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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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givre recouvrait l’herbe jaunie le matin, mais pour les Cheyennes, l’air frais était une bénédiction après ce long été étouffant dans le Territoire Indien. Au bout de six semaines de fuite, leurs vêtements et leurs couvertures étaient en lambeaux, la nourriture manquait et il restait si peu de chevaux que les hommes devaient aller à pied à tour de rôle.
    Une nuit, au campement, les chefs firent un bilan. Le groupe qui s’était sauvé du Territoire Indien comptait trente-quatre personnes de moins. Certaines s’étaient éparpillées pendant les combats et suivaient d’autres pistes vers le nord, mais la plupart avaient péri sous les balles des Blancs. Les vieillards s’étaient affaiblis, les enfants souffraient du manque de nourriture et de sommeil, et étaient pour la plupart hors d’état de poursuivre le voyage bien longtemps. De l’avis de Dull Knife, il fallait aller à l’agence de Red Cloud pour demander au chef oglala de la nourriture et un abri à l’approche des lunes froides. La tribu lui avait souvent prêté main-forte à l’époque où il se battait pour la vallée de la Powder. À présent, son tour était venu d’aider les Cheyennes.
    Little Wolf accueillit la suggestion avec mépris. Il avait l’intention de retourner au pays cheyenne, dans la vallée de la Tongue, là où ses frères et lui pourraient trouver de la viande et des peaux en abondance et vivre de nouveau comme de vrais Cheyennes.
    Finalement, les chefs trouvèrent un arrangement. Ceux qui désiraient aller dans la vallée de la Tongue n’avaient qu’à suivre Little Wolf, tandis que ceux qui ne se sentaient plus la force de voyager suivraient Dull Knife jusqu’à l’agence de Red Cloud. Le lendemain matin, cinquante-trois hommes, quarante-trois femmes et trente-huit enfants prirent la direction du nord avec Little Wolf tandis que cent cinquante personnes, dont quelques guerriers, mais surtout des vieillards, des enfants et des blessés se dirigeaient avec Dull Knife vers le nord-ouest. Après quelques discussions, Wild Hog et Left Hand partirent eux aussi avec ce second groupe, afin de rester avec leurs enfants, les dernières jeunes pousses du « Beau Peuple ».
    Le 23 octobre, alors que Dull Knife et ses compagnons ne se trouvaient qu’à deux nuits de Fort Robinson, une tempête de neige les surprit à découvert. Les lourds flocons les aveuglèrent, blanchirent les robes de leurs chevaux, et ralentirent leur progression. Tout d’un coup, tels des fantômes, une troupe de cavaliers émergea du blizzard. Les Cheyennes étaient encerclés.
    Le chef des soldats, le capitaine John B. Johnson, envoya un interprète. Vite, on convint de pourparlers. Dull Knife expliqua au capitaine qu’il ne cherchait pas les ennuis et voulait juste retrouver Red Cloud ou Spotted Tail afin que les siens puissent manger et s’abriter.
    Red Cloud et Spotted Tail étaient certainement partis plus au nord, dans le Dakota, répondit Johnson. Il n’y avait plus de réserve dans le Nebraska, mais Fort Robinson n’avait pas encore été fermé. C’est là que les soldats les emmèneraient.
    La nuit tomba rapidement. Les soldats établirent leur campement le long d’un ruisseau en laissant les Cheyennes sous bonne garde. Au cours de la nuit, les chefs exprimèrent leurs inquiétudes. Qu’est-ce que les soldats allaient faire d’eux ? Ils décidèrent que si jamais on leur demandait de remettre leurs armes, ils ne donneraient que celles qui étaient en mauvais état. Quant à leurs meilleurs fusils et pistolets, ils passèrent la nuit à les démonter. Cela fait, ils confièrent les canons aux femmes pour qu’elles les cachent sous leurs vêtements et accrochèrent ressorts, percuteurs, culasses, cartouches et autres petites pièces à des perles et des mocassins pour faire croire qu’il s’agissait d’éléments décoratifs. Le lendemain, comme il fallait s’y attendre, le capitaine Johnson ordonna à ses hommes de désarmer les Cheyennes. Les Indiens déposèrent alors leurs fusils et leurs pistolets endommagés, ainsi que leurs arcs et leurs flèches sur une petite pile, et le capitaine autorisa ses hommes à les emporter en souvenirs.
    Le 25 octobre, les Indiens arrivèrent à Fort Robinson, où on leur attribua un bâtiment de rondins construit pour une compagnie de soixante-quinze soldats. Certes, à cent cinquante, les Cheyennes se retrouvèrent un peu à l’étroit, mais ils étaient contents d’être

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