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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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l’intérieur et écoutant attentivement. Je ne perçus que de vagues bruits de déplacement, puis le fracas du verre brisé, suivi d’une exclamation que je supposai être un juron.
    Soudain, une faible lueur devint visible à l’entrée de la cave. Évidemment, Matfeï était aussi aveugle que moi dans les ténèbres épaisses et il avait besoin d’une lumière supplémentaire. Je m’approchai davantage de l’ouverture, restant debout afin d’être prêt à m’enfuir et également pour éviter d’observer depuis les bords de la trappe et de me retrouver face à Matfeï. De cette manière, j’avais une bonne vision de l’intérieur de la cave tout en restant à bonne distance et, si je voyais enfin Matfeï, je serais encore assez loin pour qu’il ne puisse m’atteindre.
    La première chose que je vis était les restes étincelants de plusieurs bouteilles de vodka brisées, probablement celles que Matfeï avait cassées dans l’obscurité. Derrière elles se trouvait une petite lanterne qui éclairait la pièce – Matfeï avait été bien chanceux de la trouver là, ou bien avisé de l’avoir apportée. Une mare de vodka renversée se répandait depuis les bouteilles et détrempait progressivement le sol de terre compacte de la cave, mais je ne pouvais toujours pas voir Matfeï ni sa victime. Je m’approchai encore d’un pas pour améliorer ma ligne de mire et un pied entra dans mon champ de vision ; celui de Matfeï, apparemment. Il était agenouillé ou même à quatre pattes et ainsi la semelle de sa botte était tournée vers le haut. À côté d’elle, la flaque transparente de vodka se mélangeait à un autre liquide sombre qui se répandait, dont je ne pouvais voir la source.
    Un pas de plus vers la porte de la cave et le tableau complet se révéla. Matfeï était à genoux, penché sur le corps du soldat français. Il appuyait d’une main sur la poitrine de l’homme, pour le maintenir au sol au cas où il tenterait de lutter, bien qu’il n’en apparaisse que peu capable. De l’autre main, placée sous le menton du soldat, il repoussait sa tête à un angle macabre de sorte que son cou faisait une saillie aguichante vers l’extérieur et vers le haut. Au premier abord, on aurait pu croire que Matfeï l’embrassait ou tentait de le réanimer ; néanmoins, ce n’était pas sur la bouche du soldat que Matfeï avait placé ses propres lèvres, mais sur son cou.
    La flaque sombre que j’avais vue était une mare de sang s’écoulant de la gorge du soldat sous la bouche de Matfeï. C’était impensable, mais cela pouvait uniquement signifier que Matfeï buvait le sang de l’homme. Même ainsi, il en gaspillait une grande quantité. Ce n’était toutefois pas, me rappelai-je avec un frisson, son premier repas de la soirée.
    Matfeï ajusta légèrement sa position et les jambes auparavant immobiles du soldat se mirent à se démener dans une dernière tentative pathétique et désespérée de résister à l’agression faite à son corps. Matfeï appuya plus fermement sur la poitrine de l’homme et commença à relever la tête, satisfait, pensai-je, et marquant une pause dans son ignoble beuverie.
    Mais lorsqu’il leva la tête, le cou et la tête du soldat se déplacèrent avec lui. Matfeï repoussa le corps et je vis que ses dents étaient encore profondément enfoncées dans la gorge de l’homme. Comme il exerçait une tension vers le haut, la peau se rompit brutalement, et la tête de Matfeï partit en arrière, un morceau de chair battant sur sa bouche sanglante.

Chapitre 13
    — Voordalak !
    Le mot s’était frayé un chemin du plus profond de mes souvenirs d’enfance jusqu’à mes cordes vocales avant que mon esprit adulte ait eu le temps de le noyer dans le mépris. J’entendis le mot chuchoté et seulement alors réalisai-je que c’était moi qui l’avais prononcé.
    Voordalak . Le vampire. J’entendis le mot énoncé par la voix qui me l’avait dit pour la première fois. Le souvenir se fit instantanément vif : la vieille maison à Pétersbourg qui appartenait à ma grand-mère et dans laquelle elle s’était retirée, dans quelques pièces seulement, dans son grand âge et sa richesse sur le déclin ; le goût et la texture des pirojki sucrés dont elle maintenait un approvisionnement apparemment sans fin ; les enfants rassemblés autour d’elle – moi-même et mes deux frères, ainsi que divers cousins dont je ne parvenais jamais vraiment à garder le

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