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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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Mimbres Mountains. Il avait maigri, pris quelques rides, mais pouvait encore battre au tir des guerriers plus jeunes que lui d’un demi-siècle et rester à cheval plus longtemps qu’eux. Pendant qu’il se reposait dans ses chères montagnes, il apprit que Chef-Étoiles Carleton avait rassemblé les Mescaleros et les avait emprisonnés à Bosque Redondo. Les Tuniques Bleues traquaient les Apaches dans toute la région et les tuaient avec leurs canons-chariots comme ils avaient tué soixante-trois de leurs guerriers, à lui et à Cochise.
    À la saison des Fourmis-qui-volent (janvier 1863), Mangas était installé au bord de la Mimbres River. Il se demandait déjà depuis un certain temps comment obtenir la paix pour tous les Apaches avant sa mort. Il se souvint du traité qu’il avait signé à Santa Fé en 1852. Cette année-là, les Apaches et le peuple américain avaient conclu une paix et une amitié perpétuelles, qui n’avaient duré en fait que quelques années. À présent régnaient l’hostilité et la mort. Mangas souhaitait voir son peuple vivre à nouveau paisiblement. Il savait que même les plus braves et les plus rusés des guerriers, Victorio et Géronimo par exemple, ne pourraient venir à bout d’une puissance comme les États-Unis. Peut-être le moment était-il venu de conclure un nouveau traité avec les Américains et leurs soldats, désormais aussi nombreux que les fourmis volantes.
    Un jour, un Mexicain s’approcha du campement de Mangas avec un drapeau blanc. Il y avait tout près d’ici, dit-il, des soldats qui désiraient discuter de paix. Voilà qui constituait pour Mangas une nouvelle providentielle. Il aurait préféré négocier avec un grand chef, mais accepta tout de même de rencontrer le petit capitán , Edmond Shirland, du régiment des Volontaires de Californie. Les guerriers mimbreños l’avertirent du danger. Avait-il oublié ce qui était arrivé à Cochise quand il était allé rencontrer les soldats à Apache Pass ? Mangas traita leurs craintes avec dédain. Après tout, il était un vieil homme. Qu’avait-il à redouter des soldats, lui qui venait parler de paix ? Sur l’insistance des guerriers, il se fit accompagner d’une garde armée de quinze hommes qu’il avait choisis, et le petit groupe emprunta la piste qui montait vers le campement des soldats.
    Arrivés en vue, Mangas et ses compagnons demandèrent que le capitán se montre. Un mineur qui parlait espagnol se proposa pour escorter Mangas jusqu’au campement, mais les Apaches exigèrent que le capitaine Shirland hisse un drapeau blanc d’abord. La chose faite, Mangas ordonna à ses guerriers de faire demi-tour. Il entrerait seul. Protégé par le drapeau blanc, il ne risquait absolument rien. Il fit avancer son mustang vers le campement. Ses guerriers venaient tout juste de disparaître quand une dizaine de soldats surgirent des broussailles derrière lui, fusils armés et prêts à l’usage. Il était prisonnier.
    « Nous avons tout de suite emmené Mangas dans notre campement à Fort McLean », raconta par la suite Daniel Conner, l’un des mineurs qui voyageaient avec les Volontaires de Californie, « et quand nous sommes arrivés, le général West venait à notre rencontre avec ses officiers. Il est allé voir le prisonnier. Il avait l’air d’un pygmée à côté de Mangas, qui dépassait tout le monde en taille. Le vieux chef, qui paraissait très soucieux, a refusé de parler. De toute évidence, il se rendait compte qu’il s’était lourdement trompé en faisant confiance aux Visages-Pâles cette fois-ci. »
    Deux soldats furent chargés de surveiller Mangas. À la tombée de la nuit, le froid devenant de plus en plus mordant, ils allumèrent un feu. L’un des Volontaires de Californie, Clark Stocking, simple soldat, raconta plus tard avoir entendu le général Joseph West dire aux gardes : « Demain matin, je le veux mort ou vivant. Vous m’avez bien entendu : je le veux mort. »
    Ce soir-là, à cause de la présence des guerriers de Mangas dans les environs, on avait augmenté le nombre de sentinelles autour du campement. Peu avant minuit, Daniel Conner, mis à contribution pour garder le fort, remarqua que les soldats qui surveillaient Mangas ne le laissaient pas tranquille et que le vieux chef ne cessait de rentrer ses pieds sous ses couvertures. Intrigué, Conner se plaça à la limite du cercle de lumière créé par leur feu pour observer ce qui se passait. Il vit

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