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Emile Zola

Emile Zola

Titel: Emile Zola Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edmond Lepelletier
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dreyfusiste, si ses attaques, ses procès, ses condamnations ont fait sonner son nom, là où il n'avait que tinté faiblement, si, dans les masses politiciennes, on l'a prononcé désormais avec respect, ce nom qu'on accompagnait plutôt, auparavant, d'épithètes irrévérencieuses et injustes, s'il a cessé d'être méconnu par un public hostile qui ne l'avait pas lu, et par ouï-dire le considérait comme un réactionnaire et un pornographe, sa gloire ne s'en est pas sensiblement accrue.
    Les liseurs populaires ne sont pas venus en aussi grand nombre qu'on aurait pu le supposer. Les livres de Zola sont trop forts, je ne dis pas trop beaux, mais trop lyriques, pour le peuple. Ils sont d'une facture qui dépasse la faculté lisante de la plupart des lecteurs de romans-feuilletons. Ils manquent de l'intérêt dramatique et du mouvement que recherche cette clientèle. La description l'assomme. Elle la saute le plus souvent. Le lecteur ordinaire veut de l'action, des faits, des scènes vives, des coups de théâtre, des personnages tout d'une pièce, expliqués en deux lignes, aux portraits enlevés en quatre traits. La poésie des romans de Zola est au-dessus de l'intellect du populo, et sa philosophie, sa philanthropie et sa doctrine de l'amour régénérant l'humanité, lui donnant le bonheur sur terre, est à côté de la mentalité des classes, plus habituées à agir qu'à réfléchir, et surtout qu'à rêver. Le lyrisme et le socialisme de Zola ne sauraient éveiller la passion chez les foules, et plus d'un de ces lecteurs provoqués par le tapage de l'affaire Dreyfus, laissant tomber le livre, avec un bâillement, aura considéré son auteur, dans les deux sens, au figuré et au propre, ainsi qu'un endormeur.
    Quant à la classe plus éduquée, dédaigneuse des vulgarités du roman d'aventures et d'intrigues, le vrai public zoliste, l'Affaire, toujours Elle ! l'a dispersée, épouvantée. Il y a des milieux où l'on n'oserait plus ouvrir un roman de Zola. Cela passera, c'est certain, mais, au moins quant à présent, l'on peut dire que la popularité de l'auteur a subi un arrêt, et qu'il n'a pas encore bénéficié de la gloire sereine et quasi sur-terrestre de Victor Hugo.
    Combatif à l'excès, Zola aura été, de son vivant, excessivement combattu.
    Ses livres ont eu, pendant vingt-cinq ans, une vogue considérable, et ont beaucoup fait parler d'eux, de leurs personnages, de leur auteur. Mais il faut noter que quelques-uns se sont très peu vendus ; si l'on prend le débit commercial comme criterium de la renommée d'un écrivain, Zola a eu cette renommée intermittente et variable. Le public, qui achète, a paru faire tri, et établir une hiérarchie parmi ses divers romans. Ainsi, la Conquête de Plassans, l'oeuvre, l'Argent, la Joie de vivre, le Rêve, Son Excellence Eugène Rougon et la Fortune des Rougon y sont toujours restés loin du magnifique total d'éditions obtenu par les autres ouvrages.
    C'est la Débâcle, qui tient la tête avec 218 mille exemplaires (en 1907). Nana vient ensuite avec 204 mille. L'avance que ces deux livres ont sur tous les autres, et même sur l'Assommoir (157 mille), peut s'expliquer par le sujet, pour Nana, par l'actualité et les polémiques, pour la Débâcle. La vente n'a toutefois pas grand rapport avec l'art ; la supériorité d'une oeuvre ne tient pas au débit du papier ; le total des recettes ne saurait servir à un classement esthétique. Ces chiffres, précisant le goût du public, se modifieront probablement avec le temps. Il se produit, au cours des ans, de si profonds changements dans les appréciations littéraires. Il est à peu près certain que les lecteurs de la seconde moitié du XXe siècle ne se préoccuperont guère des théories du «Naturalisme» auxquelles Zola attachait si grande importance. On se demandera : le Naturalisme ? qu'est-ce que cela voulait bien dire exactement ? On peut même déjà se poser la question.
    Ethymologiquement, et logiquement aussi, ce terme devait signifier : retour à la nature. Le mot «réalisme» convenait peut-être mieux aux écrivains, qui se proposaient, comme Zola, de montrer l'humanité telle qu'elle était, et non pas telle qu'elle devrait être. On peut noter que, dans ses derniers ouvrages, Zola a pris le contre-pied du «naturalisme», puisque, dans Fécondité, Travail, Vérité, il dépeint une humanité idéale, des personnages hors nature, se mouvant dans des situations et dans des milieux,

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