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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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renvoyés là d’où ils viennent, déclarait Sheridan, c’est tout le système des réserves qui verra sa stabilité menacée. » Schurz abonda dans le même sens : « Il faut ramener les Indiens sur leur réserve. »
    Comme c’était l’usage dans le Département de la Guerre, l’ordre devait être exécuté immédiatement, quel que soit le moment de l’année. Or, nous étions à la Lune-où-la-neige-rentre-dans-les-tipis, la saison des grands froids et des tempêtes de neige.
    « Le Grand Père veut-il donc notre mort ? demanda Dull Knife au capitaine Wessells. Si tel est le cas, nous mourrons ici même. Nous ne retournerons pas là-bas ! »
    Wessells répondit qu’il donnait aux Cheyennes cinq jours pour changer d’avis, durant lesquels ils devraient rester enfermés dans leur bâtiment, sans nourriture ni bois pour faire fonctionner le poêle.
    Ainsi, les Cheyennes passèrent cinq jours blottis les uns contre les autres, les mains et le visage gelés, buvant la neige grattée sur le rebord des fenêtres, sans rien d’autre à manger que les maigres restes des repas précédents.
    Le 9 janvier, Wessells convoqua Dull Knife et les autres chefs à son quartier général. Dull Knife refusa d’y aller, mais Wild Hog, Crow et Left Hand suivirent les soldats. Au bout de quelques minutes, Left Hand revint en courant, les poings menottés, poursuivis par des soldats. Avant d’être réduit au silence, il informa les prisonniers de ce qui s’était passé en criant pour être entendu. Wild Hog avait dit au capitaine que pas un Cheyenne ne retournerait dans le Sud, et Wessells avait ordonné qu’il soit mis aux fers. Wild Hog avait alors tenté de s’échapper en tuant des soldats, mais avait été maîtrisé.
    Au bout d’un moment, Wessells vint parler aux prisonniers à travers les fenêtres. « Laissez sortir les femmes et les enfants, ordonna-t-il, pour que leurs souffrances cessent.
    — Nous préférons mourir ici tous ensemble plutôt que d’être renvoyés dans le Sud », répondirent-ils.
    Wessells s’en alla. Alors, des soldats vinrent poser des chaînes et des barres de fer aux portes du bâtiment. La nuit tomba. La lumière de la lune sur la neige illuminait tout comme en plein jour. Les lames des baïonnettes des six gardes qui faisaient les cent pas, engoncés dans leurs manteaux à capuche, étincelaient.
    À l’intérieur, l’un des guerriers déplaça le poêle et souleva une lame de plancher. Dessous, se trouvaient cinq canons de fusils dissimulés à cet endroit dès le premier jour. Les Indiens récupérèrent les cartouches et les pièces d’armes qu’ils avaient cachées sur eux. Ils eurent vite fait de remonter leurs fusils et pistolets. Les jeunes braves peignirent leurs visages et revêtirent leurs plus belles tenues, tandis que les femmes entassaient des selles et des ballots sous chaque fenêtre afin que tout le monde puisse sortir d’un bond. Puis les guerriers qui visaient le mieux se postèrent près des ouvertures, chacun choisissant comme cible l’un des gardes.
    À 21 h 45 retentirent les premiers coups de feu. Au même instant, les Cheyennes défoncèrent les fenêtres et s’échappèrent tous ensemble. Ils s’emparèrent des fusils des gardes morts ou blessés et se ruèrent vers les rochers situés au-delà des limites du fort. Ils avaient dix minutes d’avance lorsque les cavaliers, certains en caleçons longs, se lancèrent à leur poursuite. Les guerriers formèrent une ligne défensive pour donner le temps aux femmes et aux enfants de traverser un ruisseau. Comme ils n’avaient que peu d’armes, ils reculaient dès qu’ils avaient tiré. Les soldats, de plus en plus nombreux, se déployèrent en éventail, faisant feu sur les Indiens, dont les silhouettes se détachaient sur la neige. Au cours de la première heure des combats, la moitié des guerriers périrent. Alors, les soldats rattrapèrent les femmes et les enfants et en tuèrent un grand nombre sans même leur donner le temps de se rendre. Parmi les victimes figurait la propre fille de Dull Knife.
    Quand le jour se leva, les soldats ramenèrent soixante-cinq Cheyennes, dont vingt-trois blessés, à Fort Robinson. Seuls trente-huit des fuyards leur avaient échappé, dont trente-deux se dirigeaient vers le nord, poursuivis par quatre compagnies de cavalerie et une batterie d’obusiers de montagne. Les six autres se cachaient parmi les rochers à quelques kilomètres seulement du

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