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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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travailler ». S’il reconnaissait que les crédits n’étaient pas suffisants pour acheter de la nourriture dans les quantités prévues par le traité, il formula le souhait de voir le Bureau des Affaires indiennes finir l’année avec un déficit réduit, grâce à « une gestion rigoureuse » et à « une réduction des dépenses ». (Les chefs venus du Territoire Indien qui rencontrèrent Schurz à Washington se rendirent compte avec ébahissement qu’il ignorait pratiquement tout des Indiens. Ils le baptisèrent Mah-hah Ich-hon, Gros-Yeux, et s’étonnèrent qu’un homme pourvu d’organes de la vision aussi démesurés sache si peu de choses.)
    Avec l’arrivée des lunes chaudes, les moustiques commencèrent à envahir la réserve. Fièvres et frissons refirent leurs apparitions chez les Cheyennes du Nord. Comme si ces maux ne suffisaient pas, une épidémie de rougeole frappa les enfants. À la Lune-des-cerises-rouges, les cérémonies funéraires étaient devenues si nombreuses que Little Wolf décida d’aller affronter Miles avec les autres chefs. Dull Knife et lui se faisaient vieux – ils avaient vécu tous les deux plus d’un demi-siècle – et savaient que leur propre sort n’avait que peu d’importance. Mais il était de leur devoir de sauver les jeunes et la tribu elle-même de l’extinction pure et simple.
    Miles accepta de les rencontrer. Little Wolf prit la parole au nom de la tribu. « Depuis que nous sommes ici, nous mourons chaque jour un peu plus, déclara-t-il. Ce pays n’est pas bon pour nous. Nous voulons rentrer chez nous dans les montagnes. Si tu n’as pas le pouvoir de nous y autoriser, alors laisse-nous aller voir les gens de Washington pour leur expliquer ce qui se passe ici, ou bien demande-leur pour nous la permission de retourner dans le Nord.
    — Cela m’est impossible tout de suite, répondit l’agent. Attendez ici un an. Après, nous verrons ce que nous pouvons faire pour vous.
    — Non, fit Little Wolf d’un ton ferme. Nous ne pouvons pas rester une année de plus. C’est maintenant que nous voulons partir. D’ici un an, nous serons peut-être tous morts, et il ne restera plus personne pour rentrer. »
    Certains des jeunes braves demandèrent la permission de s’exprimer. « Ici, nous sommes malades, mourants, dit l’un d’eux, et personne ne dira nos noms quand nous serons partis.
    — Nous irons dans le Nord, quels que soient les risques, ajouta un autre, et si nous mourons au combat, nos frères se souviendront tous de nos noms et les chériront. »
    Au cours du mois d’août, une réunion entre chefs mit en évidence des dissensions au sein de la tribu. Craignant d’être poursuivis et tués par les Blancs, Standing Elk, Turkey Leg et quelques autres refusaient de rentrer dans le Nord. À leurs yeux, mieux valait mourir sur la réserve. Quant à Little Wolf, Dull Knife, Wild Hog et Left Hand, ils allèrent début septembre s’installer avec leurs bandes quelques kilomètres à l’écart des autres, afin d’être prêts à lever rapidement le camp le moment venu. Grâce au troc, ils obtinrent des mustangs et quelques vieux fusils dont les Cheyennes du Sud et les Arapahos consentaient à se séparer. Ils se dépouillèrent même d’objets auxquels ils tenaient tout particulièrement. Mais ils n’essayèrent pas de tromper l’agent, bien au contraire. Lorsque Little Wolf prit la décision de retourner dans le Nord à la Lune-où-l’herbe-sèche, il alla trouver Miles pour l’en informer. « Je ne veux pas que le sang coule sur cette réserve. Si tu as l’intention d’envoyer tes soldats à mes trousses, laisse-moi m’éloigner. Alors, si tu veux te battre, je t’attendrai plus loin, et nous pourrons faire couler des rivières de sang. »
    Visiblement, Miles ne voulut pas croire que les chefs dissidents se lanceraient dans un voyage aussi périlleux. Ils savaient tout comme lui que l’armée les arrêterait. L’agent prit tout de même la précaution d’envoyer Edmond Guerrier (le métis qui avait survécu au massacre de Sand Creek en 1864) au campement de Little Wolf afin d’avertir celui-ci.
    « Si vous partez, dit Guerrier à Little Wolf, vous vous exposez à de sérieux ennuis.
    — Nous ne cherchons pas les ennuis, répondit le chef, loin de là. Tout ce que nous voulons, c’est rentrer à l’endroit d’où nous venons. »
    Au cours de la nuit du 9 septembre, Little Wolf et Dull Knife ordonnèrent aux leurs de

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