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Emile Zola

Emile Zola

Titel: Emile Zola Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edmond Lepelletier
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la Fortune des Rougon ? Comment, de la larve d'écrivain qu'était l'auteur du Voeu d'une Morte, un éblouissant lépidoptère a-t-il pu immédiatement s'élancer ? Ces transformations brusques surprennent toujours. Elles sont fréquentes en littérature, et Zola avait le précédent de Victor Hugo, en qui le conteur de Bug-Jargal ne laissait guère prévoir le merveilleux descripteur de Notre-Dame-de-Paris, et de cet Horace de Saint-Aubin, dont l'Héritière de Birague ne saurait passer pour être de la famille de la Cousine Bette, sa soeur cadette pourtant. Le plus clairvoyant critique n'aurait pu discerner, dans le Voeu d'une Morte, l'embryon de Germinal.
    Villemessant, malgré son coup d'oeil de maquignon de lettres, n'eut pas davantage de perspicacité, et ne sut pas deviner le grand crack futur de l'hippodrome littéraire, dans ce yearling débile.
    Après la publication de ce roman, dans l'Événement, organe disparu bientôt pour faire place au Figaro, devenu quotidien politique, le peu indulgent patron s'empressa de remercier l'auteur. Ce Zola était décidément un raté et «une vieille volaille». Donc, au rebut. Voilà encore une fois Zola au dépourvu, et, comme on dit, sur le pavé.
    Plus de journal, où le travail ponctuel et régulier a pour conséquence la rémunération sûre et à jour fixe, et plus d'emploi bureaucratique assurant l'existence. Il semblait avoir peu de chances de retrouver cette double sécurité, si difficilement acquise et si vite perdue. Notre jeune athlète ne se montra nullement découragé. Il était, il l'avait déjà prouvé, fortement armé pour la lutte quotidienne. L'espoir et la confiance en soi faisaient toujours partie de son bagage d'aventurier de la gloire.
    Économe et prévoyant, Zola, sur ses gains de l'Événement et du Figaro, avait pu prélever quelques billets de banque, prudemment mis de côté. Cette épargne lui permit de supporter avec philosophie ce congé forcé. Il le transforma en agréables vacances. Il assouvit un désir longtemps réfréné : les parties de campagne avec de bons camarades, le canotage sur la Seine, les courses dans la banlieue verdoyante, les déjeuners sous les tonnelles rencontrées au hasard des chemins de traverse, et les siestes avec de longs bavardages sur l'art et la littérature, à l'ombre des grands arbres, dans les agréables forêts qui font la ceinture agreste de Paris.
    Il avait la joie, dans ces villégiatures suburbaines et à bon marché, de se retrouver avec ses amis de Provence, ses condisciples du lycée d'Aix, ses correspondants de la première heure. Il les avait près de lui, à Paris, ceux avec qui il avait échangé ses impressions de jeune homme, et auxquels il avait adressé ses confidences initiales. Avec ceux-là seulement il consentait à bavarder, qui connaissaient ses rêves, ses ambitions, ses projets d'avenir et ses plans d'existence. Le peintre Cézanne, le mathématicien Baille, le journaliste Marius Roux, le poète Antony Valabrègue, le sculpteur Philippe Solari, tous méridionaux en rupture de Provence, venus, comme lui, pour conquérir Paris, se trouvaient ainsi rassemblés, dans la guinguette où l'on arrosait la friture dorée avec l'argenteuil clairet. Ce furent de bonnes causeries, de sincères épanchements, mêlés à des divagations, des éreintements injustes et des éloges disproportionnés. Ces «ballades» champêtres, en compagnie des mêmes copains exclusivement recherchés, tournèrent bien vite au cénacle, sous l'impulsion de Zola. Il avait le goût et le besoin du groupement. Il disait bien qu'il ne voulait pas être chef d'école, mais il faisait tout ce qu'il fallait pour le devenir. Il n'entendait cependant pas ouvrir son cénacle à tout venant. Il avait, au contraire, l'idée d'un cercle très fermé. Dès 1860, il formulait ce projet :
       Il m'est poussé, ces jours derniers, écrivait-il à Baille, une certaine idée dans la tête. C'est de former une société artistique, un club, lorsque tu seras à Paris ainsi que Cézanne. Nous serons quatre fondateurs... nous serons excessivement difficiles pour recevoir de nouveaux membres ; ce ne serait qu'après une longue connaissance du caractère et des opinions que nous les accepterions dans notre sein.
    Nos réunions, hebdomadaires par exemple, seraient employées à se communiquer les uns aux autres les pensées qu'on aurait eues, les remarques que l'on aurait faites durant la semaine ; les arts seraient, bien

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