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Emile Zola

Emile Zola

Titel: Emile Zola Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edmond Lepelletier
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après s'être examinés, reconnaissant qu'ils sont aptes à procréer des rejetons, se jettent dans les jambes l'un de l'autre.
    Le souhait de la reproduction de l'espèce est un instinct secret de la nature, dit le philosophe de Francfort, et l'amour n'est que l'expression de la volonté de perpétuer la race. Cet instinct est bien secret, en effet, et le désir d'avoir des enfants, excepté pour des souverains et les gens à héritage menacé, est rarement la règle des amants. Les fosses d'aisances, et les procédés malthusiens interviennent même, pour prévenir ou engloutir les conséquences d'un rapprochement corporel, où le souci de laisser une postérité ne fut pour rien. Il est peu croyable que deux amoureux, se vautrant dans les blés ou s'étreignant entre deux portes, se préoccupent surtout, la fille d'être aussitôt enceinte, et le garçon de se trouver, neuf mois après, papa.
    Quand aux époux régularisés, si l'enfant est fabriqué, c'est fort souvent par négligence, surprise, faiblesse ou scrupule religieux, rarement par désir irrésistible de donner des écoliers à l'école, des soldats au régiment et des contribuables au percepteur. Schopenhauer a attribué une conscience au besoin naturel et à la fatalité des sexes, c'est une rêverie philosophique, une explication fantaisiste. L'appétit, le besoin de manger poussent l'être, homme ou animal, à se procurer de la nourriture, ce n'est pas le goût ni le désir de la digestion qui l'excitent. L'attraction sexuelle, le rut, et l'assouvissement de la fringale charnelle ne sont pas stimulés par le charme de la grossesse et la volupté de l'accouchement.
    Zola raisonne bien mieux ces matières, à la fois grossières et subtiles, de l'amour et du mariage, que les philosophes attitrés, sorbonniens et docteurs ès-hautes études.
    Ces graves analystes considèrent comme des futilités, peut-être comme des grivoiseries indignes de leur magistral examen, les problèmes de l'amour et de la recherche des sexes. Zola, dès cette époque, pose la redoutable question de l'identité dans l'amour.
    Est-ce une femme, ou la Femme, qu'on poursuit ou qu'on aime ? Dans l'immédiat, dans le classique coup de foudre, si l'amour est pur, idéal, sans être absorbé par la possession charnelle, c'est à un être fictif, presque toujours inexistant, paré et doté par l'imagination, que s'adresse la passion. Donc chimère. Ou bien, vous vous contentez d'être attiré par le charme du corps, par la beauté des formes, le piquant des traits, et, dans ce cas, ce n'est que la jouissance sexuelle et la satisfaction physique qu'on réclame toujours, et qu'on obtient souvent.
    En préconisant la réflexion dans l'amour, l'attente, le stage à la porte de la chambre à coucher, et comme une sorte d'essai psychique de la vie à deux, Zola n'innovait rien. Il restituait une ancienne tradition. Aux modernes pressés, brûlant les étapes de la conquête d'amour, comme s'il s'agissait d'une course d'autos, il ne faisait que conseiller d'imiter les chevaliers d'autrefois. Leurs belles ne leur imposaient-elles pas de difficiles épreuves, et de longues attentes, avant de leur accorder ce qu'ils sollicitaient, tantôt un galant virelai aux lèvres, et tantôt la rude lance au poing. Le flirt des milieux élégants, où l'on se reçoit, où l'on se rencontre aux villes d'eaux et sur les plages, rappelle encore cette méthode, la lance étant remplacée par le stick et le virelai par une scie de revue en vogue.
    Certaines nations du nord pratiquent volontiers cette mise à l'essai réciproque des futurs époux. Au Danemark, en Suède, il n'est pas rare de voir des fiancés se fréquenter de longs mois, parfois même accomplir ensemble un voyage, avant de s'épouser. En Angleterre, les réunions sportives, où le mélange des sexes est la règle, permettent aux jeunes gentlemen et aux young ladies de s'étudier, de se critiquer, ou de s'admirer tout à loisir. Est-ce à cette cause, à cette jonction des êtres, sans surprise, sans illusions aussi, qu'il convient d'attribuer la fixité des familles, la durée des unions et, en général, le peu d'adultères et de divorces, dans ces pays, dont le climat est, sans doute, réfrigérant, mais dont les moeurs sont plus prudentes que les nôtres ? L'auteur de Vérité devait, trente ans plus tard, reproduire et développer ces théories, en préconisant l'école mixte, réunion enfantine des futurs associés dans

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