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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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Agency, l’agence de l’amont, sur la Yellow Medicine River, pour percevoir les annuités qui leur étaient dues en vertu des traités et qu’ils comptaient échanger contre des vivres. Or, l’argent n’était pas là. D’après la rumeur, le Grand Conseil (c’est-à-dire le Congrès) de Washington avait dépensé tout son or dans la grande guerre entre les Blancs et ne pouvait rien envoyer aux Indiens. Comme leur peuple criait famine, Little Crow et quelques autres chefs allèrent voir l’agent Thomas Galbraith et lui demandèrent pourquoi ils ne pouvaient rien obtenir de l’agence, dont l’entrepôt regorgeait de provisions. Galbraith répondit qu’il n’était pas en mesure de faire quoi que ce soit tant que l’argent n’était pas arrivé, puis posta une centaine de soldats autour de l’entrepôt. Le 4 août, cinq cents Santees encerclèrent les soldats tandis que d’autres forçaient les portes de l’entrepôt et en ressortaient chargés de sacs de farine. Au lieu de faire tirer sur eux, le chef des soldats blancs, un certain Timothy Sheehan, ému par leur sort, persuada l’agent Galbraith de leur donner du porc et de la farine et d’attendre que l’argent soit arrivé pour se faire payer. Les Indiens s’en allèrent paisiblement, sauf Little Crow, qui resta jusqu’à ce que l’agent promette de fournir la même quantité de nourriture aux Santees qui dépendaient de Lower Agency, à une cinquantaine de kilomètres en aval, à Redwood.
    Galbraith le fit attendre plusieurs jours, avant de convenir d’une rencontre à Redwood, non loin du village de Little Crow, le 15 août. Le jour dit, tôt le matin, Little Crow arriva, accompagné de plusieurs centaines de Mdewkantons affamés. Ils eurent vite fait de comprendre que Galbraith et les quatre négociants de Lower Agency n’avaient nullement l’intention de leur fournir les vivres conservés dans leur entrepôt avant l’arrivée de l’annuité.
    Furieux de constater qu’une fois de plus les Blancs ne tenaient pas leurs promesses, Little Crow se leva, regarda Galbraith droit dans les yeux et déclara, au nom de son peuple : « Nous avons attendu longtemps. L’argent est à nous, mais nous ne pouvons pas le toucher. Nous n’avons rien à manger, et pourtant il y a là des entrepôts remplis de vivres. Nous exigeons que toi, l’agent, fasses en sorte que nous puissions prendre de la nourriture dans les entrepôts, faute de quoi nous agirons. Lorsque des hommes sont affamés, ils se servent. »
    Sans même répondre, Galbraith se tourna vers les négociants et leur demanda ce qu’ils comptaient faire. Andrew Myrick répondit sur un ton méprisant : « En ce qui me concerne, s’ils ont faim, qu’ils mangent de l’herbe ou leurs propres excréments. »
    Les Indiens restèrent un instant silencieux. Puis, poussant des cris de colère, ils se levèrent comme un seul homme et quittèrent le conseil.
    Les paroles d’Andrew Myrick provoquèrent la fureur de tous les Santees. Mais pour Little Crow, ces mots rouvraient des blessures qui n’étaient pas cicatrisées. Pendant des années, il s’était efforcé de respecter les traités, de suivre les conseils des Blancs et d’amener son peuple à adopter leurs us. À présent, il avait perdu sur tous les plans. Sa tribu commençait à douter de lui et à le rendre responsable de ses malheurs. Et maintenant, négociants et agents se retournaient contre lui. Quelque temps auparavant, les Mdewkantons de Lower Agency l’avaient accusé de les trahir en signant des traités qui entraînaient la perte de leurs terres. D’ailleurs, ce n’était pas lui qu’ils avaient élu comme porte-parole, mais Traveling Hail. Si Little Crow était parvenu à persuader l’agent Galbraith et les négociants de donner des vivres à son peuple, il aurait regagné leur respect. Hélas, il avait échoué.
    Autrefois, il aurait pu reprendre sa position de chef en faisant la guerre. Or, il s’était engagé par les traités à ne pas mener d’actions hostiles contre les Blancs et les autres tribus indiennes. Mais pourquoi les Américains parlaient-ils tant de paix entre eux-mêmes et les Indiens, ou entre tribus indiennes, alors qu’ils livraient une guerre tellement acharnée aux Tuniques Grises qu’il ne leur restait même plus suffisamment d’argent pour régler leurs dettes aux Santees ? Little Crow savait que certains des jeunes hommes de sa tribu parlaient ouvertement de faire la guerre contre

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