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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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les soldats chauffer leurs baïonnettes dans les flammes puis les poser sur les pieds et les jambes du prisonnier. Après avoir supporté la douleur un certain temps, le vieux chef se redressa. D’après Conner, « [i]l a protesté vigoureusement et dit qu’il n’était pas un enfant pour qu’on joue avec lui de la sorte. Mais ses protestations n’ont pas duré. En effet, il avait tout juste ouvert la bouche que les deux sentinelles ont pointé leurs fusils sur lui et tiré presque en même temps ».
    Alors les soldats vidèrent leurs armes sur Mangas, qui était retombé en arrière. L’un d’eux le scalpa. L’autre lui coupa la tête, qu’il mit à bouillir pour faire fondre la chair, ce qui lui permettrait plus tard de vendre le crâne à un phrénologue de l’Est. Puis les gardes jetèrent le corps dans un fossé. Selon le rapport militaire, Mangas avait été abattu lors d’une tentative d’évasion.
    Après ces événements, explique Daniel Conner, « les Indiens partirent en guerre pour de bon (…). Ils paraissaient décidés à engager toutes leurs forces pour venger cette mort ».
    Du territoire chiricahua, dans l’Arizona, aux Mimbres Mountains du Mexique, Cochise et ses trois cents guerriers se lancèrent dans une campagne sans merci pour chasser ces hommes blancs sans parole. Et tant pis s’ils devaient pour cela perdre la vie. Avec une autre bande comprenant des Mescaleros échappés de Bosque Redondo, Victorio lança des raids sur des fermes et des pistes le long du Rio Grande, depuis le Jordano del Muerto jusqu’à El Paso. Pendant deux ans, de minuscules armées apaches mirent le Sud-Ouest entier en ébullition. La plupart des guerriers n’avaient pour tout armement que des arcs et des flèches, fragiles tiges de roseau longues d’un mètre et munies d’une empenne de trois plumes, avec en guise de pointe un quartz de deux centimètres et demi taillé en triangle. Maintenus en place par des encoches, et non des lanières, ces missiles devaient être manipulés avec précaution, mais quant ils atteignaient leur cible, leurs têtes s’y fichaient avec la puissance dévastatrice des balles minié (33) . Les Apaches se battirent vaillamment, mais à un contre cent, ils ne pouvaient guère espérer autre chose que la mort ou la prison.
    Après la fin de la guerre de Sécession et le départ du général Carleton, le gouvernement américain proposa aux Apaches de faire la paix. Le 21 avril, à la Lune-des-grandes-feuilles, Victorio et Nana rencontrèrent un représentant des États-Unis à Santa Rita. « Mon peuple et moi voulons la paix, déclara Victorio. Nous en avons assez de la guerre. Nous sommes pauvres et n’avons presque pas de nourriture ou de vêtements pour notre famille et nous. Nous voulons conclure une paix, une paix durable, qui se prolongera à jamais (…). J’ai lavé mes mains et rincé ma bouche à l’eau fraîche, et ce que j’ai dit est la vérité.
    — Vous pouvez nous faire confiance », ajouta Nana.
    La réponse de l’agent fut plutôt brève : « Ce n’est pas pour vous demander de faire la paix que je suis venu, mais pour vous dire que vous pourrez l’obtenir à condition de vous installer sur la réserve de Bosque Redondo. »
    Bosque Redondo, les Indiens en avaient beaucoup entendu parler, et toujours en termes négatifs. « Je n’ai pas de poche où mettre ce que tu as dit, commenta Nana d’un ton acerbe, mais tes paroles se sont logées au plus profond de mon cœur. Je ne les oublierai pas. »
    Victorio demanda un délai de deux jours avant de faire route vers la réserve ; il voulait rassembler son peuple et leurs mustangs. Il promit de retrouver l’agent le 23 avril à Pinos Altos.
    L’agent patienta quatre jours. Pas un seul Apache ne parut. Les Indiens avaient choisi la faim, les privations et la mort plutôt que d’aller à Bosque, ce lieu tant haï. Certains gagnèrent le Mexique tandis que d’autres rejoignaient Cochise dans les Dragoon Mountains. Après l’expérience malheureuse d’Apache Pass et le meurtre de Mangas, Cochise n’avait même pas répondu aux ouvertures de paix des Américains. Au cours des cinq années qui suivirent, les Apaches hostiles prirent garde de ne pas s’approcher des forts et ranchs américains. Mais dès qu’un rancher ou un mineur baissait la garde, une bande d’indiens venaient chez lui faire une descente et capturer ses chevaux ou son bétail. Ainsi se poursuivit la guérilla. En

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