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Duel de dames

Duel de dames

Titel: Duel de dames Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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ses
nuits d’amour avec la reine et sa dame d’honneur. Pierre de Foissy en
avait gardé la chambre pendant une semaine, l’esprit assailli d’images lascives
qui avaient torturé sa nature. Ozanne incarnait la démone, cause de tout le mal,
Orléans vit là de quoi montrer son attachement à son frère en agissant. Il ne
manquerait plus que les médecins percent le crâne du roi en sa présence, au
risque de le tuer. Il usa de son autorité de prince et fut pris d’une sainte
colère. Il chassa à la fois les mires et la torture du vilebrequin, et l’irascible
Pierre de Foissy. À la vue de l’état de Charles, il n’y avait plus rien à
perdre, et Ozanne de Louvain avait des dons de guérisseuse maintes fois
prouvés.
    — C’est le troisième jour que je me présente,
lui dit-elle les larmes aux yeux, et que l’on me chasse, tantôt c’est par les
gardes de Bourgogne ou les médecins, et, maintenant c’est frère de Foissy.
Pourtant, je ne veux que le salut du roi.
    — Entrez, Ozanne, je me fais fort de votre
tranquillité, et je connais céans un médecin qui saura vous soutenir. Je vais
le quérir.
    C’était dans l’action qu’il fallait qu’il se
singularise pour la sauvegarde du roi. Louis s’était attaché un médecin fameux,
Guillaume de Harcigny, qui revenait d’Égypte où il avait acquis la science
et la sagesse de la médecine arabe. Il aimait à discourir avec lui, car il
aimait la science. Il voyait, avec Guillaume de Harcigny et Ozanne, l’espoir
de sauver son frère, le miracle dont il saurait se prévaloir contre toutes les
rumeurs qui lui faisaient grief.
    *
    Rue des Écrivains, Nicolas Flamel surveillait ses
jeunes apprentis en calligraphie, l’œil acéré derrière les besicles qui
pinçaient son nez épaté. Ils étaient au nombre de six, penchés sur leurs
écritoires, inquiets de la mauvaise humeur de leur maître.
    — Guillaume, tu as appris à tailler ta plume
d’oie en biseau, l’excellence pour les pleins et les déliés de l’écriture… qui
se nomme ?
    —  Gothique fraktur, qui est un mélange
de la cursive germanique et de la gothique textura quadrata, récita
ledit Guillaume dont les mèches, d’un roux flamboyant, s’échappaient de son
bonnet.
    — Et… ?
    —  Gothique fraktur veut dire gothique
brisé.
    — Bien ! Très bien ! Mais, si tu
sais tailler ta plume, tu ne sais la tremper. Pas assez d’encre, c’est délavé, trop,
ce sont des pâtés. Recommence, prends un autre parchemin et fais sécher
celui-là ! À la bonne heure, ils ne sont que de mouton et non du vélin
précieux, et le vélin est fait, sire Guillaume… ?
    — De veaux mort-nés, maître.
    — Bien ! Une fois sec, tu n’auras plus
qu’à le regratter [57] ,
à ce rythme, il n’en restera plus rien qu’à brûler.
    — Au feu, au feu ! scandèrent alors les
autres élèves en gloussant.
    La frimousse constellée de taches de rousseur de
Guillaume devint rouge comme brique. Il ne faisait pas bon être rouquin, couleur
associée aux flammes de l’enfer.
    Nicolas Flamel s’approcha d’un apprenti qui riait
plus fort que les autres, un adolescent brun à l’allure dégingandée.
    — Voyons si tes jambages sont toujours aussi
raides que ton esprit, sieur Octavio ?
    Celui-ci s’empourpra comme son malheureux
condisciple.
    — De la souplesse, monsieur le rieur, de la
souplesse, le gourmanda Flamel. Tu n’as pas plus de souplesse dans ta cervelle
que dans ton poignet. Et, à voir la régularité de tes lignes, il m’en prend le
tournis. Séché et regratté ! ordonna-t-il. Ils me ruineront en parchemins
par leur incompétence, bougonna-t-il dans sa barbe, ses petits yeux pétillants
de fureur.
    Parti en inspection dans les autres ateliers où se
faisaient enluminures et reliures, ainsi que la calligraphie de copieurs
qualifiés, Nicolas Flamel était, depuis son retour, d’une humeur de chien
lorsqu’il avait appris la visite d’Ozanne de Louvain, du frère de la reine
et de Christine de Pisan.
    — Et que voulaient-ils ?
    — Un élixir propre à sauver notre roi !
    — Et tu savais ce qu’elle voulait !
    — Pardi ! dit-elle en haussant les épaules.
Mais fallait-il pour autant que je néglige la supplique de la reine ?
    — Et qu’as-tu donné ?
    — Ce qui me semblait le plus approprié, de l’ellébore
propre à dissiper les mauvaises humeurs. Depuis quand te préoccupes-tu de mes
potions ?
    — Depuis que tu as en

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