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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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des terres irriguées le long de la Gila River. Grâce à son opiniâtreté, il avait forcé les soldats à se retirer de l’immense réserve de White Mountain et les avait remplacés par une compagnie d’Apaches chargés du maintien de l’ordre chez eux. Il avait également établi un système de tribunaux apaches pour juger les auteurs de délits. Ses supérieurs avaient beau se méfier de sa volonté peu orthodoxe de laisser les Indiens prendre leurs propres décisions, ils ne pouvaient nier le fait qu’il avait réussi à maintenir la paix à San Carlos.
    Le 3 mai 1876, Clum reçut un télégramme du commissaire aux Affaires indiennes lui ordonnant de se rendre à l’agence chiricahua pour prendre en charge les Indiens qui y vivaient, décharger de ses fonctions l’agent Jeffords, et installer les Chiricahuas à San Carlos. Cette tâche odieuse ne lui inspira aucun enthousiasme. Il doutait que les Chiricahuas puissent s’adapter à la vie bien encadrée de White Mountain, eux qui tenaient tant à leur liberté. Il exigea que les cavaliers de l’armée restent à bonne distance, puis entra avec ses policiers indiens dans la réserve d’Apache Pass afin d’informer les Chiricahuas qu’ils allaient devoir partir. À sa grande surprise, Taza et Jeffords se montrèrent plutôt coopératifs. Comme son père, Cochise, Taza tenait à la paix. Si pour la maintenir il fallait vraiment que les Chiricahuas quittent leur terre natale, alors ils le feraient. Pourtant, seule la moitié de la tribu prit le chemin de White Mountain. Lorsque l’armée pénétra sur la réserve pour rassembler les récalcitrants, la plupart gagnèrent le Mexique. L’un des chefs des fuyards était un Apache Bedonkohe de quarante-six ans qui s’était allié dans sa jeunesse avec Mangas Coloradas avant de suivre Cochise et de se considérer comme un Chiricahua. Il s’appelait Goyathlay, mais les Blancs le connaissaient sous le nom de Géronimo.
    Même si les Chiricahuas qui allèrent de leur plein gré à San Carlos n’éprouvaient pas pour l’agent Clum les mêmes sentiments chaleureux que certaines des autres bandes apaches, ils ne lui causèrent aucun problème. À la fin de l’été 1876, lorsque Clum obtint de la part du Bureau des Affaires indiennes la permission d’emmener vingt-deux Apaches dans l’Est, il proposa à Taza de se joindre au groupe. Malheureusement, alors qu’ils visitaient Washington, Taza contracta une pneumonie et mourut brutalement. Il fut incinéré au cimetière du Congrès. À son retour à San Carlos, il dut faire face aux reproches de Naiche, l’un des jeunes frères de Taza. « Tu as pris mon frère, lui dit Naiche. Il se portait bien, était robuste, mais tu es revenu sans lui, et tu dis qu’il est mort. Moi, je ne sais pas. Je crois que tu t’es mal occupé de lui. Tu as laissé les mauvais esprits des Visages-Pâles le tuer. Il y a une grande douleur dans mon cœur. »
    Clum demanda à Eskiminzin de raconter à Naiche la mort de Taza et son incinération, pensant ainsi le rassurer. Mais les Chiricahuas restaient méfiants. Taglito Jeffords n’était pas là pour les conseiller, et ils ne savaient pas jusqu’où ils pouvaient se fier à John Clum, ou à un Blanc quel qu’il soit.
    Au cours de l’hiver 1876-1877, ils apprirent lors de visites discrètes de leurs frères du Mexique ce qui se passait de l’autre côté de la frontière, notamment que grâce à des raids contre leurs vieux ennemis les Mexicains, Géronimo et sa bande possédaient désormais des troupeaux de plus en plus grands. Au printemps, Géronimo vint au Nouveau-Mexique avec le bétail et les chevaux volés, les vendit à des fermiers blancs, puis acheta des armes, des chapeaux, des bottes et une bonne quantité de whisky. Sa bande de Chiricahuas s’installa dans un endroit discret près de leurs cousins, les Mimbres de l’agence Ojo Caliente, dont le chef était Victorio.
    En mars 1877, John Clum reçut de Washington l’ordre de se rendre avec ses policiers apaches à Ojo Caliente pour transférer les Indiens qui s’y trouvaient à San Carlos. Il devait en outre arrêter Géronimo ainsi que tous les autres Chiricahuas « renégats » qu’il trouverait dans les parages.
    Voici le récit que Géronimo fit plus tard des événements : « Deux compagnies d’éclaireurs sont parties de San Carlos. Victorio et moi devions, d’après les soldats, venir en ville. Les messagers n’ont pas précisé ce qu’on

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