Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890
compagnie de diligences Overland Express donna à ses agents les instructions suivantes : « Si des Indiens s’approchent à portée de vos fusils, tirez-leur dessus. Ne leur témoignez aucune pitié car ils n’en auront pas pour vous. Le général Hancock vous protégera, vous et vos biens. » Ainsi, Hancock avait précipité par bêtise cette même guerre qu’il avait pour mission d’empêcher. Et Custer eut beau aller de fort en fort à la recherche des Indiens, il n’en trouva aucun.
« J’ai le regret de vous dire que l’expédition du général Hancock n’a débouché sur rien de bon et que, bien au contraire, elle a provoqué beaucoup de mal », écrivit Thomas Murphy, le Surintendant aux Affaires indiennes, au Commissaire Taylor.
Comme Moustaches-Noires Sanborn en informa le Secrétaire à l’Intérieur : « [L]es opérations du général Hancock ont tellement nui à l’intérêt public, et me semblent en même temps si inhumaines, que j’estime être en droit de vous faire part de mon opinion à ce sujet (…). Qu’une nation puissante comme la nôtre livre une guerre contre une poignée de nomades dépenaillés est, en de telles circonstances, un spectacle des plus humiliants, une injustice sans pareille, un crime national révoltant qui, tôt ou tard, attirera sur nous et sur nos biens le jugement divin. »
Le point de vue de Sherman, tel qu’il l’exprima dans son rapport au Secrétaire à la Guerre, Stanton, était fort différent. « Mon opinion est que si l’on autorise cinquante Indiens à occuper la région entre l’Arkansas et la Platte, il faudra à chaque relais de diligence, à chaque train et à chaque chantier de construction de la voie ferrée une garde armée. En d’autres termes, cinquante Indiens hostiles peuvent tenir en échec trois mille soldats. Mieux vaut les chasser dès que possible, et peu importe qu’ils soient persuadés de partir ou tués. »
Sherman se laissa toutefois convaincre par les autorités gouvernementales d’essayer la manière douce en constituant une commission pour la paix. Il fit donc appel pendant l’été 1867 à Taylor, Henderson, Tappan, Sanborn, Barney et Terry – ceux-là mêmes qui devaient plus tard, en automne, tenter de faire la paix avec Red Cloud à Fort Laramie (voir le chapitre précédent). Hancok fut rappelé et ses soldats répartis dans les forts qui jalonnaient les pistes.
Le nouveau plan de paix des Plaines du Sud s’adressait non seulement aux Cheyennes et aux Arapahos, mais également aux Kiowas, aux Comanches et aux Apaches de la Prairie. Il était prévu que les cinq tribus s’installeraient sur une grande réserve au sud de l’Arkansas River, et que le gouvernement leur fournirait des troupeaux et leur apprendrait l’agriculture.
Medicine Lodge Creek, qui se trouvait à une centaine de kilomètres au sud de Fort Larned, fut choisi comme site du conseil de paix, prévu pour le début du mois d’octobre. Pour s’assurer que tous les chefs importants seraient présents, le Bureau des Affaires indiennes constitua un stock de présents à Fort Larned et dépêcha auprès des Indiens des messagers soigneusement choisis, parmi lesquels George Bent, employé à présent par Wynkoop à titre d’interprète. Il parvint sans difficulté à persuader Black Kettle de venir. Little Raven, le chef arapaho, et le Comanche Ten Bears étaient également prêts à se rendre à Medicine Lodge Creek. Mais dans les campements des Dog-Soldiers, Bent se heurta à la réticence des chefs. Leurs démêlés avec Vieil-Homme-Tonnerre les incitaient à se méfier des rencontres avec les chefs des soldats. Roman Nose déclara simplement qu’il n’irait pas à Medicine Lodge Creek si Sherman s’y trouvait.
Bent savait, comme les envoyés de Washington d’ailleurs, que Roman Nose constituait l’élément clé de tout accord de paix avec les Cheyennes. Plusieurs centaines de guerriers venus de toutes les sociétés guerrières cheyennes lui avaient prêté allégeance. S’il refusait de signer le traité, ce dernier n’aurait aucune valeur pour instaurer la paix dans le Kansas. C’est certainement sur la suggestion de Bent qu’Edmond Guerrier fut choisi pour aller rendre visite à Roman Nose et le persuader de venir à Medicine Lodge Creek, ne serait-ce que pour une discussion préliminaire. Guerrier, un survivant du massacre de Sand Creek, était marié à la sœur de Bent ; l’épouse de Roman Nose était sa
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