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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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Oui ?
    — Pourquoi toutes ces imprécations, commandant ? Le combat est une affaire sacrée. Jurer à la bataille, eh bien, c’est comme blasphémer à l’église.
    Je le regardai avec étonnement, et pourtant je savais déjà que les Cosaques prenaient leurs combats extrêmement au sérieux.
    — Je vais tenter de garder cela en tête, dis-je.
    — Dieu vous punira, commandant, poursuivit-il, non pas sur le ton sinistre d’un prêtre, mais comme s’il me rappelait qu’il était judicieux de garder propre le percuteur de mon mousquet. (Son raisonnement était tout aussi simple.) Vous risquez de vous faire tuer… et nous aussi par la même occasion.
    Je ris, rejetant la tête en arrière, davantage à cause de l’euphorie de la bataille qu’autre chose, mais j’admirai l’aspect pratique de sa piété.
    Une fois revenus derrière nos propres lignes, nous passâmes d’officier en officier avant que je sois finalement conduit au commandant des Cosaques, le général Platov. Le sergent lui expliqua ce qui s’était passé. Platov caressait sa fine moustache et m’observait des pieds à la tête.
    — Et qui diable êtes-vous ? demanda-t-il.
    — Capitaine Danilov, général ; du régiment des hussards de la garde de Sa Majesté.
    — Et où se trouve votre uniforme ?
    — J’étais en mission spéciale, général.
    Platov savait que, si c’était vrai, il n’obtiendrait que peu de réponses à toute question supplémentaire. D’un autre côté, c’était une affirmation assez facile à faire pour quiconque. J’étais sur le point de lui montrer mes papiers mais, avant que je le puisse, il parla brièvement avec un adjudant qui s’éloigna ensuite.
    — C’est ce que nous allons bientôt voir, dit-il.
    Il n’ajouta rien de plus mais reprit sa chevauchée et se mit à étudier le terrain à travers sa lunette. Quelques minutes plus tard, son adjudant revint, accompagné d’une silhouette que je reconnaissais, même au loin, à sa crinière épaisse, sombre et bouclée. Il s’agissait du lieutenant général Fiodor Piétrovitch Ouvarov, officiellement mon commandant. Constatant son arrivée, Platov se rapprocha de nous. Il arriva au moment où Ouvarov me saluait.
    — De retour parmi nous, Alexeï Ivanovitch ? demanda Ouvarov avec un demi-sourire.
    Il n’avait pas éprouvé de ressentiment lorsque Vadim lui avait demandé si je pouvais être temporairement emprunté à son régiment, mais il avait été désolé de me voir partir.
    — Simplement de passage, mon général, répondis-je.
    — Vous pouvez donc vous porter garant de cet homme ? demanda Platov.
    — Autant qu’il est possible, déclara Ouvarov.
    — Vous voulez le récupérer ?
    Platov parlait du même ton qu’il aurait utilisé pour parler d’un chien perdu.
    Ouvarov leva un sourcil interrogateur dans ma direction.
    — Je crois que je suis bien où je suis, général, dis-je.
    — Très bien, déclara Platov, m’accordant à peine un regard. (Il jeta un œil à sa montre de gousset.) Préparez-vous, nous avançons dans dix minutes.
    Et ainsi, un quart d’heure plus tard, je conduisis une fois de plus mes Cosaques, accompagnés de nombreux autres, à travers la Kolotcha. Tous les Cosaques, Bachkirs et Tatars de Platov prirent part à l’attaque, ainsi que la cavalerie plus régulière d’Ouvarov dont j’aurais pu faire partie dans une autre vie. Cette fois-ci, nous débordâmes les Bavarois mais, presque aussitôt après avoir traversé la rivière, nous rencontrâmes aussi bien la cavalerie que l’infanterie légère, que les forces d’Ouvarov engagèrent, permettant au reste d’entre nous de déborder davantage l’ennemi et de parvenir derrière leurs lignes.
    Je chargeai, me prenant pour Davidov, mon propre héros, que j’avais un jour rencontré à la bataille d’Eylau, mais que Vadim avait connu en Finlande. Il était célèbre encore aujourd’hui – et allait le devenir bien davantage d’ici peu, pour ses raids audacieux à la tête des troupes cosaques. Nous attaquâmes quiconque était en vue, répandant, comme toujours avec les Cosaques, le chaos et la peur parmi l’ennemi – principalement des Italiens et des Bavarois –, qui ne pouvaient organiser la moindre défense. J’ignore si nous eûmes réellement un impact significatif sur la bataille, mais il y avait dans ce genre de combat un sentiment d’exaltation que je n’avais pas connu auparavant et que je ne retrouverais pas ensuite. Une fois encore,

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