Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Eclose entre les lys

Eclose entre les lys

Titel: Eclose entre les lys Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
Vom Netzwerk:
j’ai bonnes nouvelles. Mes patrouilles
ont arrêté et pendu vos deux premiers agresseurs. La couleur sombre dont leurs
armures étaient brossées n’était que feinte qui ne masquait que vils
coupe-jarrets.
    — Je ne comprends pas. N’étaient-ils pas à Geoffroy
Tête-Noire ?
    — En aucune façon. Ils étaient de cette
espèce maudite qui contrefait son apparence, soit obligeante pour attirer
voyageurs et marchands sans méfiance dans leurs pièges, soit pour les
épouvanter par leur aspect. Une espèce qui égorge les malheureux égarés pour
une paire de bottes ou un pourpoint de velours. Les vrais Têtes-Noires vous
voulaient vivants et monnayables. Mais ceux-là, s’ils s’étaient saisis de vous,
ils vous auraient laissés tous deux nus et crevés dans un fossé.
    Il sentit plus qu’il ne vit Isabelle frémir.
    Bien que ce type de brigandage soit courant, le
sire de Graville mentait. Quant aux hommes de Laon, ils n’avaient pas été
pris et couraient toujours. Mais il avait trop de rage pour laisser partir le
prince avec sa honte sans chercher à l’adoucir. Louis n’avait que quatorze ans,
et lui aussi était la victime de la trahison des adultes.
    Louis renifla et essuya ses larmes d’un revers de
main.
    — Il n’empêche que j’ai fui devant eux alors
qu’un garde de la reine est venu à la rescousse, s’entêta le prince.
    Il doutait toujours. Certes, l’explication était
aléatoire, mais il fallait le convaincre. Bois-Bourdon fit mine de se fâcher :
    — Quel garde de la reine ? Ce décapité
dont la figure m’est inconnue ? Croyez-vous que je ne me soucie pas de mes
hommes ? Il ne m’en manque aucun ! Ce n’était qu’un complice d’autre
déguisement.
    — Complice ? Mais combien étaient-ils
donc ?
    — Plus encore que vous n’en avez vu. Ces
loups ne se déplacent lâchement qu’en bande, prenant toutes sortes d’apparences,
du mendiant faussement contrefait au chevalier travesti. Ils écument partout, mais
le fief de cette gueuserie se tient au cœur de Paris [19] .
    — Alors, pourquoi ce complice nous a-t-il
secourus ? argua encore le jeune Orléans.
    — Il ne vous a pas secourus ! Il
accourait au sauve-qui-peut, prévenir ses bélîtres de l’arrivée de Geoffroy et
des – vrais – Têtes-Noires.
    Louis en restait bouche bée.
    — Cherchez-vous à me dire que nul n’a eu le
courage d’affronter ce qu’un prince de France fuyait ? dit-il enfin.
    — Et nul ne l’aurait affronté avec une
damoiselle sans l’exposer grandement. La fuite était courage.
    — Y a-t-il courage à tourner bride et à avoir
peur ?
    — Tout le monde a peur. Elle peut être raison
et sauvegarde. Il n’est qu’un être stupide pour l’ignorer.
    Louis se recomposa une attitude et lança avec défi :
    — Connaissez-vous la peur, sénéchal ?
    — J’ai connu grandes peurs et grandes
angoisses. J’ai tourné le dos quand je le devais, j’ai fait face quand il le
fallait. Exposer sa vie en vain est un péché d’orgueil, un crime devant le Dieu
qui vous l’a donnée.
    Tout cela arrangeait le jeune duc qui n’avait
jamais eu l’humeur guerrière, à l’image de son père Charles V le Sage. Il
n’aimait les armes que pour le faste. Mais son immense orgueil ne pouvait avoir
l’air de s’en contenter.
    — Prétendez-vous donner des leçons de
chevalerie au premier prince de France, messire ?
    — Oui, monseigneur, répondit tranquillement
Bois-Bourdon.
    Louis en resta interloqué. Puis il éclata de rire :
    — Décidément, vous me plaisez, monsieur le
sénéchal !
    — Bien que je vous aie trouvé ferraillant
bravement avec de vrais Têtes-Noires, continua Bourdon avec un sourire.
    — Et je vous dois la vie, messire.
    — Non point la vie. Encore une fois, Geoffroy
ne voulait que votre capture. Ce sont ceux que vous avez fuis avec sagesse qui
en voulaient à votre vie et à celle de la reine.
    Louis resta un instant pensif en le considérant.
    — Je vous ai méconnu, sire de Graville.
    — Il en est d’autres, répondit ce dernier en
croisant les fulgurances violettes des yeux d’Isabelle.
    Le duc d’Orléans lui tendit le bras. Bourdon
répondit et ils accolèrent fermement leurs avant-bras, s’entretenant par le
coude, le salut fraternel des hommes de bonne amitié.
    — Je me propose demain de vous faire bonne
escorte jusqu’à Melun, monseigneur, avec votre permission, ajouta Bois-Bourdon.
    — J’ai grand plaisir

Weitere Kostenlose Bücher