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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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officier qu’ils appellent Hancock, dit Roman Nose à Bull Bear. Je vais le tuer devant ses propres hommes. Cela leur donnera une bonne raison de se battre. »
    Bull Bear s’efforça de répondre avec mesure. Les soldats, souligna-t-il, étaient cinq fois plus nombreux qu’eux ; ils étaient équipés de fusils qui tiraient vite et de canons ; leurs chevaux, bien nourris, étaient gras et avaient le poil luisant, tandis que les mustangs indiens pris par les femmes et les enfants pour fuir étaient affaiblis par un hiver entier sans manger d’herbe. Si jamais il y avait une bataille, les soldats pourraient les rattraper sans aucune difficulté et tous les tuer.
    Quelques minutes plus tard, les Indiens virent arriver la colonne et surent, en les voyant former une ligne, que les soldats les avaient repérés. Derrière-Dur Custer déploya ses cavaliers, qui fondirent sur les Indiens sabre au clair.
    Roman Nose fit calmement signe aux guerriers de s’arrêter, puis leva son drapeau blanc. Alors, les soldats ralentirent l’allure, avant de s’arrêter à une centaine de mètres des Indiens. Drapeaux et fanions des deux camps claquaient dans le vent. Au bout de quelques minutes, les Indiens virent Grand-Chef Wynkoop s’avancer seul. « Ils ont entouré mon cheval, devait raconter par la suite Wynkoop, en exprimant leur joie de me voir ici et en disant qu’à présent, ils savaient que tout allait bien, qu’on ne leur ferait pas de mal (…). J’ai conduit leurs chefs à mi-chemin entre les deux lignes. Là, ils ont retrouvé le général Hancock avec ses officiers et les états-majors. »
    Roman Nose s’approcha des officiers ; trônant sur son mustang, il regarda Vieil-Homme-Tonnerre droit dans les yeux.
    « Veux-tu la guerre ou la paix ? lui demanda Hancock d’un ton sec.
    — Nous ne voulons pas la guerre, répondit Roman Nose. Sinon, nous ne nous approcherions pas ainsi de tes gros canons.
    — Pourquoi n’es-tu pas venu au conseil à Fort Larned ?
    — Mes mustangs sont faibles, et ceux qui viennent me voir ne me racontent jamais la même chose sur tes intentions. »
    Tall Bull, Gray Beard et Bull Bear, inquiets de voir Roman Nose agir si calmement, s’étaient approchés. Prenant la parole, Bull Bear dit au général que ses soldats ne devaient pas s’approcher davantage du village indien. « Nous n’avons pas pu retenir nos femmes et nos enfants, expliqua-t-il. Apeurés, ils se sont enfuis et ne reviendront pas. Ils craignent les soldats.
    — Faites-les revenir, ordonna Hancock sèchement. J’y compte. »
    Au moment où Bull Bear se détournait en exprimant sa frustration, Roman Nose lui demanda à voix basse de regagner avec les chefs la ligne des guerriers indiens. « Je vais tuer Hancock », ajouta-t-il. Bull Bear s’empara de sa bride et le tira vers le côté en l’avertissant que cela signifierait sans aucun doute la mort pour toute la tribu.
    Le vent avait fraîchi, soulevant le sable et rendant toute conversation difficile. Hancock exigea des chefs qu’ils partent immédiatement à la recherche de leurs femmes et enfants et les ramènent, puis annonça la fin du conseil.
    Les chefs prirent docilement la direction qu’avaient suivie les femmes et les enfants, mais ils ne les firent pas revenir. D’ailleurs, eux-mêmes ne revinrent pas. De plus en plus furieux, Hancock attendit un jour, puis deux. Enfin, il ordonna à Custer de se lancer avec la cavalerie à la poursuite des Indiens et à l’infanterie de pénétrer le campement abandonné. Les soldats procédèrent à un inventaire méthodique des tipis et de leur contenu – avant de tout brûler. Deux cent cinquante et un tipis, neuf cent soixante-deux tuniques en peau de bison, quatre cent trente-six selles, des centaines de parflèches (21) , de lassos, de tapis, d’ustensiles de cuisine et d’objets de la vie courante partirent en fumée. Les soldats détruisirent tout ce que les Indiens possédaient, à part les mustangs qu’ils chevauchaient et les couvertures et les vêtements qu’ils avaient sur le dos.
    Partout dans les plaines, les Dog-Soldiers et leurs alliés sioux laissèrent libre cours à leur colère et leur frustration suite à la destruction de leurs villages. Ils attaquèrent des stations de diligence, arrachèrent les fils du télégraphe, s’en prirent à des camps d’ouvriers construisant le chemin de fer et provoquèrent l’arrêt de la circulation sur la route de la Smoky Hill. La

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