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Du sang sur Rome

Du sang sur Rome

Titel: Du sang sur Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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portique était
éclairé par un unique brasero. Les deux hommes chargés de protéger Sextus
Roscius montaient la garde.
    Ils ne s’attendaient pas à voir surgir de l’ombre et foncer
vers eux au pas de course un citoyen romain essoufflé, portant un esclave sur
son dos. Ils cherchèrent leur épée et se mirent debout d’un bond.
    — Aidez-nous ! dis-je en haletant. Cæcilia Metella
me connaît. On veut nous tuer !
    Les soldats s’écartèrent, prêts à jouer de l’épée, mais ne s’interposèrent
pas quand j’inclinai la tête pour me délester de mon fardeau. Tiron fît un pas
en boitant et s’écroula sur le seuil. Il gémissait. Je passai à côté de lui et
me mis à tambouriner à la porte, puis j’aperçus Magnus et Glaucia. Ils
faisaient une pause à proximité du brasero.
    En les voyant, les gardes reculèrent d’un pas. Magnus avait
les cheveux ébouriffés, le visage balafré et les narines dilatées, Glaucia le
front en sang. Tous deux brandissaient un coutelas. Je frappai de nouveau à la
porte de toutes mes forces.
    Magnus nous regarda de travers, abaissa son arme et invita
Glaucia à en faire autant.
    — Ces sont des voleurs, s’exclama-t-il en me désignant
du doigt, des cambrioleurs que nous avons surpris. Ils ont forcé la porte chez
Lucius Cornélius Chrysogonus. Livrez-les-nous !
    Sa voix calme et posée contrastait avec son air farouche. Il
n’était même pas essoufflé.
    Les deux soldats se regardaient, indécis. Ils avaient reçu l’ordre
d’empêcher un prisonnier de s’évader, mais pas d’empêcher quelqu’un d’entrer ou
de faire la police dans la rue. Pourquoi aideraient-ils deux sinistres
individus armés ? Pourquoi protégeraient-ils deux visiteurs qui arrivaient
inopinément en pleine nuit ? Si Magnus leur avait dit que nous étions des
esclaves fugitifs, les soldats auraient dû remplir leur devoir de citoyens et
nous livrer. Mais il était trop tard pour qu’il invente une autre histoire.
Voyant les gardes impassibles, Magnus glissa la main sous sa tunique et en
sortit une bourse bien garnie. Les gardes regardèrent la bourse, échangèrent un
clin d’œil puis nous considérèrent, Tiron et moi, sans la moindre pitié.
Pendant ce temps-là, je frappai à la porte à coups redoublés.
    Elle finit par s’entrouvrir et j’aperçus les yeux
calculateurs de l’eunuque Ahausarus. Son regard se posa successivement sur moi,
sur Tiron et sur les assassins qui étaient dans la rue. J’étais encore
essoufflé et avais peine à lui fournir des explications. Il nous fit entrer et
referma brusquement la porte.
    Ahausarus ne voulut pas réveiller sa maîtresse. Il refusa
également de nous laisser passer la nuit dans la maison. (« Impossible ! »
fît-il avec une moue dédaigneuse, comme si la présence de Sextus Roscius et de
sa famille était un déshonneur suffisant.) Il se pouvait que Magnus fût
embusqué dehors ou, pis encore, qu’il eût dépêché Glaucia pour avoir des
renforts. Mieux valait décamper au plus vite. Après des négociations menées
rondement, Ahausarus fut heureux de nous voir quitter les lieux. Deux petits
esclaves à moitié endormis portèrent Tiron sur une litière et des gladiateurs
de la garde personnelle de Cæcilia Metella nous escortèrent.
    — Je ne veux plus de vos équipées ! s’exclama
Cicéron d’une voix sévère. Cela ne sert à rien. Quand, demain matin, elle
apprendra ce qui s’est passé, Cæcilia sera indignée. Tiron s’est blessé.
Espionner Chrysogonus dans sa propre maison, qui plus est lorsque Sylla s’y
trouve, aurait pu avoir des conséquences désastreuses. Quel scandale si mon
propre esclave et un acolyte de sinistre réputation – pardonne-moi,
Gordien, mais c’est la vérité – étaient découverts chez un
particulier qui donnait une réception en l’honneur de Sylla ! Cela
pourrait facilement passer pour une atteinte à la sûreté de l’État. Que
serait-il arrivé si l’on vous avait capturés et conduits devant Chrysogonus ?
On vous aurait traités de voleurs, ou pis encore de criminels. Souhaitez-vous
qu’on me tranche la tête et qu’on la plante au bout d’une pique ? Tout
cela en vain. Tu n’as rien appris de nouveau au cours de ton escapade, pas vrai ?
Ton travail est terminé, Gordien. Maintenant toute l’affaire repose sur Rufus
et sur moi. Dans trois jours aura lieu le procès. Jusque-là, tu ne quitteras
pas cette maison, tu entends ?
    Certaines personnes

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