Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
Vom Netzwerk:
vivre comme eux – devenir fermiers, travailler dur et faire comme eux – et les Indiens ne savaient pas comment, et ne le voulaient pas de toute manière… Si les Indiens avaient voulu forcer les Blancs à vivre à leur manière, ils auraient résisté. C’était la même chose pour de nombreux Indiens.
    Wamditanka (Big Eagle), Sioux Santee
    Pendant que la guerre civile entre les Blancs faisait rage, les Sioux Santees, qui occupaient un territoire à plus de 1 600 kilomètres au nord du pays navajo et étaient divisés en quatre sous-groupes – les Mdewkantons, les Wahpetons, les Wahpekutes et les Sissetons, avaient vu leurs terres leur échapper à jamais. Ils habitaient dans les forêts, tout en conservant des liens étroits avec leurs frères de sang de la prairie, les Yanktons et les Tetons, avec lesquels ils partageaient la même fierté tribale, et se considéraient comme le « peuple du bout du monde », les gardiens de la frontière du domaine des Sioux.
    Au cours des dix années qui précédèrent la guerre de Sécession, plus de cent cinquante mille colons blancs étaient venus s’établir sur leur territoire, enfonçant ainsi le flanc gauche de la prétendue « frontière indienne permanente ». À la suite de deux traités trompeurs, les Sioux des forêts avaient cédé les neuf-dixièmes de leurs terres et se retrouvaient confinés dans une bande étroite le long de la Minnesota River. Dès le début, agents et négociants qui rôdaient autour d’eux tels des oiseaux de proie leur avaient volé la quasi-totalité des annuités contre lesquelles ils avaient été persuadés de céder leurs terres.
    Si l’on en croit le témoignage de Big Eagle : « [B] eaucoup de Blancs exploitaient les Indiens et les malmenaient. Peut-être avaient-ils des excuses, mais ce n’est pas ainsi que les Indiens voyaient les choses. Les Blancs étaient nombreux à donner l’impression par leurs façons de se comporter avec un Indien qu’ils se croyaient supérieurs, et les Indiens n’aimaient pas cela. C’était excusable, sauf que les Dakotas [les Sioux] étaient persuadés qu’il n’y avait pas au monde meilleurs hommes qu’eux. Puis certains des Blancs ont abusé des femmes indiennes et les ont déshonorées, et ça, c’était inexcusable. Pour toutes ces raisons, nombre d’indiens se sont mis à détester les Blancs. »
    Au cours de l’été 1862, les choses s’envenimèrent entre les Santees et les Blancs. Le gibier avait quasiment disparu de la réserve, et lorsque les Indiens traversaient leurs anciens territoires de chasse, désormais peu à peu colonisés par les Blancs, il y avait souvent du grabuge. Pour la seconde année consécutive, les récoltes étaient médiocres, contraignant de nombreux Santees à demander aux négociants de l’agence indienne des vivres à crédit. Les Santees détestaient le système de crédit parce qu’ils n’avaient aucun contrôle sur les comptes. Lorsque les annuités versées par Washington arrivaient, les négociants étaient prioritaires et se faisaient verser par les agents du gouvernement les sommes qui leur étaient prétendument dues. Certains Santees avaient appris à tenir les comptes, mais même lorsque le montant de leurs dettes était, selon leurs propres calculs, largement inférieur à ce que les négociants affirmaient, les agents du gouvernement n’en tenaient pas compte.
    Les événements de l’été 1862 donnèrent à Ta-oya-te-duta (Little Crow) de bonnes raisons d’être furieux contre les négociants. Little Crow était l’un des chefs des Mdewkantons, comme l’avaient été son père et son grand-père avant lui. Il avait soixante ans et portait toujours des vêtements à manches longues pour cacher ses bras et ses poignets, marqués par des blessures mal guéries qui lui avaient été infligées au cours de batailles dans sa jeunesse. Little Crow avait signé les deux traités à cause desquels les Indiens avaient été dépouillés de leurs terres et de l’argent promis en échange. Il s’était rendu à Washington pour rencontrer le Grand Père, le président Buchanan. Il avait troqué son pagne et sa couverture pour une paire de pantalons et une veste à boutons dorés, était devenu membre de l’Église épiscopalienne, avait construit une maison et commencé à exploiter une ferme. Mais cet été-là, sa désillusion se transforma en colère.
    En juillet, plusieurs milliers de Santees s’étaient rassemblés à Upper

Weitere Kostenlose Bücher