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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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chanceler, Manuelito déclara qu’il se rendrait pour sauver les femmes et les enfants, avant d’ajouter qu’il fallait lui laisser trois mois pour s’occuper de ses troupeaux, puis finalement de déclarer d’un ton ferme qu’il ne quitterait pas son pays.
    « Mon dieu et ma mère vivent sur cette terre, et jamais je ne les quitterai. La tradition de mon peuple veut que jamais nous ne franchissions les trois rivières – le Rio Grande, la San Juan River et la Colorado River. De même, je ne pourrai jamais quitter les Chuska Mountains. C’est ici que je suis né, ici que je demeurerai.
    Je n’ai rien d’autre à perdre que ma vie. Et ils peuvent venir me la prendre quand ils veulent, je ne bougerai pas. Je n’ai jamais fait aucun tort aux Américains ou aux Mexicains. Je n’ai jamais volé. En me tuant, les soldats feront couler du sang innocent. » « J’ai fait tout ce que j’ai pu pour toi, je t’ai donné les conseils les plus sages. Maintenant je vais te quitter, et c’est comme si ta tombe était déjà creusée   », répondit Herrero Grande.
    Quelques jours plus tard, à Santa Fé, Herrero Grande informa le général Carleton du défi que lui lançait Manuelito. En guise de réponse, Carleton donna au commandant de Fort Wingate un ordre brutal : « À ce que je comprends, si Manuelito (…) pouvait être capturé, sa bande se rendrait, sans nul doute ; et si vous pouviez prendre quelques dispositions avec les Indiens du village zuni où il vient souvent en visite ou pour faire du troc, ils participeraient avec vous à sa capture (…). Faites votre possible pour attraper Manuelito. Qu’il soit mis aux fers et étroitement surveillé. En l’attrapant ou en le tuant sur-le-champ, nous épargnerons ceux qui sont sous sa domination. Je préférerais qu’il soit capturé. Mais s’il tente de s’échapper, alors il sera abattu. »
    Mais Manuelito était trop intelligent pour tomber dans le piège tendu par Carleton à Zuni. Le printemps et l’été 1865 passèrent sans qu’il soit capturé. À la fin de l’été, Barboncito et plusieurs de ses guerriers s’enfuirent de Bosque Redondo. Ils se trouvaient désormais, disait-on, à Sierra del Escadello, un territoire apache. Les Navajos qui s’échappaient de la réserve étaient si nombreux que Carleton fit installer des postes de garde permanents sur un rayon de 65 kilomètres autour de Fort Sumner. En août, le général donna ordre au commandant du poste d’abattre tout Navajo trouvé hors de la réserve sans laissez-passer.
    En automne 1865, lorsque les récoltes de Bosque Redondo furent de nouveau mauvaises, l’armée distribua aux Navajos de la farine et du lard qu’on avait jugés trop mauvais pour les soldats. Le taux de mortalité recommença à grimper, ainsi que le nombre de tentatives d’évasion.
    En dépit des critiques qui lui étaient ouvertement adressées au sujet des conditions de vie des Indiens à Bosque Redondo, le général Carleton n’en continua pas moins de traquer les Navajos. Enfin, le 1 er  septembre 1866, le chef qu’il voulait capturer plus que tout autre – Manuelito – fit son entrée dans Fort Wingate en boitillant, accompagné de vingt-trois guerriers épuisés, et se rendit. Lui et ses compagnons étaient émaciés et vêtus de guenilles. Ils n’avaient plus ni arcs, ni flèches, même s’ils portaient toujours autour de leurs poignets des bandes de cuir pour se protéger du frottement des cordes. L’un des bras de Manuelito, blessé, pendait, inerte. Peu après, Barboncito arriva avec vingt et un compagnons et fit reddition pour la seconde fois. C’était la fin des chefs de guerre.
    L’ironie de la chose, c’est que dix-huit jours seulement après la reddition de Manuelito, le général Carleton fut démis de ses fonctions de gouverneur militaire du Nouveau-Mexique. La guerre de Sécession, qui avait amené Chef-Étoiles Carleton au pouvoir, était terminée depuis plus d’un an, et les habitants du Nouveau-Mexique s’étaient lassés de lui et de ses airs pompeux.
    Lorsque Manuelito arriva à Bosque, la réserve avait un nouveau directeur, A. B. Norton. Celui-ci, après avoir examiné le sol, le déclara impropre à la culture de céréales à cause de la présence d’alcali. « L’eau est noire, saumâtre et pratiquement impossible à boire tant elle est mauvaise. Les Indiens jugent qu’elle est dangereuse pour la santé, parce qu’un quart de leur population a été

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