements. Dimitri y était arrivé plus tôt dans la journée, mais il était déjà reparti. Nous n’avions pas vu Max depuis que nous avions pris la route, une semaine et demie auparavant. Vadim s’en fut chercher Dimitri dans quelques-uns des endroits où il se rendait assez régulièrement, et je déclarai que j’allais faire de même pour Max.
    Et c’était une justification suffisante pour moi. Je savais parfaitement que Max avait été voir Margarita au bordel, même si je n’en avais parlé ni à Vadim ni à Dimitri. Ainsi donc, aller voir à la maison close était un choix absolument raisonnable lorsque l’on recherchait Max. Le temps que j’y passais finalement ne l’était peut-être pas tout à fait autant.
    Je fus immédiatement surpris par l’affection avec laquelle Domnikiia m’accueillit. Son comportement habituel dans le salon, devant toutes les autres filles et les clients, était retenu mais, ce jour-là, Domnikiia me prit

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